LAVIE DE L’APÔTRE SAINT BARNABÉ - fêté le 11 juin

Barnabé veut dire fils de celui qui vient, ou bien fils de consolation, ou fils de prophète, ou fils qui  enserre. Quatre fois il a le titre de fils pour quatre sortes de filiation. L’Écriture donne ce nom de fils en raison de la génération, de l’instruction, de l’imitation et de l’adoption. Or, il fut régénéré par JÉSUS-CHRIST dans le Baptême, il fut instruit dans l’Évangile, il imita le Seigneur par son martyre, et il en fut adopté par la récompense céleste. Voilà pour ce qui est de lui-même. Voici maintenant ce qui le concerne quant aux autres : il fut arrivant, consolant, prophétisant et enserrant. Il fut arrivant, parce qu’il alla prêcher partout, ceci est clair, puisqu’il fut le compagnon de saint Paul. II consola les pauvres et les affligés, les premiers en leur portant des aumônes, les seconds en leur adressant des lettres de la part des Apôtres. Il prophétisa puisqu’il fut illustre en annonçant les choses à venir. Il fut enserrant, c’est-à-dire qu’il réunit et rassembla dans la foi une multitude de personnes : la preuve en est dans sa mission à Antioche. Ces quatre qualités sont indiquées dans le livre des Actes (XI). C’était un homme, mais un homme de courage, ce qui a trait à la première qualité ; bon, c’est pour la seconde ; plein du Saint-Esprit, voilà pour la troisième ; et fidèle ou plein de foi, la quatrième qualité. Jean de même que Marc son cousin compila son martyre. Il en est question principalement à partir de la vision de Jean, jusque vers la fin.

Saint Barnabé, lévite originaire de Chypre, l’un des 72 disciples du Seigneur, est souvent mentionné avec de grands éloges dans l’histoire des Actes. Il fut admirablement formé et disposé en ce qui le regardait personnellement, par rapport à Dieu et par rapport au prochain.

I. Pour ce qui était de lui, il était bien organisé dans ses trois puissances, la rationnelle, la concupiscible et l’irascible :

1° sa puissance rationnelle était éclairée par la lumière de la connaissance, c’est pour cela qu’il est dit dans les Actes (XIII) : « Il y avait dans l’église qui était à Antioche, des prophètes et des docteurs, entre lesquels étaient Barnabé, Simon, etc. »

2° sa puissance concupiscible était dégagée de la poussière des affections mondaines, car il est dit aux Actes (IV) que Joseph surnommé Barnabé vendit un fonds de terre qu’il possédait ; il en apporta le prix et le mit aux pieds des Apôtres ; c’est ici que la glose ajoute : il donne une preuve qu’il faut se dépouiller de ce à quoi il évite de toucher, et il enseigne à fouler un or qu’il met aux pieds des Apôtres.

3° sa puissance irascible était appuyée sur une grande probité, soit qu’il entreprît avec ardeur des choses difficiles, soit qu’il mît de la persévérance dans des actes de courage, soit qu’il fut constant à soutenir l’adversité. Il entreprit avec ardeur des choses difficiles, cela est évident par ses travaux pour convertir cette immense cité d’Antioche, comme il est écrit au IXe chapitre des Actes : en effet saint Paul, après sa conversion, voulut venir à Jérusalem et se joindre aux disciples, et quand tout le monde le fuyait comme les agneaux font du loup, Barnabé fut assez audacieux pour le prendre et le mener aux Apôtres. Il mit de la persévérance dans ses actes de courage, en macérant son corps et en le réduisant par les jeûnes ; aussi est-il dit aux Actes (XIII) de Barnabé et de quelques autres : « Pendant qu’ils rendaient leur culte au Seigneur et qu’ils jeûnaient, le Saint-Esprit leur dit : Séparez-moi Paul et Barnabé pour l’œuvre à laquelle je les ai destinés. » Il fut constant à soutenir l’adversité d’après le témoignage que lui en rendent les Apôtres en disant (Actes XV) : « Nous avons jugé à propos de vous envoyer des personnes choisies, avec nos très chers Barnabé et Paul, hommes qui ont exposé leur vie pour le Nom de Notre Seigneur JÉSUS-CHRIST . »

