Partis de Roissy le 16 février vers
20h, nous sommes arrivés à Porto Velho le 17 février vers 12h30 dans la
capitale de l’état du Rondônia. Ce long voyage en avion nécessite deux étapes,
une première à Sao Paulo et une deuxième à Brasilia, la capitale du Brésil. Dès
notre arrivée après un repas rapide nous partons en voiture en direction de la
frontière bolivienne vers la ville de Guajara-Mirim
qui compte près de 45.000 habitants. Sur ce chemin nous ferons une visite au
barrage de Jirau sur le Rio Madeira, dont la construction
ne nécessite pas moins de 30.000 personnes.
Après cette première halte, il nous
reste à parcourir encore 260 kilomètres, et c’est à la nuit tombée que nous arrivons
à la prélasia, l’évêché de ce diocèse d’Amazonie. Les
journées suivantes seront consacrées au tournage et aux reportages sur les
œuvres sociales ou encore à la soirée de rentrée du petit séminaire Maximilien Kolbe.
Le temps nous presse, et le mardi 22
février nous devons quitter Guajara-Mirim pour
rejoindre le village indien de Sagarana. À 6h00 nous
sommes sur le bord du fleuve, prêts à partir. Le bateau
est là mais notre motoriste est inquiet. Il fait un essai, le moteur s’étouffe
et le diagnostic tombe : il faut changer le moteur. Résultat : notre
départ est différé d’une heure et demie. Nous quitterons le port vers 7h30 sur
un petit bateau couvert avec Mgr. Gérard Verdier ; 250 km de fleuve à
parcourir sur le fleuve Mamoré pour arriver à notre prochaine étape Surpresa. À vrai dire cette petite ville fait figure de
surprise dans la forêt amazonienne. Notre voyage se passe bien. Nous croisons
quelques rares bateaux sur ce fleuve de près d’un kilomètre de largeur, gonflé
d’eau boueuse. Nous arriverons vers 14h30 après avoir goûté à la vigoureuse
pluie locale durant la dernière heure de notre voyage.
Accueillis par la généreuse communauté
des sœurs du village, nous prendrons un après-midi de repos, contraints de
rester à l’abri par cette pluie battante qui poursuivra son œuvre très tard
dans la nuit. Le lendemain, mercredi 23 février, c’est le grand jour des
baptêmes. Le bon Dieu a fait la toilette du ciel, le soleil amazonien a eu
raison des nuages. Le soleil chaud et brûlant dès l’heure de midi s’est invité
à la fête.
Il est 9h00, nous
arrivons par le fleuve à Sagarana. Nous quittons
notre bateau et nous empruntons l’escalier creusé au flan de la colline. De
chaque coté de cet escalier creusé dans le sol, des branchages éclairés de
guirlandes encadrent ce chemin escarpé qui conduit au village. Les responsables
sont présents pour saluer notre arrivée. Nous déposons nos bagages dans la
maison des visiteurs et nous partons à la découverte de ce village qui compte
un peu plus de 300 habitants. Après le repas et une sieste nécessaire, Mgr. Verdier recevra les
responsables de la communauté qui ont préparé la célébration. Un long temps
sera pris pour partager l’Évangile et pour traduire la Parole de Dieu qui sera
lue ce soir en Wari, la langue indienne.
À 18h30, nous sommes rassemblés sous le préau de
l’école. C’est le coucher du soleil, la célébration débute par un chant,
l’accueil de l’évêque, et l’écoute de la Parole de Dieu. Il fait nuit. Nous
partons maintenant en procession vers le fleuve. Arrivés au fleuve Mgr. Verdier
et votre serviteur descendent dans l’eau de cette belle baie de Sagarana. Ensuite chaque famille présente son enfant par
son prénom et nous baptisons ces enfants avec l’eau du Guaporé, au total 83.
Sous un beau ciel étoilé, ce fut le temps fort de
cette célébration joyeuse et pleine d’émotion. Tous les enfants étant baptisés,
une nouvelle procession se forme éclairée par les cierges, elle nous ramène à
l’école où se poursuit la célébration de la messe. En marchant, je me souviens
du petit mot que l’actuel chef de la tribu avait partagé avec ses frères à
l’occasion de son propre baptême. Il avait souhaité partager avec ses amis le
sens de la lumière remise au baptême : “Lorsque nous vivions dans la forêt, nous devions conserver le feu,
c’était une question de vie ou de mort. Cette lumière que nous recevons au
baptême nous devons aussi en prendre grand soin. Elle représente la lumière du Christ dans notre vie qui éclaire notre
chemin. Elle est aussi vitale que le feu pour notre vie de chrétien.”
Après la communion ce sera le signe de l’huile
avec le Saint-Chrême. Ce signe sera marqué d’une touche particulière qui
rejoint la culture indienne. Pour une fête les indiens dessinent et colorient
leurs visages. Aussi nous avions rajouté à cette huile quelques graines d’un
arbuste local qui donnait au Chrême une couleur rouge.
Il est déjà 21h00, notre belle célébration se
termine par des chants en wari et en brésilien et
nous regagnons en bateau, sans éclairage, le village de Surpresa.
La fin de notre périple
amazonien.
Ce jeudi 24 février nous commençons notre voyage
vers la France. Nous prenons un petit bateau à fond plat pour regagner
Costa-Marques, soit 250 km sur le fleuve Guaporé. Nous allons retrouver le Père
Edmilson qui a pris en charge de cette vaste paroisse
grande comme notre diocèse dont Jean Picard fut le curé. Pendant trois jours
nous le suivons sur ce vaste territoire pastoral. Le dimanche après la messe
des jeunes, nous quittons cette ville de près de 10.000 habitants vers midi en
bus pour regagner Porto Velho soit une ballade de 900 km dont 200 sur une
piste gorgée d’eau.
Lundi matin à 6h30 nous arrivons enfin dans la
capitale Rondônia après une nuit de voyage. Quelques heures de repos seront les
bienvenus. En fin d’après-midi nous trouverons la force de faire une visite
rapide de cette ville de près de 500.000 habitants.
Après une bonne nuit nous regagnons l’aéroport
pour amorcer la dernière partie de ce grand périple qui nous conduira en
Périgord dans la nuit de mercredi. Notre voyage se termine, il donnera
naissance à un documentaire riche qui vous présentera un diocèse de Guajara-Mirim en pleine mutation qui se prépare à
accueillir son nouvel évêque coadjuteur.
Abbé Christian Dutreuilh
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