Le « petit
Gilles »
(1944 - 1960)
En 1950 Pie XII s’apprêtait à promulguer le dogme de l’Assomption,
il avait demandé
un signe à Dieu.
On peut penser
que c’était le contenu du secret
que lui a
transmis ce charmant petit enfant.
Le 1er novembre 1950, le pape Pie XII proclamait le dogme de
l’Assomption de la Vierge : Marie, Mère de Dieu, selon la tradition apostolique
et l’enseignement de l’Eglise, est montée au ciel avec son âme et son corps.
Le 1er mai précédent, un fait nettement moins connu,
apparemment anodin et, en tout cas, resté inconnu auprès du grand public, eut
lieu à Rome. Après avoir été introduit auprès du chef de l’Eglise catholique
par le cardinal Montini, futur Paul VI, un petit Français, âgé de six ans,
Gilles Bouhours, était reçu en audience privée par le Souverain Pontife, à qui
il devait confier un « secret ». Après cette rencontre, Mgr Montini
demanda à Gilles : « Tu prieras bien pour le plus petit
Monseigneur de Rome. »
Quel rapport entre ces deux événements ? Pourquoi une telle
audience, si difficile à obtenir pour le commun des croyants ?
Origines et
premier fait extraordinaire
Gilles est né le 27 novembre 1944, en la fête de la Médaille
Miraculeuse, dans une famille originaire du département de la Mayenne. Cinq
enfants sont nés de l’union de Gabriel Bouhours, né en 1913, plombier
quincaillier, et de Madeleine, née Cornilleau en 1911 : Thérèse (1937),
Jean-Claude (1939), Gilles (1944), Marc (1947) et Michel (1951).
Les parents vont être contraints de déménager plusieurs fois
de Bergerac (Dordogne, où Gilles a vu le jour) à Arcachon, de Bouilhe-Preuil
(Hautes-Pyrénées) à Moissac (Tarn-et-Garonne), car Madeleine, atteinte par la
poliomyélite, devait prendre régulièrement, parmi d’autres traitements, des
bains de sable chauds. A partir de 1953, la famille vit à Seilhan
(Haute-Garonne), dans la maison surnommée les « Marronniers ».
Dieu est intervenu très tôt dans l’existence de Gilles. A
l’âge de neuf mois, il est atteint d’une grave maladie dont l’issue est souvent
fatale : méningite encéphalite grave. Les médecins consultés, tant au
niveau local qu’à Bordeaux, sont formels : seule la prière peut sauver
l’enfant.
Une religieuse, Petite Sœur des Pauvres, amie de la famille,
demande alors à ses parents de placer sous l’oreiller de Gilles deux images,
une de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus accompagnée d’une petite relique (un
morceau de tissu blanc) et une du père Daniel Brottier (1876-1936), de la
Congrégation du Saint-Esprit, ancien missionnaire en Afrique et directeur des
Apprentis Orphelins d’Auteuil, à Paris.
Trois nuits se passent sans qu’aucune amélioration notable
ne se fasse sentir. La nuit suivante, les parents, très fatigués,
s’assoupissent. Lorsqu’ils se réveillent, Gilles semble respirer normalement.
Miracle : la fièvre est tombée sans explication, « une rougeur en
forme de “T” était visible sur chaque joue », explique l’entourage.
Un autre fait troublant retient toute leur attention : on
retrouve l’image du père Brottier intacte, mais celle de sainte Thérèse est
comme déchirée. De plus, les deux fils rouges tenant sa relique ont
disparu !
Pour Madeleine et Gabriel Bouhours, cela ne fait aucun doute
la « petite Thérèse » a demandé avec succès à Dieu la guérison de
leur enfant. Ils font peu de temps après le pèlerinage de Lisieux.
