.FRANCE :
LA FIN DES TRAINS DE PÈLERINAGE ?
D’autant
plus inadmissible que les organisateurs religieux travaillent de concert avec
la SNCF
De Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France, paru le 17 juin dans la Croix du Nord au sujet du risque de suppression des trains de pèlerinag. Mettons cela dans nos intentions de prière et faisons-le connaître autour de chacun de nous.
Ami pèlerin
ferroviaire, tu l'aimes ton « train de Lourdes ». Tu vibres à la
perspective de le prendre annuellement. Il porte un nom de couleur ou de région
auquel tu t'identifies. Une ambiance sans pareille y règne durant le voyage. Tu
te lies à des amis. Vous vous retrouvez entre deux pélés dans une convivialité,
une union de prière.
Ami pèlerin, tu l'aimes
ton train marial. Il n'est franchement pas comme les autres dans tous les sens
du terme : il roule à « pas d'heure ». Il te plante parfois en
rase campagne. Il n'a pas toujours la jeunesse ou le confort des trains de
chaque jour. Un autre contact s'y noue cependant avec les membres du personnel.
Ami pèlerin, tu en fais des économies pour t'inscrire à ce départ tant
attendu ! Tu t'y ressources joyeusement. Dans ton existence pas facile, tu
fais l'expérience, avec d'autres, d'un ensoleillement. Tu es souvent de
condition modeste. Tu es parfois handicapé, malade, chômeur. Le climat
fraternel te redonne confiance en l'autre... Les miracles ne s'accomplissent
pas qu'à Lourdes. Des miracles, tu en es témoin dans ces compartiments où les
cœurs se parlent, rient, cassent la croûte, prient, se confient...
Le matin de Pentecôte,
se susurrait au plus haut niveau de la SNCF, en direct à la radio, que ces
trains pas comme les autres, trains roses, verts, jaunes, auraient vécu ? Véritable séisme pour des centaines de
milliers de personnes. Propos contradictoires avec les assurances données
début juin aux différents directeurs de pèlerinages. Où est la vérité ?
« On ne peut plus assumer ces déplacements massifs aujourd'hui en de
bonnes conditions techniques de sécurité », plaide un des dirigeants des
chemins de fer. On ne peut plus ou on ne veut plus ?
Ami pèlerin, le sort
s'acharne sur toi. Jusqu'à présent, ton train accusait de fréquents retards. Tu
prenais ton mal en patience. Voici que disparaîtrait ce que tu connais depuis
tant d'années ? Évidemment tu es
catho, donc en principe compréhensif et miséricordieux devant les tracas à
répétition. Mais je sens monter en toi, comme en de multiples autres
semblables, un véritable ras le bol. Tout ceci est d'autant plus injuste que
les pèlerins de Lourdes sont « bons publics » depuis des lustres. Ils
consentent des frustrations qu'aucun autre groupe de clients ne supporterait.
Des non croyants le disent. Ceci est
d'autant plus incompréhensible que les responsables de pèlerinage acceptent une
hausse tarifaire supérieure à la hausse contractuelle. Ceci est d'autant
plus inadmissible que les organisateurs religieux travaillent de concert avec
la SNCF à une rationalisation des trains de pèlerinage.
Les catholiques ne sont
pas de doux rêveurs. Ils savent que nous ne sommes plus en 1950. Ils n'ignorent
pas les impératifs de compétitivité et de rénovation des voies auxquels est
acculée la grande maison du train français. Ils ne demandent pas la lune contre
rien. Ajoutons qu'ils représentent une clientèle potentielle et symbolique non
négligeable. Que l'on s'explique donc franchement sur la faisabilité des choses
pour le bonheur de tous. Beaucoup de
personnes humbles voient tout cela se décider au-dessus de leur tête. En
cette société marquée par l'individualisme, n'y a-t-il pas un signe fort à se
rendre ensemble vers le même but ? En pèlerins participant à la même
démarche.
Celui qui écrit ce bloc
notes a lui-même une carte de « très grand voyageur ». Son papier
n'est donc pas désincarné, n'éludant pas les contraintes qui pèsent fortement
dans la mondialisation. Raison de plus pour toujours humaniser ce qui peut
l'être.
Ami pèlerin, tu tiens à
ton train, non par égoïsme mais par altruisme, n'est-ce pas ? Seras-tu
entendu ?
Père Bernard Podvin
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