NOTRE
DAME
de
KERIO
en
Noyal-Muzillac
Morbihan (France)
Histoire
des Apparitions
Frère
Florien-Marie LE BOTERFF entouré de sa mère et de sa tante
Après les Apparitions de Pontmain (1871)
et de La Fraudais à Marie Julie Jahenny (1873),
et avant celle de Pellevoisin (1876)
LES APPARITIONS DE LA VIERGE
En septembre 1874 à Noyal-Muzillac
au diocèse de Vannes
En septembre 1874, au bas d’un vallon, près d’un bosquet,
en la paroisse
de Noyal-Muzillac,
la Vierge est apparue à un jeune homme.
Qui est ce jeune
homme ? C’est Jean-Pierre Le BOTERFF, fils de Jean-Marie Le Boterff,
garçon meunier et d’Anne-Noyale Le Borgne, déjà mère de trois enfants, d’un
premier mariage. Il est né le 15 octobre 1857 au village du Boisgestin. Très
jeune, il a une dévotion particulière à la Sainte Vierge. Il est fort probable,
que les soirs d’hiver on récite le chapelet en famille, comme c’était l’usage
en nos régions depuis les missions du Père de Montfort et de ses successeurs.
Il est certain que, très jeune, il a son chapelet et qu’il aime égrener les Ave
à sa Mère du Ciel. Ne dit-on pas en le voyant prier à l’église : “Il prie
comme un ange”. On aime sa gentillesse et sa franchise, il est toujours prêt à
rendre service.
Il fréquente l’école
communale dirigée par un Frère de Ploërmel. Il semble ne pas être très doué
pour les études. A douze ans, après sa première communion, il est placé comme
garçon de ferme chez Pierre-Marie Boulard qui exploite la ferme de Kério. Il
donne toute satisfaction à son maître, courageux au travail, ne se plaignant
jamais, toujours content, aimant jouer avec les enfants.
Le jeudi 10 septembre
1874, la femme Boulard, sa tante, veuve Dréno et le jeune valet coupent du mil
dans un champ en pente, en dessous du village. Contrairement à son habitude,
Jean-Pierre interrompt fréquemment son travail pour regarder dans la direction
du vallon, vers un bosquet. Quelque chose l’intrigue, mais il n’ose en parler.
Vers les dix heures, cependant, il se décide.
- Oh ! la
bourgeoise ! Regardez donc ! Vous ne voyez rien, par-dessus le
chêne, là-bas ... Une belle Dame tout en or.
- Tu rêves,
Jean-Pierre !
Et les deux femmes,
ayant levé la tête et ne voyant rien, se mettent à rire. Mais le jeune homme
vient à la charge de temps en temps.
- Mais, regardez
donc, la voilà.
- Je pense !...
Bah !... Tu nous embêtes.
Travaille ... Tout le
monde va se moquer de toi si tu te mets à raconter de pareilles histoires.
- Venez, nous allons
la voir.
On ne lui répond pas.
Vers onze heures, les deux femmes s’en vont préparer le repas. Une fois seul,
Jean-Pierre se sent poussé par une force invisible. Il met son chapeau sous son
bras et court vers le vallon.
La Dame porte une
robe bleue semée d’étoiles, une couronne d’argent au bout de la manche droite,
un manteau d’or, mais il ne voit ni ses pieds, ni ses mains, ni son visage. La
Dame lui parle.
- Viens, mon enfant,
n’aie pas peur. Je suis la Mère de Dieu. Prie beaucoup car je ne puis plus
soutenir le bras de mon Fils. Dimanche prochain, prends avec toi ton père ou ta
mère. Vous irez à Sainte-Anne d’Auray prier pour la Bretagne. Tu réciteras autant
de chapelets qu’il y a de grains à ton chapelet. Et ce pèlerinage tu le feras,
pieds nus, excepté dans les localités.
- Mais je ne suis pas
capable, j’aurai mal aux pieds !
- Non ! je
mettrai quelque chose sous tes pieds et tu n’auras pas mal ... Je te demande
aussi de venir prier ici jusqu’à ce que je te dise le contraire, si tes maîtres
ne s’y opposent pas.
Ses maîtres
l’attendent. Jean-Marie Boulard demande à sa femme : “Où donc est resté le
valet ?”
- Oh ! il est à
“foller” dans le vallon. Il dit voir une belle Dame, près du gros chêne.
