DEUXIÈME DIMANCHE DE CARÊME
Les chemins
de sainteté
Dimanche dernier, vous avez entendu Saint Paul
vous dire d’entrer en ce temps de Carême avec générosité car ce temps est, plus
que d’autres temps, « le temps du salut ». « Nous vous
exhortons, dit-il aux Corinthiens, à ne pas recevoir en vain la grâce de
Dieu ».
J’aurais envie de vous dire, dans un langage plus familier : mes chers
amis, « au travail », « à votre sanctification ».
Mais vous pourriez me dire : mais quelle est cette sanctification à
laquelle vous nous appelez, à laquelle nous devons nous attacher, à laquelle
nous devons travailler ? Où en trouver les principes ? Où en trouver
le « programme » ?
Où en trouver le programme ?
Où en trouver les principes ?
Tout simplement en suivant les textes que l’Église met à notre disposition
dans ces très belles semaines de Carême. Tous les jours, durant ces quatre
semaines, l’Église fait un choix particulier de textes de l’Écriture Sainte
qu’elle propose à notre méditation pour l’édification de nos âmes. Ce choix
n’est pas fait au hasard. Ce choix est l’expression d’une pensée, d’une
spiritualité. C’est là que je voudrais que vous alliez cette année, en ce
Carême, puiser les principes de votre sanctification, votre programme, de votre
idéal de chrétien.
Ainsi tout d’abord, l’Église, dans le premier dimanche de Carême, vous
exhorte à la sainteté. Elle vous exhorte à trouver la sainteté dans la
méditation de l’Écriture Sainte. Avez-vous remarqué que dans le récit de la
tentation du Christ, le Christ s’oppose aux tentations du démon par des
citations de l’Écriture Sainte. À trois reprises, il lui répond : « il
est écrit : l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute Parole
qui sort de la bouche de Dieu ». À la 2ème tentation, Jésus lui répond :
« Il est écrit : tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu ».
À la 3ème tentation, celle qui concerne la domination et l’adoration du démon,
Jésus lui répond : « Retire toi Satan, car il est écrit :
Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu le serviras Lui seul ». Ainsi,
outre l’enseignement que le Christ nous donne, il nous dit aussi où il faut
chercher la Sagesse. Où ? Dans l’Écriture Sainte.
C’est ce que nous propose l’Église en ce
saint Carême.
Dès le lundi de la Ière semaine de Carême, l’Église cite Ézéchiel, le
prophète, et nous met en présence du Bon Pasteur : « je
chercherai moi-même mes brebis et je les visiterai. Comme un Pasteur visite son
troupeau lorsqu’il se trouve au milieu de ses brebis dispersées, ainsi je
visiterai mes brebis… Je les ferai moi-même reposer… Je chercherai ce qui était
perdu, je ramènerai ce qui était égaré, je panserai ce qui était blessé, je
fortifierai ce qui était faible et je conserverai ce qui était gras et fort et
je les ferai paître avec justice ». Voilà flanqué devant nos yeux, la
belle figure du Bon Pasteur. Jésus revendiquera cette image. « Je suis
le Bon Pasteur ». On sait qu’il ira chercher, lui aussi, la brebis perdue…Tout
cela fait naître en nous la Confiance et la Paix. Loin de nous la crainte,
la crainte servile. Ce n’est pas le sentiment qui doit dominer, lorsque je vois
le fondateur du christianisme se dépeindre sous l’image du Bon Pasteur.
Toutefois, ce Bon Pasteur est juste. Il aime la justice :
« je les ferai paître avec justice, dit le Seigneur Tout-Puissant ».
Aussi je ne suis-pas étonné qu’au jugement final, Il rendra à chacun son dû.
« Il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche »… Et
quel sera le principe de son Jugement, de sa Justice. Il nous en prévient :
« J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous
m’avez donné à boire ». Mais quand Seigneur nous vous avons fait cela ?
