LA VIE DE SAINT MARC, ÉVANGÉLISTE - fêté le 25 avril (1er jour des Rogations)
Marc veut dire sublime en commandement, certain, abaissé et amer. Il fut sublime en
commandement par la perfection de sa vie, car non seulement il observa les Commandements
qui sont communs à tous, mais encore ceux qui sont sublimes, tels que les
conseils. Il fut certain en raison de la certitude de la doctrine dans son Évangile,
parce que cette certitude a pour garant saint Pierre, son maître, de qui il l’avait
appris(1). Il fut abaissé, en raison de sa profonde
humilité qui lui fit, dit-on, se couper le pouce, afin de ne pas être trouvé
capable d’être prêtre. Il fut amer en raison de l’amertume du tourment qu’il
endura lorsqu’il fut traîné par la ville, et qu’il rendit l’esprit au milieu
des supplices. Ou bien Marc vient de Marco, qui est une masse, dont le même
coup aplatit le fer, produit la mélodie, et affermit l’enclume. De même saint
Marc, par l’unique doctrine de son Évangile, dompte la perfidie des hérétiques,
dilate la louange divine et affermit l’Église.
(1) Saint Marc avait 10 ans lorsqu’il rencontra JÉSUS
et les Apôtres, il vivait avec son grand père, c’était des pauvres en haillons.
Le Seigneur le prit avec lui et il suivi le Collège Apostolique. JÉSUS lui dit
qu’il oublierait son nom et que désormais il porterait un nom nouveau. C’est la
Mère qui te donnera ce nom avant qu’il t’en soit donné un autre correspondant à
ton âge. La Vierge Marie dit : il s’appelle Margziam !
Un nom provisoire car ce nom était féminin. Sa douceur avait touché la Mère de JÉSUS.
Saint Pierre avait demandé à JÉSUS : Maître je prendrai bien Margziam chez moi. JÉSUS refusa et c’est la Vierge, voyant
la tristesse de l’Apôtre, qui pria pour que l’enfant vive chez saint Pierre. JÉSUS
accepta. Saint Pierre n’avait pu avoir d’enfant avec Porphyrée, Ils furent
emplis de bonheur. Et c’est là qu’il appris la vie de JÉSUS et des Apôtres. Il
était témoin des moindres détails, sa jeunesse donnée au Seigneur le
prédestinait déjà à l’évangélisation. (Maria Valtorta Tome 4)
Et ce nouveau nom fut tiré de Margziam
qui devint Marc.
Marc,
évangéliste, prêtre de la tribu de Lévi, fut, par le baptême, le fils de saint
Pierre, Apôtre, dont, il était le disciple en la parole divine. Il alla à Rome
avec ce saint. Comme celui-ci prêchait la bonne nouvelle, les fidèles de Rome
prièrent saint Marc de vouloir écrire l’Évangile, pour l’avoir toujours présent
à la mémoire. Il le leur écrivit loyalement, tel qu’il l’avait appris de la
bouche de son maître saint Pierre qui l’examina avec soin, et, après avoir vu
qu’il était plein de vérité, il l’approuva et le jugea digne d’être reçu par
tous les fidèles(2). Saint Pierre,
considérant que Marc était constant dans la foi, le destina pour Aquilée, où,
après avoir prêché la Parole de Dieu, il convertit des multitudes innombrables
de gentils à JÉSUS-CHRIST. On dit que là aussi, il écrivit son Évangile que l’on
montre encore à présent dans l’église d’Aquilée, où on le garde avec grand
respect. Enfin saint Marc conduisit à Rome, auprès de saint Pierre, un citoyen
d’Aquilée, nommé Ermagoras, qu’il avait converti à la
foi afin que l’Apôtre le consacrât évêque d’Aquilée. Ermagoras,
après avoir reçu la charge du pontificat, gouverna avec zèle cette église :
il fut pris ensuite par les infidèles et reçut la couronne du martyre. Pour
saint Marc, il fut envoyé par saint Pierre à Alexandrie, où il prêcha le
premier la Parole de Dieu(3). À son entrée dans cette
ville, au rapport de Philon, juif très disert, il se forma une assemblée
immense qui reçut la foi et pratiqua la dévotion et la continence. Papias,
évêque de Jérusalem, fait de lui le plus grand éloge en très beau langage ;
et voici ce que Pierre Damien dit à son sujet : « Il jouit d’une si
grande influence à Alexandrie, que tous ceux qui venaient en foule pour être
instruits dans la foi, atteignirent bientôt le sommet de la perfection, par la
pratique de la continence ; et de toutes sortes de bonnes œuvres, en sorte
que l’on eût dit une communauté de moines. On devait ce résultat moins aux
miracles extraordinaires de saint Marc et à l’éloquence de ses prédications, qu’à
ses exemples éminents. » Le même Pierre Damien ajoute qu’après sa mort,
son corps fut ramené en Italie, afin que la terre où il lui avait été donné d’écrire
son Évangile, eût l’honneur de posséder ses dépouilles sacrées. « Tu es
heureuse, ô Alexandrie, d’avoir été arrosée de son sang glorieux, comme toi,
Italie, tu ne l’es pas moins de posséder un si rare trésor. »
(2) Ordéric Vital raconte (Hist. Eccl., part. I, liv.
