UN MARTYR QUI A VAINCU LA DICTATURE COMMUNISTE
Béatification du père Jerzy Popiełuszko, l’aumônier de
« Solidarność »
ROME, Mardi 8 juin 2010 (ZENIT.org) - « Le père Jerzy était tout simplement
un prêtre catholique loyal, qui défendait sa dignité de ministre du Christ et
de l'Église et la liberté de tous ceux qui, comme lui, étaient opprimés ou
humiliés », a déclaré Mgr Angelo Amato
S.D.B., préfet de la Congrégation pour les causes des saints, dans son homélie durant la messe de béatification du
prêtre et martyr polonais Jerzy Popiełuszko.
La mémoire du
père polonais Jerzy Popieluszko, est toujours l’objet d’un culte. Ici, où il
officiait, à l’église Saint Stanislaw Kostka, à Varsovie, au lendemain de son assassinat, en
octobre 1984.
La célébration, qui a eu lieu en
Pologne, à Varsovie, le 6 juin sur la place du Maréchal Józef
Pilsudski, réunissait des fidèles venus de tout le pays, les membres du
syndicat « Solidarność », les autorités civiles et
militaires, les prêtres, les personnes consacrées, la mère du bienheureux,
Marianna Popiełuszko, et la famille du prêtre martyr.
« La religion, l'Évangile, la dignité de la personne humaine,
la liberté, a poursuivi
Mgr Amato, ne collaient pas avec l'idéologie
marxiste. Si bien que la folie
meurtrière du grand menteur, ennemi de Dieu et oppresseur de l'humanité, de
celui qui hait la vérité et répand le mensonge, s'est déchaînée contre lui ».
Pour la Pologne, pour l'Église polonaise
et tout spécialement pour « Solidarność » la béatification
du père Popiełuszko représente l'histoire. Le souvenir d'une défense héroïque des droits de la personne, un
retour aux racines catholiques du syndicat polonais.
Le père Jerzy Popiełuszko rappelle
en particulier à tous les polonais, les
trois dimensions qui ont donné naissance à « Solidarność »,
soit la défense et la revendication de la présence de la Croix du Christ dans
la vie publique, la solidarité sociale et la liberté.
Le père Jerzy Popiełuszko a
enseigné qui faut être fidèles chaque jour à l'esprit de solidarité et au vrai patriotisme d'une nation dont
l'identité a été et demeure encore profondément catholique.
« Le bienheureux est le patron de la solidarité sociale et de
tous ceux qui témoignent de la Vérité », a déclaré à ZENIT Janusz Śniadek, président actuel du syndicat « Solidarność ».
Un ouvrier du chantier naval de Gdynia
ajoute : « La béatification du
père Popiełuszko est pour moi une vraie joie. Comme prêtre il était une
personne ouverte à tous, spécialement envers les pauvres et les ouvriers
persécutés ».
La messe de béatification a été concélébrée par plus de 100 archevêques,
évêques et cardinaux.
Étaient également présents les cardinaux William Joseph Levada,
préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Stanisław
Dziwisz, Józef Glemp, Franciszek Macharski, Henryk Gulbinowicz, Adam Maida et Kazimierz Świątek, Mgr Józef Kowalczyk, nonce apostolique en Pologne, et le
nouveau Primat de Pologne, Mgr Kazimierz Nycz, archevêque métropolitain de Varsovie. De nombreux
archevêques et évêques avaient fait le déplacement de la République Tchèque, de
Lituanie, de Biélorussie, d'Ukraine.
Avant la Messe, la mère du bienheureux, Marianna Popiełuszko,
a guidé la récitation du chapelet.
Dans son homélie, Mgr Angelo Amato, a souligné que le père Popiełuszko « avec les seules armes spirituelles
de la vérité, de la justice et de la charité, essaya de maintenir sa liberté de
conscience de citoyen et de prêtre et d'en témoigner ».