II. Il fut bien formé par rapport à Dieu. Il déférait à son autorité, comme aussi à sa majesté et à sa bonté.

1° Il déférait à l’autorité de Dieu, puisqu’il ne prit pas de son chef la charge de la prédication, mais qu’il voulut la recevoir de l’autorité divine, comme il est rapporté aux Actes (XIII). Le Saint-Esprit dit : « Séparez-moi Paul et Barnabé pour l’œuvre à laquelle je les ai destinés. »

2° Il déférait à sa majesté. On lit en effet au XIVe ch. des Actes que certaines personnes voulaient le traiter comme une majesté divine et lui immoler des victimes comme on fait à Dieu, en l’appelant Jupiter, parce qu’il paraissait le plus recommandable, et en donnant à Paul le nom de Mercure, en raison de sa prudence et de son éloquence ; aussitôt Barnabé et Paul déchirèrent leurs vêtements et s’écrièrent : « Mes amis, que voulez-vous faire ? Nous sommes des hommes mortels comme vous qui vous annonçons de quitter ces vaines idoles, pour vous convertir au Dieu vivant. »

3° Il déférait à la bonté de Dieu. En effet, on trouve dans les Actes (XV) que quelques-uns des Juifs convertis voulaient rétrécir et diminuer la bonté de la grâce de Dieu, bonté qui nous sauve gratuitement, indépendamment de la Loi, avançant que la grâce sans la circoncision était tout à fait insuffisante. Paul et Barnabé leur résistèrent avec force, en montrant que la bonté seule de Dieu suffisait sans les pratiques commandées par la Loi : en outre ils portèrent la question au tribunal des Apôtres dont ils obtinrent des lettres qui proscrivaient ces erreurs.

III. Il fut admirablement disposé par rapport au prochain, puisqu’il nourrit son troupeau par sa parole, par son exemple et par ses bienfaits.

1° Par sa parole, en évangélisant avec grand soin la Parole de Dieu. En effet, les Actes disent (XV) : « Paul et Barnabé demeurèrent à Antioche, où ils enseignaient et annonçaient avec plusieurs autres la Parole du Seigneur. » Ce qui est évident encore par cette foule immense qu’il convertit à Antioche, de sorte que ce fut-là que les disciples commencèrent à être appelés chrétiens.

2° Par son exemple, puisque sa vie fut pour tous un miroir de sainteté et un modèle de religion. Dans toutes ses actions, en effet, il fut homme de cœur et religieux, intrépide, distingué par la douceur de ses mœurs, tout rempli de la grâce du Saint-Esprit et illustre en toutes sortes de vertus et en foi. Ces quatre qualités sont énumérées dans ces paroles des Actes (XV) : « Ils envoyèrent Barnabé à Antioche » ; et ailleurs (XI) : « Il les exhortait tous à demeurer dans le service du Seigneur avec un cœur ferme, parce que c’était un homme bon, rempli de l’Esprit-Saint et de foi. »

