Nous sommes tous de pauvres pécheurs ;
mais il est vrai que nous ne trouvons pas toujours un soutien fort et visible
de certains pasteurs évêques à leurs fidèles dans ce combat pour le respect de
la famille et de la vie.
Le coup de gueule du père Daniel-Ange
aux évêques
"Nous, pasteurs, prêtres,
évêques, petits bergers d’un peuple confié à nos cœurs de pères, serons-nous
interpellés par les questions que nous pose paisiblement et non sans humour,
cette nouvelle génération baptismale ?
Étrange : Vous ne cessez de
pousser vos fidèles à s’engager résolument en politique, à être actifs dans la
société, à s’immerger dans les combats du monde, à s’investir dans la
construction d’un monde plus juste et fraternel, à se responsabiliser dans
l’actualité [1].
Et voici des jeunes adultes par
centaines de mille, prenant à bras le corps les conséquences d’un projet
prométhéen de révolutionner l’humanité, allant jusqu’à se présenter aux
élections secouant le monde politique. Et devant une réponse aussi massive à vos appels,
vous n’en exulteriez pas de reconnaissance ?
Vous ne cessez de lancer des appels —
parfois désespérés — aux jeunes, à leur créativité, générosité, dévouement. Et
voilà des jeunes par milliers se donnant sans compter, se dévouant jour et
nuit, ne calculant ni leur temps, ni leurs forces, ni leurs sous [2]. Et vous
feriez la fine bouche ? « Ah !! mais ce n’est pas à ce genre de
jeunes et d’actions que nous pensions. »
Vous ne cessez d’appeler à
évangéliser tous azimuts, de crier l’Évangile par la parole et par l’action. Et
voici la plus fantastique des évangélisations. L’Évangile de la vie, de
l’amour, de la famille, et de leur indicible beauté, clamé à tout vent,
répercuté dans les grands médias, posant la question à une multitude. Et vous
vous posez toutes sortes de questions sur leurs motivations, leur financement,
leurs intentions…
Vous ne cessez de nous pousser à
sortir de nos chapelles et cocons douillets, pour partir vers les banlieues de
l’Église. Et voici un gigantesque courant débordant de loin l’Église,
mobilisant des gens qui ne mettent jamais les pieds dans une église et, à
travers les mass-média, réveillant le simple bon sens humain d’une multitude de
non-croyants. Et au lieu d’en exulter, vous semblez vous
inquiéter de ces débordements incontrôlables.
Vous nous exhortez inlassablement à
nous ouvrir aux pauvres, marginaux, faibles, vulnérables. Et voici tout un
peuple qui a compris que les plus pauvres, faibles, vulnérables, sont les
tout-petits à qui la vie est arrachée, les enfants qu’on déstabilise et
scandalise en les a- ou dé-sexualisant. Et qui sont
prêts à se battre pour les protéger, les sauver. Et vos
cœurs paternels n’en seraient pas émus ?
Vous nous exhortez à nous insurger
contre la violence, la torture, l’injustice, l’intolérance.
Et voilà tout un peuple qui se lève
pour défendre l’enfant contre des adoptions dé-structurantes, des éducations
sexuelles violant leur innocence, des théories falsifiant leur intelligence,
des adultes abusant de leur confiance, brisant leur bon sens, torturant leur
conscience. Et aussi, pour sauver tant de petits de la première des tortures,
des injustices, exclusions et des violences : la pré-natale.
Comment n’en bondissez-vous pas de fierté ?
Vous ne cessez de nous ouvrir à
l’œcuménisme, au dialogue interreligieux. Et voici des baptisés, orthodoxes,
protestants, évangéliques, anglicans, et catholiques se serrant les coudes, en
une formidable fraternité dans les mêmes comités, groupes, réseaux et jusque
sur places et boulevards. Et de plus, des juifs, des musulmans, qui s’y
joignent en nombre. Tous soudés pour une même et unique cause. Et vous
semblez indifférents !
Vous nous incitez à respecter les
sciences humaines, à nous en inspirer. Et voici nos psys, scientifiques,
médecins, de tous bords, de tous pays qui s’érigent contre une opération de
sabotage de l’humanité en tant que telle et qui courageusement se mouillent
pour soutenir un même combat pour la Vie ! Comme vous devriez en être
heureux !
