LA VIE DE L’APÔTRE
SAINT PHILIPPE
Philippe signifie
bouche de lampe, ou bouche des mains ou bien il vient de philos, amour, et uper, au-dessus, qui aime
les choses supérieures. Par bouche de lampe, on entend sa prédication brillante ;
par bouche des mains, ses bonnes œuvres continuelles ; par amour des
choses supérieures, sa contemplation céleste.
Saint Philippe, Apôtre, après avoir prêché
vingt ans en Scythie, fut pris par les païens qui voulurent le forcer à
sacrifier devant une statue de Mars. Mais aussitôt, il s’élança de dessous le
piédestal un dragon qui tua le fils du pontife employé à porter le feu pour le
sacrifice, deux tribuns dont les soldats tenaient Philippe dans les chaînes, et
son souffle empoisonna les autres, à tel point qu’ils tombèrent tous malades.
Et Philippe dit : « Croyez-moi, brisez cette statue, et à sa place
adorez la Croix du Seigneur, afin que vos malades soient guéris et que les
morts ressuscitent. » Mais ceux qui étaient souffrants criaient :
« Faites-nous seulement guérir, et de suite nous briserons ce Mars. »
Philippe commanda alors au dragon de descendre au désert, pour qu’il ne nuisit
à qui que ce fût. Le monstre se retira aussitôt, et disparut. Ensuite Philippe
les guérit tous et il obtint la vie pour les trois morts. Ce fut ainsi que tout
le monde crut. Pendant une année entière il les prêcha, et après leur avoir
ordonné des prêtres et des diacres, il vint en Asie dans la ville de
Hiérapolis, où il éteignit l’hérésie des Ébionites qui enseignaient que JÉSUS-CHRIST
avait pris une chair fantastique. Il avait là avec lui deux de ses filles,
vierges très saintes, par le moyen desquelles le Seigneur convertit beaucoup de
monde à la foi. Pour Philippe, sept jours avant sa mort, il convoqua les
évêques et les prêtres, et leur dit : « Le Seigneur m’a accordé ces
sept jours pour vous donner des avis. » Il avait alors 87 ans. Après
quoi les infidèles se saisirent de lui, et l’attachèrent à la croix, comme le Maître
qu’il prêchait. Il trépassa de cette manière heureusement au Seigneur. À ses
côtés furent ensevelies ses deux filles, l’une à sa droite et l’autre à sa
gauche. Voici ce que dit Isidore de ce Philippe dans le Livre de la Vie, de
la naissance et de la mort des saints(*) : « Philippe prêche JÉSUS-CHRIST
aux Gaulois ; les nations barbares voisines, qui habitaient dans les
ténèbres, sur les bords de l’océan furieux, il les conduit à la lumière de la
science et au port de la foi ; enfin, crucifié à Hiérapolis, ville de la
province de Phrygie, et lapidé, il y mourut, et y repose avec ses filles. »
Quant à Philippe qui fut un des sept diacres, saint Jérôme dit, dans son
martyrologe, que le 8è des ides de juillet, il mourut à Césarée, illustre par
ses miracles et ses prodiges ; à côté de lui furent enterrées trois de ses
filles, car la quatrième repose à Éphèse. Le premier Philippe est différent de
celui-ci, en ce que le premier fut Apôtre, le second diacre ; l’Apôtre
repose à Hiérapolis, le diacre à Césarée. Le premier eut deux filles
prophétesses, le second en eut quatre, bien que dans l’Histoire
ecclésiastique on paraisse dire que ce fut saint Philippe, Apôtre, qui eut
quatre filles prophétesses : mais il vaut mieux s’en rapporter à saint
Jérôme.
(*) Eusèbe,
Histoire ecclésiastique, I. III, c. XXXI.
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