3° Par ses bienfaits. Or, il y a deux sortes de bienfaits, deux aumônes, d’abord la temporelle qui consiste à donner le nécessaire, ensuite la spirituelle qui consiste à pardonner les injures. Barnabé pratiquait la première quand il porta l’aumône aux frères qui étaient à Jérusalem, d’après le XIe ch. des Actes : « Une grande famine, selon que l’avait prédit Agabus, étant survenue sous le règne de Claude, les disciples résolurent d’envoyer, chacun selon son pouvoir, quelques aumônes aux frères qui demeuraient en Judée. Ils le firent en effet, les adressant aux anciens, par les mains de Barnabé et de Paul. » Il pratiquait la seconde, puisqu’il pardonna l’injure que lui avait faite Jean surnommé Marc. Comme ce disciple avait quitté Barnabé et Paul, Barnabé ne fut pas cependant que d’être indulgent envers lui, quand il revint avec repentir, et de le reprendre pour disciple. Paul ne voulut pas le recevoir, de là le sujet de leur séparation. En cela, l’un et l’autre agissaient par des motifs et des intentions louables. Barnabé, en le reprenant, par douceur et miséricorde ; Paul ne le reçut pas, par amour de la droiture. C’est pour cela que la glose dit à ce propos (Actes XV) : « Jean avait résisté en face, tout en se montrant trop timide, alors Paul eut raison de l’éloigner de peur que la contagion du mauvais exemple de Jean ne corrompît la vertu des autres. » Cette séparation ne se fit pas par un emportement coupable, mais par l’inspiration du Saint-Esprit qui les faisait s’éloigner afin qu’ils prêchassent à plus de monde, et c’est ce qui arriva. Car comme Barnabé était dans la ville d’Icone, Jean, son cousin, dont on vient de parler, eut une vision dans laquelle apparut un homme éclatant qui lui dit : « Jean, aie de la constance, car bientôt ce ne sera plus Jean, mais Élevé (excelsus) que tu seras appelé. » Barnabé, informé de ce prodige par son cousin, lui dit : « Garde-toi bien de révéler à personne ce que tu as vu, car le Seigneur m’est apparu aussi cette nuit en me disant : « Barnabé, aie de la constance, car tu recevras les récompenses éternelles, pour avoir quitté ton pays, et avoir livré ta vie pour mon Nom. » Lorsque Paul et Barnabé eurent prêché pendant longtemps à Antioche, un ange du Seigneur apparut aussi à Paul et lui dit : « Hâte-toi d’aller à Jérusalem, car quelqu’un des frères y attend ton arrivée. » Or, Barnabé voulant aller à Chypre pour y visiter ses parents, et Paul se hâtant d’aller à Jérusalem, ils se séparèrent par l’inspiration du Saint-Esprit. Alors Paul communiqua à Barnabé ce que l’ange lui avait dit. Barnabé lui répondit : « Que la volonté du Seigneur soit faite ! je vais aller à Chypre, j’y finirai ma vie et je ne te verrai plus désormais. » Et comme il se jetait humblement aux pieds de Paul en pleurant, celui-ci, touché de compassion, lui dit : « Ne pleurez pas, puisque c’est la volonté du Seigneur ; Il m’est aussi apparu cette nuit et m’a dit : « N’empêche pas Barnabé d’aller à Chypre, car il y éclairera beaucoup de monde et il y consommera son martyre. » En allant donc à Chypre avec Jean, Barnabé porta avec lui l’Évangile de saint Mathieu, il le posait sur les malades, et il en guérit beaucoup par la puissance de Dieu. Sortis de Chypre, ils trouvèrent Élymas, le magicien que saint Paul avait privé de la vue pour un certain temps ; il leur fit opposition et les empêcha d’entrer à Paphos. Un jour Barnabé vit des hommes et des femmes nus qui couraient ainsi pour célébrer leurs fêtes. Il en fut rempli d’indignation, il maudit le temple, et à l’instant il s’en écroula une partie qui écrasa beaucoup d’infidèles.

Enfin il vint à Salamine : ce fut là que le magicien Élymas, dont on vient de parler, excita contre lui une grande sédition. Les Juifs se saisirent donc de Barnabé qu’ils accablèrent de nombreuses injures, ils le traînèrent en toute hâte au juge de la ville pour le faire punir.

Mais quand les Juifs apprirent qu’Eusèbe, personnage important et fort puissant, de la famille de Néron, était arrivé à Salamine, ils craignirent qu’il ne leur arrachât des mains le saint Apôtre, et ne le laissât aller en liberté ; alors ils lui lièrent une corde au cou, le traînèrent hors de la porte de la ville où ils se hâtèrent de le brûler. Enfin ces Juifs impies, n’étant pas encore rassasiés de cette cruauté, enfermèrent ses os dans un vase de plomb pour les jeter dans la mer, mais Jean, son disciple, avec deux autres chrétiens, se leva durant la nuit, les prit et les ensevelit en secret dans une crypte où ils restèrent cachés, au rapport de Sigebert, jusqu’au temps de l’empereur Zénon et du pape Gélase, en l’année 500 où ils furent découverts par une révélation du saint lui-même. Le bienheureux Dorothée dit que Barnabé prêcha d’abord JÉSUS-CHRIST à Rome, et fut évêque de Milan.

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