II, c. XX) chacun des faits consignés dans la légende de saint Marc.
(3) Saint
Jérôme, Vir. illustr., c. VIII ; -
Clément d’Alexandrie, dans Eusèbe, l. II, c. XV ; Eusèbe, c.
XVI ; Epiphan., LI, c. VI ; saint Jér., ibid.
On
rapporte que saint Marc fut doué d’une si grande Humilité qu’il se coupa le
pouce afin que l’on ne songeât pas à l’ordonner prêtre(4).
Mais par une disposition de Dieu, et par l’autorité de saint Pierre, il fut
choisi pour évêque d’Alexandrie. À son entrée dans cette ville, sa chaussure se
rompit et se déchira subitement ; il comprit intérieurement ce que cela
signifiait, et dit : « Vraiment, le Seigneur a raccourci mon chemin,
et Satan ne sera pas un obstacle pour moi, puisque le Seigneur m’a absous des œuvres
de mort. » Or Marc, voyant un savetier qui cousait de vieilles chaussures,
lui donna la sienne à raccommoder : mais en le faisant, l’ouvrier se
blessa grièvement à la main gauche, et se mit à crier : « Unique
Dieu. » En l’entendant, l’homme de Dieu dit : « Vraiment le
Seigneur a rendu mon voyage heureux. » Alors il fit de la boue avec sa
salive et de la terre, l’appliqua sur la main du savetier qui fut immédiatement
guéri. Cet homme, voyant le pouvoir extraordinaire de Marc, le fit entrer chez
lui et lui demanda qui il était, et d’où il venait. Marc lui avoua être le
serviteur du Seigneur JÉSUS.
(4) Isidore de Sév., Vies et morts illustres, ch. LIV.
Le
savetier lui dit : « Je voudrais bien le voir ! » « Je
te le montrerai, lui répondit saint Marc. » Il se mit alors à lui annoncer
l’Évangile de JÉSUS-CHRIST et le baptisa avec tous ceux de sa maison. Les
habitants de la ville ayant appris l’arrivée d’un Galiléen, qui méprisait les
sacrifices de leurs dieux, lui tendirent des pièges. Saint Marc, en ayant été
instruit, ordonna évêque Anianus, cet homme-là-même
qu’il avait guéri(5),
et partit pour la Pentapole où il resta deux ans, après lesquels il revint à
Alexandrie. Il y avait fait élever une église sur les rochers qui bordent la
mer, dans un lieu appelé Bucculi(6) ;
il y trouva le nombre des chrétiens augmenté. Or, les prêtres des temples cherchèrent
à le prendre ; et le jour de Pâques, comme saint Marc célébrait la messe,
ils s’assemblèrent tous au lieu où était le saint, lui attachèrent une corde au
cou et le traînèrent par toute la ville en disant : « Traînons le
buffle au Bucculi(7). »
Sa chair et son sang étaient épars sur la terre et couvraient les pierres,
ensuite il fut enfermé dans une prison où un ange le fortifia. Le Seigneur JÉSUS-CHRIST
lui-même daigna le visiter et lui dit, pour le conforter : « La paix
soit avec toi, Marc, mon évangéliste ; ne crains rien car je suis avec toi
pour te délivrer. » Le matin arrivé, ils lui jettent encore une fois une corde
au cou, et le traînent çà-et-là en criant : « Traînez le buffle au Bucculi. » Au milieu de ce supplice, Marc
rendait grâce à Dieu en disant : « Je remets mon esprit entre vos
mains. » Et, en prononçant ces mots, il expira. C’était sous Néron, vers l’an 57.