Et le Bon Pasteur de répondre : « En vérité, Je vous le dis, toutes
les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères,
c’est à Moi que vous l’avez fait ». J’en conclus, chacun d’entre nous
sera jugé sur sa pratique de la charité fraternelle. Voilà le grand
principe de sainteté. C’est pourquoi ceux-là entendront ces Paroles
particulièrement douces : « Venez, les bénis de Mon Père, possédez le
Royaume qui vous a été préparé dès l’établissement du monde ». Ainsi une
mère de famille dévouée à ses enfants accomplit la justice qui plait au Maître
du Royaume. Ses enfants sont pour elle comme les « frères » du
Christ. Une épouse attentive à son époux, de même. Un propriétaire qui garde et
entretient son bien patrimonial pour ses enfants, agit de même. Un patrimoine
se garde et exige toute attention. « Venez-les bénis de Mon Père »…
Je comprends aussi, avec ce texte que j’ai, une finalité et que je dois
vivre en fonction de cette finalité. Quelle est-elle ? Gagner, par la
sanctification qui implique la charité fraternelle, gagner le Royaume qui a été
préparé « dès l’établissement du monde ». Je le posséderai, si je
le veux. Si je fais ce que je dois. Le Maître de ces lieux est juste et juge
justement. Il nous dit le critère du choix.
Aussi l’entendons-nous dès le mardi nous dire justement : « Cherchez
le Seigneur », « quaerite Dominum » « pendant
qu’on peut le trouver » en cette vie… Demain il sera trop tard. Les dès
seront jetés… « Invoquez-Le pendant qu’Il est proche »… Il est
proche, plus proche qu’aucun autre Dieu, Il est dans le tabernacle. Il veut se
donner à nous. « Que l’impie abandonne sa voie et l’homme d’iniquité ses
pensées et qu’il revienne au Seigneur, car Il aura pitié de lui. Et notre Dieu
est large pour pardonner ». Il est le Bon Pasteur. Il est celui qui a pris
soin de la victime rencontrée en chemin. Il est le Bon Samaritain. J’aime une
telle doctrine.
Il est aussi celui qui aime le respect dû à Dieu le Père et en prend les
moyens. Le respect dû à Dieu et à sa Gloire fait
partie des éléments constitutifs de la sainteté. Je l’ai vu entrer dans le
Temple de Jérusalem « l’œil en feu », nous dit saint Jean, « le
zèle de ta maison me dévore », « chassant tous ceux qui vendaient et
achetaient, renversant les tables des changeurs et les sièges de ceux qui
vendaient les colombes. Je l’entendis nous dire : « Ma maison sera
appelée une maison de prière ; mais vous, vous en faites une caverne de
voleurs ». Une maison de prière où les enfants qui ont bénéficié de ses
bienfaits, le Baptême, la Communion… ne peuvent pas ne pas crier : « Hosanna
au Fils de David ! ». Et j’entends cette réponse du Seigneur aux
pharisiens scandalisés : « N’avez-vous jamais lu cette parole :
de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle, vous avait tiré une
louange parfaite » c’est à l’adresse des mamans qui ne craignent pas de
porter leurs enfants à l’église et à la Sainte Table. Courage ! Il faut le
faire ! Car la Messe est bien longue pour eux…
J’entends également le Seigneur appeler Moïse à monter sur la montagne
sainte, le Sinaï, pour y recevoir « les tables de pierre, et la Loi et les
Commandements » Dieu Lui-même en est l’Auteur : « Loi et Commandements
que j’ai écrits, afin que vous instruisiez le peuple » « quae scripsi ut doceas filios Israël ». Je comprends
alors que la Loi de Dieu doit être ma loi. Je vois, dans une autre lecture
de cette semaine, Élie se fortifiant de cette nourriture mystérieuse portée par
l’ange, et mise « auprès de sa tête », nous dit l’Écriture, à trois
reprises « ad caput
suum »… mais cette nourriture fortifiante
c’est l’annonce, pour la Nouvelle Alliance, de cette Eucharistie fortifiante… Et
pour ma sainteté, pourrais-je m’en priver toujours !
Je recueille, dans l’Évangile du mercredi, une phrase du Seigneur que je
vous laisse. Voilà qu’Il enseigne le peuple. On vient lui dire et peut-être
même l’interrompre dans son discours : « Voici que votre mère et vos
frères sont dehors et vous cherchent ». C’est dire : voici votre
parenté qui attend dehors. Et Jésus en profite pour nous donner un enseignement
des plus importants : « Mais qui est ma mère et qui sont mes frères ?
Et étendant sa main sur ses disciples, il dit : « Voici ma mère et
mes frères. Car quiconque fait la Volonté de Mon Père qui est dans les Cieux,
celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère ». Oh ! magnifique Parole à retenir par cœur pour notre sainteté.
