Les éditions DMM
viennent de rééditer Jules l'imposteur, écrit par François Brigneau en 1981,
sur Jules Ferry, le père de l'école laïque. Cette réédition tombe à pic, après
l'hommage de François Hollande à cet anticlérical. Jules Ferry, ministre de
l’instruction publique, s'était donné pour mission de « changer le cœur de ce vieux
peuple monarchiste et chrétien. » Pour parvenir à ce but, il a
voulu : la dissolution des congrégations, la laïcisation de l’enseignement
et la séparation de l’Église et de l’État. Le 15 Mars 1879 Ferry
dépose une proposition sur l’enseignement, dont l’article 7 stipule que nul n’est admis à diriger un
établissement public ou privé, de quelque ordre qu’il soit ni à donner
l’enseignement, s’il appartient à une congrégation non autorisée.
Or l’enseignement privé était essentiellement dirigé par des congrégations que
la Révolution avaient mises hors la loi, et qui étaient revenues sans avoir
jamais été officiellement reconnues.
Le gouvernement publie un décret
d’expulsion et ces dernières commencent le 29 Juin 1880 par La Compagnie de Jésus
rue de Sèvres avant de se généraliser :
"Les serrures des portes de chaque
cellule sont crochetées. Quand les serrures résistent on enfonce les portes.
Les religieux sont agrippés, tirés, poussés dehors. Ce sont des vieillards très
souvent. L'un d'eux, le Père Hus montre ses jambes déformées.
- J'ai 78 ans, dit-il. Je suis
asthmatique et impotent. Il m'est impossible de marcher. C'est dans les
établissements de Cayenne, au service de la France, que j'ai contracté ces
douleurs.
On l'emporte. Ce sont les ordres. [...] On
entraîne un autre vieillard. Celui-là proteste. C'est le Père Lefebvre. Il crie :
- Vous n'avez pas honte !
Les hommes de la Commune m'avaient laissé ici. Et vous, vous me chassez !
Dehors, la foule gronde et prie. Dix mille
chrétiens, agenouillés, dans les fleurs coupées, chantent leurs cantiques, à voix
basse. [...]"
Le 31 décembre, Jules Ferry se satisfait :
261 couvents ont été
vidés et 5641 religieux expulsés. Comme on le voit, la défense
de la liberté scolaire est une vieille affaire.
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