Comme les païens voulaient le brûler, soudain, l’air se trouble, une grêle s’annonce,
les tonnerres grondent, les éclairs brillent, tout le monde s’empresse de fuir,
et le corps du saint reste intact. Les chrétiens le prirent et l’ensevelirent
dans l’église en toute révérence. Voici le portrait de saint Marc(8) :
Il avait le nez long, les sourcils abaissés, les yeux beaux, le front un peu
chauve, la barbe épaisse. Il était de belles manières, d’un âge moyen ;
ses cheveux commençaient à blanchir, il était affectueux, plein de mesure et
rempli de la grâce de Dieu. Saint Ambroise dit de lui : « Comme le
bienheureux Marc brillait par des miracles sans nombre, il arriva qu’un
cordonnier, auquel il avait donné sa chaussure à raccommoder, se perça la main
gauche dans son travail, et en se faisant la blessure, il cria : « Unique
Dieu ! » Le serviteur de Dieu fut tout joyeux de l’entendre : il
prit de la boue qu’il fit avec sa salive, en oignit la main de l’ouvrier qu’il
guérit à l’instant et avec laquelle cet homme put continuer son travail. Comme
le Sauveur, il guérit aussi un aveugle-né. »
(5) Actes de
saint Marc.
(6) Probablement :
l’abattoir.
(7) À l’abattoir.
(8) Un manuscrit de la Bibliothèque de
Saint-Victor, coté 28 et cité par Ducange, donne en
ces termes le portrait du saint.
L’an de l’Ascension du Seigneur, du temps de l’empereur Néron, des
Vénitiens transportèrent le corps de saint Marc d’Alexandrie à Venise, où fut
élevée, en l’honneur du saint, une église d’une merveilleuse beauté. Des
marchands vénitiens, étant allés à Alexandrie, firent tant par dons et par
promesses auprès de deux prêtres, gardiens du corps de saint Marc, que ceux-ci
le laissèrent enlever en cachette et emporter à Venise. Mais comme on levait le
corps du tombeau, une odeur si pénétrante se répandit dans Alexandrie que tout
le monde s’émerveillait d’où pouvait venir une pareille suavité. Or, comme les
marchands étaient en pleine mer, ils découvrirent aux navires qui allaient de
conserve avec eux qu’ils portaient le corps de saint Marc ; un des gens
dit : « C’est probablement le corps de quelque Égyptien que l’on vous
a donné, et vous pensez emporter le corps de saint Marc. » Aussitôt le navire
qui portait le corps de saint Marc vira de bord avec une merveilleuse célérité
et se heurtant contre le navire où se trouvait celui qui venait de parler, il
en brisa un côté. Il ne s’éloigna point avant que tous ceux qui étaient à bord n’eussent
acclamé qu’ils croyaient que le corps de saint Marc s’y trouvât.
Une nuit, les navires étaient emportés par un courant très rapide, et
les nautoniers, ballottés par la tempête et enveloppés de ténèbres, ne savaient
où ils allaient ; saint Marc apparut au moine gardien de son corps, et lui
dit : « Dis à tout ce monde de carguer vite les voiles, car ils ne
sont pas loin de la terre. » Et on les cargua. Quand le matin fut venu, on
se trouvait vis-à-vis d’une île. Or, comme on longeait divers rivages, et qu’on
cachait à tous le saint trésor, des habitants vinrent et crièrent :
« Oh ! que vous êtes heureux, vous qui portez le corps de saint Marc !
Permettez que nous lui rendions nos profonds hommages. » Un matelot encore
tout à fait incrédule est saisi par le démon et vexé jusqu’au moment où, amené
auprès du corps, il avoua qu’il croyait que c’était celui de saint Marc. Après
avoir été délivré, il rendit gloire à Dieu et eut par la suite une grande dévotion
au saint. Il arriva que pour conserver avec plus de précaution le corps de
saint Marc, on le déposa au bas d’une colonne de marbre, en présence d’un petit
nombre de personnes ; mais par le cours du temps, les témoins étant morts,
personne ne pouvait savoir, ni reconnaître, à aucun indice, l’endroit où était
le saint trésor. Il y eut des pleurs dans le clergé, une grande désolation chez
les laïcs, et un chagrin profond dans tous. La peur de ce peuple dévot était en
effet qu’un patron si recommandable n’eût été enlevé furtivement. Alors, on
indique un jeûne solennel, on ordonne une procession plus solennelle encore ;
mais voici que sous les yeux, et à la surprise de tout le monde, les pierres se
détachent de la colonne et laissent voir à découvert la châsse où le corps
était caché. À l’instant on rend des actions de grâces au Créateur qui a daigné
révéler le saint patron ; et ce jour, illustré par la gloire d’un si grand
prodige, fut fêté dans la suite des temps (au 25 avril).
