Saint Michel et
Belle-Ile-en-Mer
Le Père Marc Artigues, curé de la paroisse de Palais et de Locmaria, de passage au Mont Saint-Michel, nous a raconté
le fervent attachement des habitants de cette île du Morbihan pour saint
Michel. L’histoire de cette dévotion a pour originalité de s’appuyer sur un
culte très ancien mais aussi sur des faits contemporains. Avec les Bellilois,
rendons grâce pour l’efficace protection de notre archange.
PAROISSE DE PALAIS -
PAROISSE DE LOCMARIA
Un peu
d’histoire :
De temps immémorial,
saint Michel a été invoqué avec ferveur à Belle Ile. Une chapelle à Sauzon, une autre à Locmaria où
venaient jadis en pèlerinage toutes les paroisses de l’île, attestaient la
confiance des Bellilois envers l’archange dont la protection s’est encore
manifestée pendant la dernière guerre...
Dès 1940, après
l’appel du 18juin, lorsqu’on fit embarquer pour l’Afrique du Nord les hommes
valides de 17 à 50 ans, de nombreux Bellilois avaient reçu la médaille de
Saint-Michel et leur bateau, le “San Pedro” les débarqua sains et saufs à
Casablanca tandis que deux autres cargos du convoi furent torpillés au cours du
voyage. Ces mêmes hommes furent rapatriés et arrivèrent à Belle-Ile le 16
octobre suivant, en la fête de l’apparition de saint Michel sur le mont Tombe.
Puis vinrent les
jours sombres de novembre 1944. L’autorité militaire allemande avait ordonné
l’évacuation totale de l’île. On se réunit le soir à l’église, où l’on chanta
avec ardeur “Saint Michel, à notre
secours”. Cinq jours après, le vapeur “Emile Solacroup”
ramenait au port son chargement d’évacués :
l’évacuation était arrêtée.
C’est alors que le
chanoine Rio, curé-doyen, après avoir, dès le 1er octobre, consacré l’île à
saint Michel, fit vœu, le 8 décembre 1944, de lui élever une statue s’il protégeait
l’île et ramenait dans leurs foyers les habitants déjà évacués.
Quelques semaines
plus tard, une protection singulière sauva Belle-Ile d’un bombardement
d’artillerie de marine. À l’heure où allait sonner cette opération destinée à
détruire les objectifs militaires de l’île, mais aussi les agglomérations, les
marins alliés, à bord des cinq unités de marine, virent une étrange brume, très
épaisse, courir au ras de la mer et recouvrir l’île d’un rideau impénétrable,
malgré un vent violent qui aurait normalement dû la disperser. L’amiral
commandant le “Duquesne”, constatant la persistance de cette brume qui ne se
dissipait pas, lança l’ordre d’abandonner l’opération et de faire route sur
Gibraltar. C’était le 26 janvier 1945... Le 8 mai suivant, fête de l’apparition
de saint Michel sur le mont Gargano (Italie) au Vè siècle, l’Allemagne
capitulait. Le 10, Belle-Ile était libérée par des marins français. “Vous avez
une chance extraordinaire, dit alors un officier aux Bellilois, car après Royan
et Oléron, Belle-Ile devait être bombardée ce même jour”.
En présence de
marques si évidentes de la protection de saint Michel, on comprend
l’empressement des Bellilois à lui témoigner leur reconnaissance. Le 10 mai
1953, plus de 2.000 personnes, sur une population de 4.500, se rendaient en
procession, de toutes les paroisses, au pied du mémorial.
La cérémonie était
présidée par le chanoine Le Veu, successeur de M.
Rio, assisté des abbés Kersaho, recteur de Locmaria, Jossic, recteur de
Bangor, Kerjouan, recteur de Sauzon,
Gallen, aumônier de l’hôpital de Vannes, Le Bras,
aumônier de l’hôpital de Palais, Mirlat, missionnaire
diocésain, Bocher, Madoré, Juhel, vicaires à Palais. Assistèrent également à la
cérémonie, le colonel Hardouin, conseiller général et
maire de Palais, MM. Séveno, maire de Locmaria, Bihan, maire de Bangor,
Huel, maire de Sauzon, tous
les conseillers municipaux, toutes les sections des anciens combattants et
anciens prisonniers de guerre ainsi que tous les corps constitués de l’île.
Les croix, les
bannières et les drapeaux formaient ainsi un demi-cercle autour de la statue de
deux mètres, en granit de Kersanton, due au ciseau de
l’artiste bien connu Le Bozec, qui avait tenu à être
présent. S’inspirant des circonstances, le sculpteur a voulu représenter, non
pas l’ange combattant, mais l’ange protecteur intercédant pour ceux qui se
confient à lui, mains jointes, dans l’attitude de la prière.
Le 10 mai 1953,
carillons, discours et cantiques avaient retenti jusqu’aux rocs de la mer
sauvage, en l’honneur du protecteur des Bellilois, de leurs foyers et de leur
île.
Le dimanche le plus
près du 29 septembre, une célébration a lieu en plein air : procession à
la statue, célébration, prières... Cela dure environ trois quarts d’heure. Il y
a des paroissiens des quatre communes, environ 50 à 60 personnes.
Le Palais, Le curé
abbé Artigues
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