Vous nous encouragez à nous investir
dans le social. Mais nous vous posons la question : qu’y
a-t-il de plus social que de préserver la société en tant que telle de la
désespérance meurtrière, engendrée par les attaques incessantes contre la vie,
minant de l’intérieur le sens même de l’existence ? A quoi cela sert-il de
travailler à la promotion matérielle d’une société, si l’on y encourage le
suicide jusqu’à l’assister, même pour les enfants ? A quoi cela rime-t-il
d’œuvrer à la paix entre les peuples, si dans ces mêmes peuples, on laisse
faire la première des guerres, celle des plus forts contre les plus
sans-défense, les plus innocents qui soient ? Pourquoi
supprimer la peine de mort et l’introduire dans nos hôpitaux et maisons de
retraite ? Pourquoi donc se dévouer et pacifier une société, si tout est
fait pour engendrer des psycho-pathologies sociales,
une société d’une violence inouïe, parce qu’on aura détruit systématiquement
depuis l’enfance, tous ses repères et balises ? Parce que les enfants
qu’on pervertit aujourd’hui seront les dépravés de demain qui n’auront d’autres
cris pour dire qu’ils existent, que la violence. Et vous
n’en seriez pas débordants de reconnaissance au Seigneur ?
Vous nous suppliez de soutenir
massivement l’Union européenne. Et voilà tout un peuple qui justement, veut
sauver l’Europe de cette idéologie libertaire et liberticide qui est la
destruction par déstructuration systématique des valeurs même qui l’ont fait
exister. Qui veut lui rendre ces racines chrétiennes sans lesquelles elle
n’existerait même pas. Qui veut lui insuffler un idéal, un souffle, sans
lesquels, elle agonise. Surtout, qui veut rendre à cette vieille dame
« fatiguée de vivre, qui semble donner congé à l’histoire »
(Benoît XVI), tout simplement le sens de la vie à recevoir et à
transmettre, qui veut la sauver de cet hiver démographique virant vite à
l’enfer économique, à force de berceaux changés en tombeaux, faisant de l’Union
Européenne un paquebot coulant sous la ligne de flottaison, à pic, pendant
qu’on boit du champagne sur le pont. Voilà donc un peuple qui se lève précisément pour
sauver la société de demain, c’est-à-dire nos futurs enfants et petits-enfants.
Se lever ainsi pour défendre le plus petit et le plus faible, n’est-ce pas en
vérité : l’humanitaire à son maximum, le social au top, l’évangélisation
en sa fine pointe, la générosité n° 1 ?
D’un mot : la charité à son sommet.
Mes si chers pasteurs, que
voulez-vous donc ? Nous réalisons vos appels, vos désirs, vos rêves dans
tous ces différents domaines. Magnifiquement. Généreusement. Mais, évidemment,
de manière non attendue, non prévue, non programmée, non calculée. Donc
déroutante, dérangeante, déstabilisante. (Mais notre Pape ne vient-il
pas de demander aux fidèles de déranger leurs pasteurs ?) Mais
franchement, que faut-il de plus pour vous faire danser avec nous, avec nous
descendre dans la rue, rire et pleurer avec nous, être persécutés et triompher
avec nous ?
Quand nous jouons de nos guitares,
nous n’entendons pas - ou si peu - vos chants. Quand nous sanglotons sur tant
d’aberrations, nous ne voyons pas - ou si rarement - couler vos larmes !!
Vos larmes de pères, de pasteurs, au moins de frères et d’amis. « Où sont
vos larmes ? » demandait notre pape François à ses prêtres de Rome.
Quand nous étions - innocents - molestés, en garde à vue ou en prison - et que
le monde s’en alarmait, quand êtes-vous venus nous visiter, nous réconforter,
simplement nous aimer, d’un mot, prendre la défense de ceux qui sont vos
enfants, même un peu terribles et troublions. Mais n’est-ce pas le propre de
cette jeunesse que vous dites aimer ? Où donc étiez-vous quand
votre peuple battait le pavé pour simplement sauver l’Homme ?
Nous vous attendions. Nous vous cherchions. Nous avions tant besoin de votre
présence. Car votre présence, mais ça compte beaucoup pour nous ! Et quel
réconfort quand certains se manifestaient, courageux bergers voulant
« sentir l’odeur de leurs brebis » (Pape François)
Ne manquez pas
le rendez-vous de notre génération [3]. Ne passez pas votre chemin sans nous
voir.
Pasteurs si chers, cette souffrance
des tout-petits de votre peuple, de leurs parents horrifiés, l’entendez-vous
parmi tant d’autres cris et larmes, dont vous vous faites par ailleurs si bien
l’écho ? Une parole forte, intransigeante, unanime de la part de
l’épiscopat pourrait réconforter, encourager tous ceux qui luttent désespérément
contre cette hydre tentaculaire et planétaire en train de noyauter les mondes
de la politique et de l’éducation. D’autant plus que réagir sans tarder peut
encore éviter le pire : l’extension annoncée à toute l’Éducation nationale
pour septembre. Après, il sera trop tard. On se mordra les doigts, d’avoir été
lâche, quand on pouvait encore crier.