Un jeune homme, tourmenté par un cancer dont les vers lui rongeaient la
poitrine, se mit à implorer d’un cœur dévoué les suffrages de saint Marc ;
et voici que dans son sommeil, un homme en habit de pèlerin lui apparut se
hâtant dans sa marche. Il lui demanda qui il était et où il allait en marchant
si vite, il lui répondit qu’il était saint Marc, qu’il courait porter secours à
un navire en péril qui l’invoquait. Alors il étendit la main, en toucha le
malade qui, le matin à son réveil, se sentit complètement guéri. Un instant
après le navire entra dans le port de Venise et ceux qui étaient à bord
racontèrent le péril dans lequel ils s’étaient trouvés, et comme saint Marc
leur était venu en aide. On rendit grâce pour ces deux miracles et Dieu fut
proclamé admirable dans Marc, son saint.
Des marchands de Venise qui allaient à Alexandrie sur un vaisseau
sarrasin, se voyant dans un péril imminent, se jettent dans une chaloupe,
coupent l’amarre, et aussitôt le navire est englouti dans les flots qui
enveloppent tous les Sarrasins. L’un d’eux invoqua saint Marc et fit, comme il
put, vœu de recevoir le baptême et de visiter son église, s’il lui prêtait
secours. À l’instant, un personnage éclatant lui apparut, l’arracha des flots
et le mit avec les autres dans la chaloupe. Arrivé à Alexandrie, il fut ingrat
envers son libérateur et ne se pressa ni d’aller à l’église de saint Marc, ni
de recevoir les sacrements de notre foi. Derechef, saint Marc lui apparut et
lui reprocha son ingratitude. Il rentra donc en lui-même, vint à Venise, et,
régénéré dans les fonts sacrés du baptême, il reçut le nom de Marc. Sa foi en JÉSUS-CHRIST
fut parfaite et il finit sa vie dans les bonnes œuvres.
- Un homme qui travaillait au haut du campanile de saint Marc de
Venise, tombe tout à coup à l’improviste, ses membres sont déchirés par
lambeaux, mais, dans sa chute, il se rappelle saint Marc, et implore son
patronage, alors il rencontre une poutre qui le retient. On lui donne une corde
et il s’en relève sans blessure ; il remonte ensuite à son travail avec
dévotion pour le terminer.
- Un esclave au service d’un noble habitant de la Provence, avait
fait vœu de visiter le corps de saint Marc, mais il n’en pouvait obtenir la
permission ; enfin il tint moins de compte de la peur de son maître
temporel que de son maître céleste. Sans prendre congé, il partit avec dévotion
pour accomplir son vœu. À son retour, le maître, qui était fâché, ordonna de
lui arracher les yeux. Cet homme cruel fut favorisé dans son dessein par des
hommes plus cruels encore qui jettent, par terre, le serviteur de Dieu, lequel
invoquait saint Marc, et s’approchent avec des poinçons pour lui crever les
yeux ; les efforts qu’ils tentent sont inutiles, car le fer se rebroussait
et se cassait tout d’un coup. Il ordonne donc que ses jambes soient rompues et
ses pieds coupés à coups de haches, mais le fer qui est dur de sa nature s’amollit.
Il ordonne qu’on lui brise la figure et les dents avec des maillets de fer ;
le fer perd sa force et s’émousse par la puissance de Dieu. À cette vue, son
maître stupéfait demanda pardon et alla avec son esclave visiter en grande
dévotion le tombeau de saint Marc.
- Un soldat reçut au bras, dans une bataille, une blessure telle
que sa main restait pendante. Les médecins et ses amis lui conseillaient de la
faire amputer ; mais ce soldat qui était preux, honteux d’être manchot, se
fit remettre la main à sa place et l’assujettit avec des bandeaux sans aucun
médicament. Il invoqua les suffrages de saint Marc et sa main fut guérie
aussitôt ; il n’y resta qu’une cicatrice qui fut un témoignage d’un si
grand miracle et un monument d’un pareil bienfait.
