HOMÉLIE DU PÈRE RENÉ CHENESSEAU
(Extraits)
Père spirituel de Madame R.
Rolande vient de nous quitter, elle laisse dans nos vies un immense vide.
Elle tenait en effet parmi nous une très grande place pour l'ardeur de sa foi,
la fermeté de son espérance, l'immensité de sa charité, avec le profond désir
de se donner toute entière à l'Amour de Dieu et à l'amour des hommes.
Rolande n'a pas obtenu sur cette terre ce qu'elle avait tant demandé.
Aux yeux des hommes, sa vie a été une continuelle souffrance, depuis sa petite
enfance où elle perd sa mère, puis à ses continuelles maladies, sa faiblesse
physique, les épreuves familiales, particulièrement les séquelles de la maladie
de sa petite-fille Nathalie.
Comment était-ce possible ? Elle répondait "ne paix
infinie et si forte était en moi et un amour capable de tout. Comme je
comprenais le courage si paisible des martyrs !
"En même temps, Jésus me donnait une très grande connaissance du
Père, du Fils et du Saint-Esprit, connaissance de leur relation d'Amour entre Eux
et dans laquelle je me trouvais, en quelque sorte.
"Cela m'a été donné avec une infinie douceur et tendresse, mais
aussi une telle force que j'ai cru mourir.
"Mais comment exprimer par des pauvres mots humains ce qui dépasse
toute connaissance, toute expression, toute autre expérience ?
Elle avait souvent une custode dans la main. Elle l'ouvrait, regardait
Jésus avec beaucoup d'amour et souvent en l'appelant au secours.
"Ce qui est primordial pour moi, disait Rolande, c'est l'oraison et
l'Eucharistie est la Vie de ma vie, signe de la présence choisie par Lui-même,
la veille de Sa Mort et qui se perpétuera jusqu'à la fin des temps. "A la
fin de notre vie, Jésus nous posera cette question : "Qu'as-tu
fait du cœur de ta mère ?" S'Il me la pose à moi, je pourrai lui
répondre : "Je l'ai pris par cœur, oui, j'en ai abusé, j'en ai
extrait tout l'amour que j'ai pu : cet amour, je l'ai substitué à mon
manque d'amour à moi, au manque d'amour de tous : hommes pécheurs, à nous
ses enfants, et cet amour de ma mère, de notre mère, je l'ai donné, donné comme
d'une source intarissable pour la Rédemption de tous les hommes de la
terre !"
En terminant ce bref regard sur Rolande, il faut dire combien elle avait
le souci de la perfection, dans tous les domaines de sa vie familiale : la
perfection dans les vêtements, la perfection dans l'accueil, la perfection dans
toutes choses.
L'explication de cette perfection, elle l'indique elle-même :
"Ce sont ces détails humains qui, je crois, feront comprendre que Dieu est
un Dieu d'Amour, que le Christ est vivant dans notre vie humaine et que vivre
profondément avec Lui dans cette foi ardente, un amour absolu et un don total
de lui-même, loin d'être un obstacle à notre vie humaine quelle soit, ne ferait
que l'épanouir pleinement, nous aide à la vivre en toute chose avec une
perfection de plus en plus grande et chaleureuse."
Le mystère de Rolande est comme un astre dans le ciel de l'Église. En
effet, Rolande a beaucoup reçu de grâces dans l'Église par le Sacerdoce.
Quand elle avait quinze ans, elle était si malheureuse qu'elle était
tentée de se suicider : c'est un prêtre, le Père Alphonse Lalier, qui l'a
sauvée. Pendant trente ans, ce prêtre l’admirablement guidée sur les sentiers
de l'union à Dieu.
C'est beaucoup grâce à ce prêtre que Rolande a été si loin dans l'amour
de Dieu et des hommes.
Rolande est un tel cadeau aux hommes et à l'Église, un cadeau difficile
à découvrir et comprendre, que ce serait bien que ce cadeau puisse être mieux
reçu et compris. Amen !
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