Le
Cardinal Angelo Bagnasco dénonce un « nettoyage ethnique
ou religieux » antichrétien au
Moyen-Orient
26 janvier 2011
Dans certaines parties
du monde les persécutions antichrétiennes prennent de plus en plus la tournure
d’un véritable « nettoyage ethnique
ou religieux », a déclaré lundi le cardinal Angelo Bagnasco en ouvrant
les travaux de la séance hivernale du Conseil épiscopal permanent italien,
réuni à Ancône jusqu’au 27 janvier prochain.
Dès le début de son
discours, le président de la Conférence épiscopale italienne (CEI) a évoqué le
massacre survenu le 1er janvier dernier devant l’Église des Saints
(Al-Qiddissine), à Alexandrie, en Égypte,
causant la mort de 23 chrétiens et fait 90 blessés.
Cet épisode, a-t-il
dit, « a été probablement celui au-delà
duquel l’opinion publique ne pouvait plus faire semblant de ne pas voir, le
point culminant de situations de persécution vécues ces derniers temps dans
plusieurs régions du monde, et dont les chrétiens ont été les victimes
désignées ».
Les chrétiens, a ajouté
le cardinal, sont depuis longtemps le groupe religieux qui « subit le plus grand nombre de persécutions pour leur foi. Un
crescendo d’épisodes sanglants qui, au fil des mois, ont touché l’Inde, le
Pakistan, les Philippines, le Soudan, le Nigéria, l’Érythrée et la Somalie.
Mais les faits les plus graves ont eu lieu en Irak puis en Égypte »,
a-t-il relevé.
Malgré les diverses
situations géopolitiques qui entourent ces faits, le Moyen-Orient, a poursuivi
le président de la CEI, est certainement la région où « la tension est la plus élevée », où « la christianophobie, version la plus
courante de l’intolérance religieuse, n’est pas loin désormais de prendre la
forme d’un nettoyage ethnique ou religieux, bien que les chrétiens ne soient
certes pas une composante ajoutée ou importée ».
Pendant des siècles,
cette terre, a été « un laboratoire
de cohabitation entre croyances et ethnies différentes », a-t-il
ajouté.
Voilà pourquoi, a expliqué
le cardinal Bagnasco, « on peut et
on doit poser de toute urgence la question de la liberté religieuses devant les
organismes internationaux (Union européenne, ONU…), afin d’ouvrir les yeux et de les garder ouverts, en insistant pour
obtenir, dans chaque État, un système minimum de garanties réelles pour la
liberté de toutes les religions », ou alors « instituer des
observatoires internationaux en mesure de contrôler ce qui se passe réellement
sur chaque territoire ».
Mais pour le président
de la CEI, il faudrait aussi que cette question de la liberté religieuse soit
soulevée lors de discussions multilatérales, lors de rencontres bilatérales, à
l’occasion de rapports informels entre représentants de divers pays.
Affirmant qu‘il existe aussi des « menaces sournoises
à une liberté religieuse effective » dans les pays de tradition
démocratique, à commencer par les pays européens, le prélat a mis en
garde contre « les pièges subtils
de l’hypocrisie » qui induisent à chercher ailleurs ce qui se produit en fait à nos portes.
Le cardinal Bagnasco
faisait en autre allusion à la sentence de la cour européenne des droits de
l’homme du 3 novembre 2009, qui avait rejeté la présence du crucifix dans les
salles de classe des écoles publiques italiennes.
Il a ensuite parlé d’un
« mal subtil » qui est en
train de gagner toute l’Europe, provoquant « une lente et sourde marginalisation du christianisme, où les
discriminations apparaissent parfois de manière évidentes mais aussi sous forme
silencieuse en étouffant les libertés
fondamentales ».
Le cardinal a également
fait état de la préoccupation des évêques dans l’imposition de limites à
l’objection de conscience dans des cas éthiques graves comme l’avortement.
« Marginaliser des symboles, isoler des contenus,
dénigrer des personnes, est une arme pour induire au conformisme, pour calmer
les positions qui dérangent, c’est troubler les sujets porteurs d’un témoignage
en faveur de valeurs auxquelles ils croient librement », a-t-il conclu.
Côme Dubois
(source : Zenit)
--