- Un homme de la ville de Mantoue, faussement accusé par des
envieux, fut mis en prison, où, après être resté 40 jours dans le plus
grand ennui, il se mortifia par un jeûne de trois jours en invoquant le
patronage de saint Marc. Ce saint lui apparaît et lui commande de sortir avec
confiance de sa prison. Cet homme, que l’ennui avait endormi, ne se mit pas en
peine d’obéir aux ordres du saint, tout en se croyant le jouet d’une illusion.
Il eut une seconde et une troisième apparitions du saint qui lui renouvela les
mêmes ordres. Revenu à lui, et voyant la porte ouverte, il sortit avec
confiance de la prison et brisa ses entraves comme si c’eût été des liens d’étoupes.
Il marchait donc en plein jour au milieu des gardes et des autres personnes
présentes sans être vu, tandis que lui voyait tout le monde. Il vint au tombeau
de saint Marc pour s’acquitter dévotement de sa dette de remerciements.
L’Apulie
entière était en proie à la stérilité, et pas une goutte de pluie n’arrosait
cette terre. Alors il fut révélé que c’était un châtiment de ce qu’on ne
célébrait pas la fête de saint Marc. Donc on invoqua ce saint et on promit de
fêter avec solennité le jour de sa fête(9).
Le saint fit cesser la stérilité et renaître l’abondance en donnant un air pur
et une pluie convenable.
(9) Le jour de la Saint-Marc (25
avril) est le premier des 4 jours des Rogations, les 3 autres étant les 3 jours
qui précèdent l’Ascension du Seigneur.
Aux
environs de l’an 1212, il y avait à Pavie, dans le couvent des Frères
Prêcheurs, un frère de sainte et religieuse vie nommé Julien, originaire de
Faënza, jeune de corps mais vieux d’esprit ; dans sa dernière maladie il s’inquiéta
de son état auprès du prieur, qui lui répondit que sa mort était prochaine.
Aussitôt la figure du malade devint resplendissante de joie et il se mit à
crier en applaudissant des mains et de tous ses membres : « Faites
place, mes frères, car ce sera dans un excès d’allégresse que mon âme va sortir
de mon corps, depuis que j’ai entendu d’agréables nouvelles. » Et, en
élevant les mains au ciel, il se mit à dire : « Educ
de custodia animam meam,
etc. Seigneur, tirez mon âme de sa prison. Malheureux homme que je suis !
qui me délivrera de ce corps de mort ? » Il s’endormit alors d’un
léger sommeil, et vit venir à lui saint Marc qui se plaça à côté de son lit ;
et une voix qui s’adressait au saint, lui dit : « Que faites-vous,
ici, ô Marc ? » Celui-ci répondit : « Je suis venu trouver
ce mourant, parce que son ministère a été agréable à Dieu. » La voix se
fit encore entendre : « Comment se fait-il que de tous les saints, ce
soit vous de préférence qui soyez venu à lui ? » « C’est,
répondit-il, parce qu’il a eu pour moi une dévotion spéciale et qu’il a visité
avec une dévotion toute particulière le lieu où repose mon corps. C’est donc
pour cela que je suis venu le visiter à l’heure de sa mort. » Et voici que
des hommes couverts d’aubes blanches remplirent toute la maison. Saint Marc
leur dit : « Que venez-vous faire ici ? » « Nous
venons, répondirent-ils, pour présenter l’âme de ce religieux devant le
Seigneur. » À son réveil, ce frère envoya chercher aussitôt le prieur qui
m’a lui-même raconté ces faits, et, lui rendant compte de tout ce qu’il avait
vu, il s’endormit heureux et en grande joie dans le Seigneur(10).
(10) La
traduction française de M. Jehan Batallier intercale ici un miracle que le
texte latin ne fournit pas, et que nous copions :
« Un chevalier
en armure chevauchait un pont, le cheval chut sur le pont, et le chevalier chut
à l’eau. Et comme il vit que ses propres forces ne lui suffiraient pas, il
réclama l’aide de saint Marc : et le saint lui tendit une lance et le mit
hors de l’eau. C’est quand il vînt à Venise qu’il raconta le miracle et
accomplit son vœu envers saint Marc, dévotement. »
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