Jean-Pierre arrive
peu après, tout triste et pâle, il dit : “Tout l’après-midi, je marcherai
pieds nus, en récitant le chapelet.”
- Pourquoi donc,
Jean-Pierre ?
-
C’est la Mère de Dieu
qui me le demande. Mais qu’est-ce que la Bretagne ?
Comme beaucoup de ses
compatriotes, il ignore même le nom de son pays.
Le soir il raconte à
sa mère, et à elle seule, ce qui lui est arrivé dans la journée. Il lui demande
de l’accompagner à Sainte-Anne d’Auray. “Je n’en parlerai pas à papa, il se
moquerait de moi.” Tous les soirs Jean-Pierre se rend au vallon. Il prie pour
les pécheurs et les âmes du Purgatoire pour répondre aux désirs de la Mère de
Dieu. Les grains du chapelet défilent entre ses doigts. C’est à regret, quand
il fait nuit, qu’il rentre à la maison.
Le dimanche soir,
après une visite au vallon, au moment où l’Angélus sonne, il prend, en
compagnie de sa mère, le chemin de Sainte-Anne d’Auray. Il se déchausse au
moulin de Kerdréan. Arrivé au village de Keruel il dit à sa mère :
- Est-ce qu’il n’y a
pas une fontaine par ici ?
- La voilà à notre
droite, regarde et bois si tu as soif.
Penché sur la
fontaine, il voit, et sa mère avec lui une belle clarté qui les éclaire aussi
bien qu’une pleine lune. Cette lumière les précède jusqu’à Sainte-Anne. Les
pèlerins se remettent en route. Les chapelets défilent les uns après les
autres. Ils prient pour la Bretagne et les âmes du Purgatoire.
Ils arrivent à
Sainte-Anne d’Auray, le lundi matin vers quatre heures. Ils assistent à la
messe et prient longuement pour toutes les intentions que la Vierge leur a
recommandées.
Leurs dévotions
terminées, vers sept heures, ils reprennent le chemin du retour. Les gens qui
les voient passer manifestent tout haut leur admiration pour ce jeune homme
marchant pieds nus, le chapelet à la main. Ils sont de retour à Noyal pour
l’Angélus du soir. La mère marche sur ses bas, la semelle de ses chaussures
étant complètement usée. Mais, ni l’un ni l’autre n’éprouvent la moindre
fatigue, bien qu’ayant parcouru quatre-vingts kilomètres en vingt-quatre
heures.
Jean-Pierre termine
la journée par une visite au vallon. Il prie aux intentions que la Vierge lui a
demandées. Elle ne vient pas remercier son fidèle serviteur. Cependant celui-ci
se trouve très heureux. Il a rempli sa mission.
Les jours suivants,
dès qu’il a un moment libre, il descend au vallon pour prier et peut-être aussi
dans l’espoir de revoir la Vierge Marie. Le mercredi midi il s’y rend, portant
dans ses bras le jeune Pierre Boulard, enfant de la ferme qui ne marche pas
encore. La Mère de Dieu l’attend. Elle est là, ravissante de beauté pleine de
clarté.
Cette fois il voit sa
figure et ses mains. L’Apparition est de courte durée. Marie ne lui parle pas.
Il semble que l’enfant continue à la voir par les gestes qu’il fait. Il tient
son regard fixé sur un point vers lequel, de sa petite main, il veut diriger le
regard de Jean-Pierre. De retour à la maison, il fait ses premiers pas. A
maintes reprises, il répète : “Maman là !”, en indiquant la direction
du vallon, comme pour demander à y retourner.
Le soir, à sept
heures, près du gros chêne, Jean-Pierre prie. La Mère de Dieu se montre à lui
“Elle se tient à
hauteur d’homme, dit-il, quand elle enlève son voile, mes yeux s’éblouissent
devant une telle beauté”. Elle lui parle.
- Je te remercie de
ta fidélité à remplir toutes mes recommandations. Tu ne me verras plus ici.
Continue à prier et à faire pénitence pour les pécheurs.
- Mais, il faudrait
un signe, autrement personne ne voudra me croire. On se moquera de moi.
- Des miracles en
seront le signe. De plus, tes détracteurs et les miens seront punis par des
pertes et des maladies. Ils ne sauront d’où viendront leurs malheurs.
