Syrie : témoignage sur les crucifiés de Maaloula

Paru le 02 mai 2014

[Mis à jour, 3/05/14] — Le petit village de Maaloula, en Syrie, devient malgré lui le symbole des violences envers les minorités chrétiennes perpétrées par différentes composantes de la rébellion syrienne. Enlèvement, exécutions, crucifixions : rien ne semble être épargné aux habitants de cette ville aux trois quarts chrétienne.

Récemment, une religieuse réfugiée en France, sœur Raghida, a témoigné lors de la nuit des témoins de l'AED. Son témoignage est une profession d'espérance, mais donne un éclairage cruel sur cet aspect peu commenté de la guerre civile syrienne.

Les chrétiens particulièrement ciblés

La Syrie déchirée n'est plus le pays sur qu'elle était auparavant pour les chrétiens. La ville de Maaloula a été prise successivement par les forces loyalistes et les rebelles. Ces derniers ont commis des crimes particulièrement cruels sur les habitants, du seul fait de leur religion. Le récit de Sœur Raghida parle de lui-même.

"Si vous voulez des exemples, à Maaloula, ils ont crucifié deux jeunes gens parce qu’ils n’ont pas voulu dire la chahada [la profession de foi musulmane - ndlr] Ils disent « alors, vous voulez mourir comme votre maître en qui vous croyez. Vous avez le choix : soit vous dites la chahada, soit vous êtes crucifiés ». Et bien non, on sera crucifié. Il y en a un qui a été crucifié devant son papa. On a même tué son papa.

Ce qui s’est passé par exemple à Abra, dans la zone industrielle, dans la banlieue de Damas. Au fur et à mesure où on entrait dans la ville, on commençait à tuer les hommes, les femmes et les enfants. Et après le massacre, on prenait les têtes et on jouait au foot avec leurs têtes.

La détresse des chrétiens d'Orient

Le patriarche Grégoire III dénonçait ce 25 avril « l’indifférence criminelle avec laquelle le monde occidental, sous le faux prétexte de défendre la démocratie, continue d’assister à ce spectacle de destruction » tout en soutenant en sous main les rebelles. La destruction de la ville n'a pas été faite pour des raisons militaires, mais bien dans la seule volonté de détruire et de piller.

La Syrie continue de s'enfoncer dans la violence quotidienne. Alors que l'élection présidentielle est prévue dans un mois, les attentats se multiplient. L'issue de la fin de la guerre semble de plus en plus incertaine et lointaine.

"Moi, j'ai pleuré"

Lors de la messe qu’il a célébrée vendredi 2 mai en la chapelle de la résidence Sainte-Marthe, au Vatican, le pape a confié avoir pleuré lorsqu’il a appris que des jeunes chrétiens avaient été crucifiés : « Moi, j’ai pleuré lorsque j’ai appris par les médias » la nouvelle « des chrétiens crucifiés dans un certain pays non chrétien », a dit le pape au cours de son homélie.

F. de L.

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