Faire en tout la Volonté de Dieu, de Dieu le Père, c’est appartenir à la
« fratrie » du Seigneur. C’est être de la famille du Seigneur.
C’est être de son Royaume. C’est faire de ce bien éternel, son héritage. Pour
être membre de cette Cour céleste, il faut accomplir la Loi du Seigneur, Loi et
Commandements de Dieu, Commandements de l’Église. Voilà la condition pour Lui
appartenir. Cet enseignement est merveilleusement repris dans l’épître du jeudi :
« Celui qui marche dans mes préceptes et observe mes ordonnances, pour
agir selon la vérité : celui là est juste, il vivra certainement, « hic justus est, vita vivet »
dit le Seigneur Tout-Puissant.
Je vois également l’importance de la foi dans le récit de cette femme
suppliante. Jésus l’éprouve
tout d’abord. À sa demande de guérison, il ne dit pas un mot. Elle poursuit
jusqu’à indisposer les disciples qui demandent au Maître de bien vouloir la
renvoyer « Renvoyez-là car elle crie derrière nous »… Elle insiste
encore. Jésus s’exprime de nouveau durement : « Il n’est pas bien de
prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ». Et elle, de
répondre : « Oui Seigneur ; mais les petits chiens mangent les
miettes qui tombent de la table de leur maîtres ». Alors Jésus lui répond :
« Ô femme ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu le veux. Et
la fille fut guérie à l’instant même ». Et je comprends la beauté de la
foi, beauté d’une foi suppliante, condition nécessaire pour toute sainteté.
Et puis arrive les lectures du vendredi des quatre Temps, avec cette
merveilleuse première lecture qui me parle de la Miséricorde et de la Justice
de Notre Dieu. À celui qui se repent de son péché, il lui sera fait Miséricorde
et Justice : « Et lorsque l’impie se détournera de l’impiété
qu’il a pratiquée et qu’il agira selon l’équité et la justice, le Seigneur fera
vivre son âme », « ispe animam suam
vivificabit »… Mais au juste qui aura quitté
la voie droite, « il mourra à cause de l’injustice qu’il aura
commise ». Ô Dieu de Miséricorde ! Ô Dieu de Justice, je Vous adore.
Ô Dieu de Bonté et de Miséricorde qui s’est manifesté un jour près de la
piscine de Bethsaïda guérissant un malade qui était là depuis trente ans, attendant
que l’eau de la piscine s’agite et que quelqu’un veuille bien le jeter à l’eau
pour obtenir sa guérison. Mais lorsqu’il s’y jetait, quelqu’un de plus rapide
avait bénéficié avant lui de la guérison… Trente ans de patience… de quoi
décourager le meilleur. Et Voilà que Jésus le guérit. Voilà notre Dieu !
Voilà notre religion !
Ô vous, disciples du Seigneur qui marchez ainsi dans les voies du Seigneur,
qui marchez dans la pratique de la charité fraternelle et qui rendez à personne
le mal pour le mal, même pour des pneus crevés, et qui aimaient offrir le
sacrifice du dimanche matin, sachez que « vous avez été choisis par le
Seigneur afin que vous soyez son peuple… afin que vous observiez ses préceptes
et qu’Il vous rende le peuple le plus illustre de toutes les nations qu’il a créées
pour sa louange, pour son Nom et pour sa Gloire et que vous soyez le peuple
saint du Seigneur votre Dieu, selon sa Parole ». Et ainsi vous serez
« toujours dans la joie ». (Thes 5 16). Mais plus encore, vous serez
avec le Christ transfiguré au Thabor, et un jour dans la Gloire, contemplant le
Fils bien-aimé du Père, l’objet de ses complaisances, disant avec les
disciples, non pas seulement avec les trois disciples privilégiés du Thabor,
mais avec tous les disciples, Notre-Dame, les Anges et les Élus,
« Seigneur, il nous est bon d’être ici ».
Et tout sera, grâce à la Miséricorde de Dieu, consommé
pour vous, pour toujours. Faites ainsi, et vous vivrez. Amen !
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Lettre
Encyclique “Miserentissimus Redemptor” de Sa Sainteté le Pape Pie XI sur le
Sacré-Cœur
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ASSISE 2011 : Supplique
à Sa Sainteté Benoît XVI
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