Malgré son émotion,
il pose de nombreuses questions. Marie répond à toutes. Puis elle ajoute :
“Beaucoup de
personnes viendront me prier ici. Elles ne me verront pas, mais je serai là,
invisible, les écoutant, je ne promets pas de les exaucer toutes, aucune
cependant ne s’en ira sans se sentir soulagée.”
Elle lui confie pour
son confesseur plusieurs secrets que celui-ci devra transmettre à Monseigneur
Bécel, évêque de Vannes. Elle l’exhorte à entrer chez les Frères à Ploërmel,
c’est le désir de son Fils. Elle s’incline devant lui pour un au revoir, puis
elle disparaît.
Le lendemain matin
Jean-Pierre se rend au presbytère pour communiquer à son confesseur, l’abbé
Balet, vicaire, le message qu’il devra transmettre à l’Evêque. Dès qu’il
commence à parler, le vicaire l’arrête et lui dit : “Tu parles en latin”
?
- Je ne sais pas, je
vous dis ce que la Sainte Vierge m’a dit de vous dire pour Monseigneur.
Il continue son
récit, puis quand il a terminé l’abbé Balet ajoute : “Répète souvent ce
que tu viens de me dire, pour ne pas l’oublier”.
Sa mission achevée,
le jeune homme s’en retourne pour se remettre au travail. Le recteur, l’abbé
Corne, sans doute un peu fâché de n’avoir pas été choisi comme messager, semble
ignorer ce qui vient de se passer dans sa paroisse.
Que penser de ces
Apparitions ? Elles ne reposent que sur les déclarations de Jean-Pierre Le
Boterff. À la première il signale aux deux femmes qui sont avec lui la présence
d’une belle Dame dans le vallon. Elles regardent et ne voient rien. Le mercredi
midi son compagnon est trop jeune pour en garder le souvenir. Le mercredi soir,
il est seul. Cependant, il semble bien que personne ne met en doute les
déclarations du voyant, ni ses parents, ni ses maîtres, ni ceux qui connaissent
sa grande dévotion à la Vierge et son horreur du mensonge.
Il est regrettable
que le chef de la paroisse n’ait pas demandé une enquête officielle. II faut
reconnaître qu’il n’a pas empêché les gens d’aller prier dans le vallon. Il
faudra attendre l’arrivée de son successeur, l’abbé Michelot pour trouver dans
le cahier paroissial l’histoire des Apparitions et des guérisons obtenues au
lieu où la Vierge a daigné se montrer à Jean-Pierre le Boterff.
À ceux qui le
plaisantent, le jeune homme répond :
“J’ai vu ici la Mère
de Dieu. Elle m’a parlé, je ne mens pas. Je n’ai rien de plus à vous dire. Je
sais qu’on se moquera de moi, ça ne me fait pas peur.”
***
Après les
apparitions, Jean-Pierre, qui a oublié tout ce qu’il a appris à l’école,
réapprend, seul, à lire et à écrire (certainement aidé par sa bonne Mère du
Ciel), au grand étonnement de son entourage.
Chaque soir,
Jean-Pierre se rend au vallon pour prier. Il n’est pas seul, des personnes du
bourg et des environs l’attendent pour réciter le chapelet et chanter des
cantiques.
Un soir, la femme Le
Bot apporte une statuette de la Vierge, espérant obtenir la guérison de sa
fille sourde et muette ; d’autres fois, ce sont des images ou des bougies
qu’on apporte.
Jean-Pierre construit
un petit abri pour mettre la statuette et les images. On lui donne le nom de
GROTTE, nom qui restera dans la suite pour l’oratoire et la chapelle.
Ces rassemblements ne
plaisent pas aux esprits forts du pays. Un soir, trois d’entre eux s’en
viennent au vallon. Le plus audacieux prend la statuette dans ses mains et se
met à lui parler d’un ton gouailleur : “ C’est à moi qu’il fallait
apparaître, un homme intelligent et savant et non à un innocent, un fou qui ne
sait quoi répondre”. La nuit suivante, il tombe paralysé des deux jambes. Il ne
sera guéri que lorsqu’il reviendra demander pardon, quelques semaines plus
tard.
Le second, par
bravade et moquerie, bourre sa pipe et l’allume à un cierge. Peu de temps après
un cancer lui ronge la bouche. Le troisième, outré de l’audace de ses
compagnons, les prie de se taire, mais en vain.
