LE SIGNE DE LA CROIX
Signe du chrétien, parce que Jésus-Christ
est mort sur la Croix pour notre salut, le signe de la Croix, fait avec foi et
respect, possède une grande puissance. Il fortifie notre foi, chasse le diable
et la tentation, et peut nous obtenir toutes sortes de grâces. Pourtant, est-il
prière plus brève et plus facile ?
Voici
un trait qui a été raconté à des témoins très dignes de foi, par l'illustre
général des Dominicains, le Rev. Père Jandel.
"Nous
possédons, dit la Semaine religieuse de Grenoble, toutes les preuves de ce
fait ; les dispositions sont entre nos mains."
Le
Père Jandel avait prêché à Lyon sur la puissance du signe de la Croix. Au
sortir de la cathédrale, il fut rejoint par un homme qui lui dit :
"Monsieur, croyez-vous à ce que vous venez
d'enseigner ?
- Monsieur,
je n'enseigne que ce que je crois. La vertu du signe de notre salut est
reconnue par l'Église ; elle est certaine, indubitable.
- Vraiment !
répond son interlocuteur étonné. Eh bien ! moi, je suis franc-maçon, et je
ne cois pas. Je vous propose de mettre à l'épreuve le signe de la croix. Tous
les soirs, nous nous réunissons dans telle rue, à tel numéro ; le démon
vient lui-même présider la séance. Venez ce soir avec moi, nous nous tiendrons
à la porte de la salle ; vous ferez le signe de la Croix sur l'assemblée,
et je verrai si ce que vous avez dit est vrai.
- Je
crois au pouvoir du signe de la Croix, répondit le Père Jandel, mais il ne
m'est pas permis de tenter Dieu ou de soumettre ma foi à des épreuves
téméraires. Donnez-moi trois jours pour réfléchir.
- Quand
vous voudrez éprouver votre foi, je suis à vos ordres, reprend encore le franc
maçon. Et il donne son adresse au dominicain;
Le
Père Jandel se rend aussitôt auprès de Mgr de Bonald et lui demande s'il peut
refuser ce défi, si l'honneur de la religion n'y est pas intéressé ? L'archevêque
réunit quelques théologiens, et discute longtemps le pour et le contre de cette
démarche. Enfin, tous finissent par être d'avis que le Père Jandel doit
accepter.
"Allez
mon fils, lui dit alors l'archevêque en le bénissant, et que Dieu soit avec
vous !"
Quarante-huit
heures restaient au Père Jandel. Il les pressa à prier, à se mortifier, à se
recommander aux prières de ses amis ; et vers le soir du jour désigné, il
vint frapper à la porte du franc-maçon. Celui-ci l'attendait. Rien ne pouvait
révéler le religieux : il était vêtu d'un habit laïque, seulement il avait
caché sous cet habit une grande Croix.
Ils
partent et arrivent bientôt dans une grande salle, meublée avec beaucoup de
luxe, et si brillamment éclairée que les yeux étaient éblouis. Ils s'arrêtent à
la porte. Peu à peu, la salle se remplit, et tous les sièges allaient être
occupés, lorsque le démon entra. Son apparence ne trahissait rien.
"le
voilà !" dit l'interlocuteur au Père Jandel.
Aussitôt,
tirant de sa poitrine le crucifix qu'il y tient caché, le religieux lève ses
deux mains, et forme sur l'assistance le signe de la Croix. Un coup de foudre
n'aurait pas eu un résultat plus inattendu, plus subit, plus éclatant. Les bougies
s'éteignent, les sièges tombent renversés les uns sur les autres, tous es
assistants s'enfuient...
Le
franc-maçon entraîne le Père Jandel. Et quand ils sont loin, sans pouvoir se
rendre compte de la manière dont il a échappé aux ténèbres et à la confusion,
l'adepte de Satan se précipite aux genoux du prêtre :
"je
crois, lui dit-il, je crois ! priez pour moi, convertissez-moi,
instruisez-moi..."
Le
père Jandel n'a pas nommé ce franc-maçon, mais il a déclaré que sincèrement
converti, il a depuis mené la vie la plus édifiante.
Au-delà des mots
On
ne saurait croire combien il importe de faire avec respect et religion le très
saint signe de la Croix ! écrit Mgr de Ségur. Un chrétien qui prendrait à cœur
cette pratique de piété si simple en verrait bientôt les excellents effets.
Rien n'est édifiant comme de voir un chrétien faite dignement un grand signe de
Croix, bien catholique, bien religieux.
Le
célèbre Père de Ravignan faisait toujours son signe de Croix avec un soin
scrupuleux. On voyait qu'il était fier de former sur son front et sur son corps
le signe de Jésus-Christ, la marque du chrétien. Par là, il prêchait avant même
de prêcher, et avant d'avoir dit une seule parole, il avait déjà fait sur ses
auditeurs une impression profonde. Un ministre protestant, qui était venu
l'entendre un jour à Notre-Dame de Paris, dit à son voisin, après avoir vu le
vénérable religieux se signer avec une si saints et si majestueuse
gravité : "Il a déjà prêché ; le sermon est fini, nous pourrions
partir."
Un
signe de Croix bien fait recueille l'âme extraordinairement, unit à Dieu du
fond du cœur, chasse le démon et dissipe puissamment les tentations, donne au
chrétien un grand esprit de foi et préserve de la dissipation et de la légèreté
mondaine. Fait avec négligence, le signe de la Croix perd toute sa vertu et n'a
plus aucune influence sur la piété.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Xavier_de_Ravignan
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Vincent_Jandel
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1953_num_39_132_3138
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