« Mais l'idéologie maléfique ne supportait pas l'éclat de la
vérité et de la justice,
a déclaré le préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Si bien que
le prêtre, sans défense, fut épié, persécuté, capturé, torturé et, comble de
l'horreur, étranglé puis jeté à l'eau encore agonisant. Ils l'abandonnèrent,
comme on abandonne la carcasse d'un animal. Il ne fut retrouvé que dix jours plus tard ».
Le préfet du dicastère a souligné que « le sacrifice du jeune prêtre ne fut
pas une défaite. Ses bourreaux ne pouvaient pas tuer la Vérité. La mort
tragique de notre martyr fut en effet le début d'une conversion générale des
cœurs à l'Évangile. Car la mort des martyrs est semence pour les
chrétiens ».
Mgr Amato a
rappelé les paroles du pape Benoît XVI selon lesquelles le père Popiełuszko « avait triomphé du mal par le bien
jusqu'à l'effusion de son sang ».
Après la messe de béatification, les
reliques du père Popiełuszko ont été portées en procession pendant
Le père Jerzy Popiełuszko était né
le 14 septembre 1947 à Okopy, près de Białystok,
au nord-est de la Pologne, d'une famille de paysans profondément chrétienne.
Entré au grand séminaire de Varsovie en
1965, il a été appelé un an plus tard sous les drapeaux, pour faire ses trois
années de service militaire dans une unité spéciale, où les autorités
militaires procédaient à un endoctrinement anti-ecclésial et antireligieux pour
détourner les séminaristes de leur vocation. Il fut objet de vexations et de persécutions qui portèrent atteinte à
sa santé.
Il fut ordonné prêtre le 28 mai 1972 par
le cardinal Stefan Wyszyński, primat de la
Pologne, et choisit pour devise les paroles du prophète Isaïe et de l'Évangile
de Luc : « Il m'a envoyé porter
la Bonne Nouvelle aux pauvres, panser les plaies des cœurs brisés ».
Après la proclamation de la loi
martiale, en 1981, le père Popiełuszko s'était mis à célébrer des « Messes pour la patrie », où
les homélies affrontaient des thèmes religieux et spirituels mais aussi des
questions d'actualité, à caractère social, politique et moral, illustrant les
documents fondamentaux de la doctrine sociale de l'Église et les enseignements
de Jean-Paul II et du cardinal Stefan Wyszyński.
Il fut enlevé le 19 octobre 1984, par
des fonctionnaires des services de sécurité du régime et assassiné. Plus de 1.000 prêtres et des centaines de
milliers de fidèles participèrent à ses funérailles.
Depuis 1984 jusqu'à aujourd'hui, 18 millions de pèlerins se sont rendus, en
groupes organisés, prier sur sa tombe, dans l'Église
San Stanislao Kostka dans
la zone de Żoliborz à Varsovie.
En 26 ans,
les polonais de quelque 7.512 villes et
villages sont venus prier sur la tombe du père Popiełuszko. De même
que 310.000 pèlerins étrangers
provenant de 134 pays.
Parmi les personnalités à avoir prier
sur la tombe du prêtre martyr l'on compte : le pape Jean-Paul II (14 juin
1987), le cardinal Joseph Ratzinger (aujourd'hui Benoît XVI), le cardinal
Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris, George Bush, ancien président
des États-Unis, Margaret Thatcher, ancien premier ministre britannique, Vaclav
Havel, ancien président de la République Tchèque, Giulio Andreotti, ancien
président du Conseil italien.
Selon un sondage du CBOS (le Centre de recherche
de l'opinion publique), avant sa béatification, 80% des polonais adultes déclaraient savoir qui était le père Jerzy
Popiełuszko, et pour 78% des personnes interrogées, la béatification
du père Popiełuszko a une dimension et une signification de portée
nationale.
Selon la volonté de Benoît XVI, la commémoration liturgique du
Bienheureux père Jerzy Popiełuszko, sera célébrée le 19 octobre.
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