***
Jean-Pierre, trouvant
trop petit le premier abri, décide d’en faire un autre plus grand. Avec des
branches d’arbres et des genêts pliés, il dresse une hutte. On peut y entrer
par une petite ouverture. Il y a place pour trois personnes. Il met à
l’intérieur la statuette, les images et les cierges. Les pèlerins restent
dehors pour la prière.
* Un soir de la
Toussaint, Marie Orjebin, domestique chez Mathurin Bily, qui depuis dix-sept
ans souffre du bras droit et ne peut s’en servir, vient à la grotte. Elle y
pénètre, récite le chapelet, demande à la Vierge sa guérison. Elle en sort, un
quart d’heure plus tard, guérie.
* Une nuit, il y a
grande tempête et pluie torrentielle. Le matin, la femme Boulard dit à son
valet :
“ Va voir ta grotte,
elle est par terre”. Il descend au vallon et revient, triomphant, disant :
- Il n’y a rien de
cassé. Elle n’est même pas mouillée. Toutes les images sont sèches.
Plusieurs personnes
descendent pour constater les faits par elles-mêmes. L’une s’écrie : C’est
un vrai miracle !”
La hutte va durer
jusqu’en 1876, date à laquelle Jean-Pierre entre chez les Frères à Ploërmel. Il
ne prendra donc part, ni à la construction de l’oratoire, ni à celle de la
chapelle. Sa mission est terminée, à d’autres de la continuer. Ils ne
manqueront pas.
1876 voit la
construction de l’oratoire en planches de sapin au même endroit. Il va durer
quatre ans. Le nombre des pèlerins ne cesse d’augmenter. Le 21juillet 1881, une
personne de Malestroit est incommodée par la chaleur des cierges. On la
transporte dehors, oubliant de fermer la porte. Un violent coup de vent
renverse les cierges qui mettent le feu aux planches. En quelques instants,
l’oratoire est réduit en cendres.
Les amis de Notre
Dame de Kério décident de bâtir une chapelle sur l’emplacement de l’oratoire.
Par suite d’un malentendu avec Monsieur Carré, propriétaire, celui-ci refuse de
céder son terrain.
Monsieur Mathurin
Bily décide d’acheter une parcelle avoisinante pour la construction de la
chapelle. On y pose la première pierre le 25 mars 1882, fête de l’Annonciation.
Tout se fait en dehors du clergé qui ne met aucune opposition.
Les travaux de
maçonnerie sont exécutés par l’entreprise Jégo. Les pierres de taille sont
fournies par la famille Cléro. Jean Le Roux monte la charpente dont le bois est
fourni par Jacques Guichon. Les ardoises sont achetées à Rochefort. Les travaux
sont terminés à la fin de l’année 1882. Ils se sont élevés entre cinq et six
mille francs.
Les dons et les
offrandes des pèlerins ont permis de payer la construction de la chapelle. Elle
est d’une très grande simplicité. Elle possède un bel autel en granit surmonté
d’une grande statue de la Vierge. Sur son socle, on peut lire : “Voeu 1890”,
puis, entre parenthèses les initiales de la famille de Klausmadeuc donatrice.
Par la suite Mr
Morissot, ancien maire de Noyal, devenu propriétaire du terrain des
Apparitions, fait élever une Croix de granit à l’endroit où se trouvait la
Vierge Marie. Sur le socle, une plaque de marbre porte cette inscription :
Des miracles seront
la preuve que je suis
descendue en ces lieux
en 1874.
* Un Noyalais, voyant
que des pèlerins demandent à boire, fait cette prière :
“Bonne Mère, vous
voyez bien que vos dévots ont soif, faites jaillir de l’eau pour qu’ils
puissent se désaltérer.” Confiant, il creuse un trou en bordure du chemin.
L’eau se met à jaillir.
* * *
L’abbé Michelot,
succédant à l’abbé Corric comme responsable de la paroisse, se renseigne sur
les Apparitions, il en fait un récit sur le cahier de la paroisse. Par la
suite, il note les guérisons dont il a connaissance. En voici
quelques-unes :
* En 1887, Jeanne
Noblet, épouse Drouet, de Malestroit, est atteinte de violentes crises
nerveuses. Elle souffre beaucoup. Elle vient prier la Vierge à Kério. Elle s’en
retourne guérie. Son mari se brise la cuisse gauche. Il promet de faire un
pèlerinage Kério s’il peut reprendre son travail de couvreur. Quelques jours
après, la guérison est complète. Il ne lui reste plus qu’à aller remercier sa
bienfaitrice.