Les différentes
Conférences épiscopales se prononcent les unes après les autres. Pourquoi la
nôtre serait-elle à la traîne, alors que les ravages sont déjà patents chez
nous ?
Pourquoi
auriez-vous moins de courage que tant de nos maires revendiquant l’objection de
conscience par rapport au mariage gay, certains étant prêts même à la prison ?
Quels exemples ! Silence rime-t-il avec connivences et timidité avec
lâcheté ?
Entendrez-vous
les appels qui vous sont de partout lancés ?
Nicolas qui, du fond de sa prison
lance à tous :
« […] Depuis ma cellule de
Fleury-Mérogis, j’ai pu mesurer l’ampleur incroyable des réactions de
soutien : des milliers de lettres, une chaîne ininterrompue de solidarité
et de prières. Si c’était à refaire ? Je ne renierais rien de ce combat
qui garde tout son sens. Plus que jamais, nous avons à affirmer qu’aucun
enfant, né ou à naître, n’est destiné à devenir un bien de consommation. Quand
un enfant grandit privé d’emblée d’un père ou d’une mère, faut-il juger anodin
ce déni de ses origines ? Quand une future mère signe un contrat pour
abandonner l’enfant qu’elle porte, faut-il se réjouir du succès de la
transaction ? Quand plus de 600 enfants sont légalement tués dans le
ventre de leur mère chaque jour en France, faut-il se féliciter de l’efficacité
de nos hôpitaux ?
Nous ne pouvons pas rester les bras
croisés devant la violence de ces situations qui portent atteinte à la dignité
humaine. Soyons créatifs, ayons l’audace d’inventer de nouveaux modes d’action.
Ne soyons ni des indignés frileux ni des rentiers du ressentiment !! Osons
aller à contre-courant. Dans une société égalitariste où chacun exige toujours
davantage de droits sur mesure, il est urgent de réaffirmer la primauté du bien
commun. Nous le devons aux générations futures. » Nicolas Bernard-Buss, Étudiant et prisonnier politique [4] »
Notes
[1] Innombrables documents.
Encore le 3.10.11, la CEF : « Les catholiques n’entendent pas être
des citoyens interdits de parole dans la société démocratique. En exprimant ce
qu’ils pensent, ils ne vont pas à l’encontre de l’intelligence et de la liberté
de jugement de ceux qui ne partagent pas leur foi ».
[2] Par exemple : pour la
pétition des 700.000 au CESE, 3 semaines de travail non stop. Ou les Veilleurs
« gaspillent » des heures précieuses même en période d’examens,
parfois relayés par parents et grands-parents.
[3] « L’Église de France
traîne une mauvaise conscience. Elle regrette d’avoir « perdu » la
classe ouvrière au cours du XXe siècle… Mais aujourd’hui, elle pourrait bien avoir
perdu sa propre jeunesse !! La cécité d’une partie des évêques à ne pas
lire ce que leur vocabulaire appelle pourtant les « signes des temps »
est accablante. Depuis des mois, en effet, des catholiques de base, jeunes ou
vieux, essentiellement des familles, se sont mobilisés, par centaines de
milliers face à des évolutions de société voulues par le pouvoir socialiste.
Cependant, certains prélats, et non des moindres, font mine de ne pas voir ce
mouvement… Une partie des évêques a certes compris et accompagné cette
indignation massive en encourageant ouvertement la résistance, et en allant
même manifester en personne. Mais une autre, dont l’actuelle direction de
l’épiscopat français, est restée sur la réserve. En considérant que l’enjeu -
la survie ou la disparition de la cellule familiale composée d’un homme et
d’une femme et de ses enfants - ne valait pas ce dérangement. Certains évêques,
plutôt bienveillants pour le gouvernement socialiste, ne voulaient pas gêner
son action, considérant la question du mariage homosexuel comme un débat de
société mineur. Seul problème : en composant avec le politiquement
correct, ces évêques perdent leur crédit chez une partie des catholiques,
surtout chez les jeunes, qui, loin d’être « réacs » sont devenus
d’authentiques « rebelles ». Des insoumis « intérieurs »
qui n’entrent dans aucune catégorie politique, encore moins celles de l’extrême
droite. Mais qui comprennent mal pourquoi la hiérarchie catholique est si
réticente à s’engager franchement sur les grands sujets de société. (…) La
jeune génération des catholiques français a inventé de nouveaux moyens de
mobilisation, aiguillonnée par un gouvernement qui a commis l’erreur d’enfiler
des gants de boxe pour lutter contre un judoka : en clouant violemment au
sol ces jeunes cathos, il a éveillé en eux une conscience citoyenne. » Jean-Marie
Guennois, « Cathos et rebelles », in Figaro
Magazine, 18.04.14.
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