* Vers 1889, Monsieur
François Jagoury de Saint-Martin-sur-Oust vient trouver l’abbé Michelot et lui
déclare qu’il était atteint de fréquents saignements de nez, que ni le docteur
Clouet, de Rochefort, ni le docteur Boucher, de Carentoir, n’ont pu les faire
cesser. Après un pèlerinage à Kério, il est complètement guéri.
* Le 11 juillet 1901,
Marie-Joseph Talbourdet, veuve Racouët, de Caden, vient en pèlerinage à Kério.
Le docteur de Rochefort qui la soigne a déclaré à ses proches qu’elle est
condamnée. Elle souffre du coeur, a de fréquents vomissements de sang et des difficultés
pour parler. Elle est conduite à Noyal par Mr Guillouche, maire de Caden, avec
quelques amies.
Les pèlerins
s’arrêtent au bourg. L’abbé Michelot constate le triste état de la malade.
Rendus à a chapelle, ils commencent la récitation du chapelet ; la
cinquième dizaine, la femme Racouët répond comme les autres, à leur grande
surprise. Elle est complètement guérie.
Mr Guillouche repasse
par le presbytère, le recteur constate la parfaite guérison. Comme les autres,
elle boit la bolée de cidre offert par M Michelot. Le 17 juillet, le docteur
Florency qui l’a vue le 10 du même mois, déclare qu’elle est complètement guérie.
* Madame Vaillant de
Malestroit, atteinte d’une aphonie complète depuis plusieurs années, vient en
pèlerinage à Kério avec plusieurs de ses enfants. Après quelques prières
récitées avec ferveur, elle recouvre complètement la voix. Elle récite le
chapelet à haute voix. Elle reviendra dans la suite plusieurs fois pour dire
merci.
Anne Plantard, de
Caro, a depuis longtemps un bras paralysé. Elle se rend à Kério. Elle est
soudainement et complètement guérie.
Le recteur de
paroisse ajoute : “C’est ce fait qui m’a fait connaître le pèlerinage de
Noyal.”
* Voici le récit que
m’a fait Mme R. le F., née en 1903, habitant Péaule, toujours vivante :
“Mon mari est mort en 1939, peu de temps avant la guerre. Je continue
l’exploitation de la ferme de vingt-huit hectares. Le 18 avril 1957, je tombe
dans ma maison, je me casse le tibia. On immobilise ma jambe dans mon lit par
un sac de sable.
La guérison se fait
attendre. J’entends des plaintes des voisins, mes bêtes vont sur leurs
terrains, causent des dégâts. Le 30 mai, jour de l’Ascension, je me décide à
aller à Kério demander à la Sainte Vierge de me guérir. Le matin je me rends à
l’église, je me confesse, j’assiste à la Messe, je communie. Je dis à la soeur
infirmière que je vais à Kério cet après-midi. Me voyant marcher appuyée sur
mes deux bâtons, elle me dit que c’est impossible. Je lui réponds : “et
pourtant j’irai !”
L’après-midi,
accompagnée d’une voisine, je prends le chemin de Kério, appuyée sur mes deux
bâtons. Dans la chapelle je prie longtemps la bonne Vierge. Je suis sûre
qu’elle m’entend. Je rentre chez moi. Le lendemain matin je me lève, je soigne
mes bêtes, je fais la traite. Depuis je n’ai jamais souffert de ma jambe.”
* Voici un fait qui
m’a été raconté le Vendredi Saint 1989, dans la chapelle, par Mme Le Th. de
Muzillac : “Vers 1920, une petite fille de plus de deux ans refusait de
faire ses premiers pas ; dès qu’on la pose à terre, elle se laisse choir.
Quelqu’un conseille
de la porter à Kério. Aussitôt le père la prend dans ses bras et part pour la
chapelle. Arrivé, il prie avec ferveur, demandant à la Vierge de lui venir en
aide. Il essaie de faire marcher l'enfant. Hélas, comme à la maison, elle se
laisse choir. Après plusieurs essais, désespéré, il prend le chemin du retour.
Il s’arrête dans une
ferme, s’assoit, tenant sa fille sur ses genoux : soudain elle lui glisse
le long des jambes et se met à marcher. Vous devinez la joie du père. Il se
lève et dit : “Il ne me reste plus qu’une chose à faire, c’est de retourner
dire merci.” C’est ce qu’il fait immédiatement.
* Mr K. dirige, à la
Roche-Bernard, une petite entreprise de pierres de taille et de monuments
funéraires. Il meurt en 1945. Ses deux fils qui travaillent avec lui déclarent
à leur mère qu’ils renoncent à continuer l’entreprise. Toute bouleversée,
celle-ci va faire part de sa peine à sa meilleure amie, “ma soeur”, qui a passé
deux ans à Noyal. Elle lui propose un pèlerinage à Kério. A leur retour, l’un
des garçons est là qui dit : “Maman, je continue le travail de papa”.
Vous pensez la joie de la mère. Vous direz peut-être simple coïncidence. Mais
pas pour Mme K.
Beaucoup plus
importantes que les guérisons des corps sont les nombreuses conversions
obtenues après des pèlerinages à N.D. de Kério.
Jean-Pierre le
Boterff, suivant le conseil de Marie, se présente au postulat des Frères à
Ploërmel le 2 juin 1876. Au Frère Amand-Joseph, son directeur, il fait le récit
complet des Apparitions de ce que la Vierge lui a demandé et ce qu’il a fait
pour exécuter ses désirs. Le Supérieur ne met pas en doute ce qu’il vient
d’entendre. Il le transcrit et le garde dans ses archives. Il en fait la
lecture chaque année, à son nouveau groupe.
Jean-Pierre, entrant
au noviciat, prend le nom de Frère Florien-Marie. Après avoir fait son voeu
d’obéissance, il est placé comme aide-infirmier. Il se met tout entier au
service de ses Frères malades, toujours à leur disposition, aimant leur rendre
tous les services possibles, même leurs caprices de malades.
Il récite le chapelet
avec eux. Il leur recommande d’avoir une grande confiance envers la Reine du
ciel. Dans tous ses mouvements, il a toujours le chapelet à la main. Quand on
lui annonce qu’un de ses malades est à ses derniers instants, il ne le quitte
pas. Il le prépare à recevoir les derniers sacrements. Il lui assure la grande
Miséricorde de Dieu. Il le confie à celle qui s’est montrée à lui dans le
vallon de Kério.
En 1888, Jean-Pierre
tombe gravement malade. Il est tout heureux de l’apprendre. Enfin, il pourra
revoir sa bonne Mère du Ciel, et cette fois ce sera pour toujours. Il meurt le
premier juin 1888. Il est enterré au cimetière de la Communauté. Une statuette
de la Vierge et un chapelet placés au-dessus de sa Croix, provoquent souvent
cette question : “Pourquoi ce chapelet et cette statuette ? “On
répond : C’est la tombe d’un petit Frère à qui la Sainte Vierge est
apparue.”
***
En 1903, une loi
interdit aux Frères d’enseigner en France et, de plus, confisque leurs biens.
Le cimetière reste de nombreuses années à l’abandon. Il ne reste aucun souvenir
de l’endroit où il été enterré. De même, lors du déménagement de la maison, le
récit transcrit par le Frère Amand-Joseph a été égaré. On ne saura jamais, avec
sûreté, tout ce qui concerne les Apparitions. On peut voir une photo de
Jean-Pierre, entouré de sa mère et de sa tante, dans le choeur de la chapelle.
Le jeune Pierre
Boulard, que Jean-Pierre portait dans ses bras le mercredi 16 septembre 1874,
entra chez les Frères le 9 février 1888. Après de sérieuses études, il
s’embarque pour Haïti le 17 mai 1892. Durant seize ans, l’institution Saint-Louis
de Gonzague de Port-au-Prince bénéficie de ses talents. Il meurt de la fièvre
jaune le 29 octobre 1908.
Et maintenant, en
1992, que devient ce centre de pèlerinage ? La chapelle fait sa toilette.
En 1988 une toiture neuve remplace l’ancienne plus que centenaire. 1990 voit la
réfection du crépi extérieur, en laissant apparentes les pierres des angles et
de l’encadrement des fenêtres et des portes. 1992 voit la réfection de la
voûte.
* * *
Merci à tous ceux qui
m’ont fourni des documents et m’ont permis de composer cet opuscule en
l’honneur de Notre Dame de Kério.
Qu'Elle les bénisse
tous !
|
le 8 septembre 1992,
Frère Théodore VOLANT.
Venez ici, là où Notre Dame vous attend !
NOTRE DAME DE KERIO, priez pour nous,
pour l'Eglise, la Bretagne et la France.