Le 8 septembre 1948, le docteur Dives, médecin traitant,
écrit à son confrère, le docteur Carrière : « Il [Gilles] s’est tiré
avec grand-peine de ce mauvais pas, apparemment sans séquelles. Il a fait à
deux ou trois reprises, par la suite, des accidents digestifs sans gravité et
me paraissait en parfaite santé quand la famille a quitté Bergerac. »
Le début des
apparitions
Nous sommes le 30 septembre 1947. La famille Bouhours habite
Arcachon. Gilles a deux ans et dix mois. C’est un enfant charmant, ni plus
« mystique », ni moins joueur qu’un autre garçon de son âge.
Ce jour-là, il a sa première apparition de la Vierge Marie.
Plusieurs suivent. L’enfant indique que Marie lui a demandé de se rendre à
Espis où elle apparaîtrait à d’autres jeunes personnes et qu’ensuite Elle ne se
montrerait plus qu’à lui seul.
Son père ignore jusqu’au nom même d’Espis ! Il parvient
à localiser l’endroit sur une carte routière : il se trouve près de
Moissac. Gabriel Bouhours veut en avoir le cœur net. Il se rend à Espis le plus
rapidement possible. C’est la première prise de contact avec les événements de
cette localité qui ont joué un rôle évident dans la vie du « petit
Gilles » mais qui n’ont pas été sans interférence complexe dans le regard
que les autorités ecclésiastiques ont pu porter jusqu’à maintenant sur ces
affaires.
Gilles et Espis
Situé dans le département du Tarn-et-Garonne, au diocèse de
Montauban, Espis est le lieu, en 1946, de soi-disant apparitions de la Vierge.
L’événement a défrayé la chronique, avant que les autorités du diocèse ne
statuent définitivement à son encontre.
Le 22 août 1946, Claudine et Nadine Combalbert gardent un
troupeau d’oies près du bois d’Espis. Elles voient soudainement une « dame
vêtue de noir », avec une « robe ornée de marguerites ». Le jour
suivant, l’apparition se renouvelle ; une troisième enfant affirme
également « voir ». A partir du 31 août suivant, un homme d’une
quarantaine d’années allègue également des visions de la Vierge qui aurait
déclaré « Je suis l’Immaculée Conception. »
Un petit pèlerinage s’organise. Mais le 12 décembre 1946,
Mgr Théas, alors évêque de Montauban, estime dans une correspondance privée que
ces apparitions « ne sont pas vraies » et qu’il s’agirait d’une
« illusion ».
Le 4 mai 1947, le prélat publie un jugement négatif, tout à
fait officiel cette fois, puis une ordonnance suspendant a divinis tout prêtre qui se rendrait dorénavant à Espis.
Après le départ de Mgr Théas pour le diocèse de Tarbes et
Lourdes, son successeur, Mgr de Courrèges, met sur pied une commission
d’enquête le 1er février 1950. Ses résultats sont sans appel :
« suggestion », « hallucinations », excluant toute
possibilité d’une « origine surnaturelle » des faits allégués.
La destinée canonique d’Espis n’entache en rien
l’authenticité du « petit Gilles » et des apparitions. Une certaine
presse a cru bon d’associer de façon incontrôlée, sinon intempestive, les deux
affaires, sans vraiment tenter de distinguer le bon grain de l’ivraie. Gilles
Bouhours s’est rendu à plusieurs reprises sur les lieux : cela a suffi
pour tout mélanger.
Voici ce qui s’est passé en réalité : Gabriel Bouhours,
une fois parvenu à Espis, a demandé à l’une des fillettes
(« voyantes ») de venir chez lui pour confirmer, ou infirmer, les
propos de son fils.
Au soir du 30 septembre 1947, cette fillette est arrivée
chez les Bouhours. Selon son témoignage, elle a vu dans le jardin de la maison
familiale la Sainte Vierge sous l’aspect de Notre-Dame de Lourdes. Gabriel,
Thérèse, Jean-Claude et Gilles arrivent : seul ce dernier voit. Il
déclare : « La Sainte Vierge est sur l’eau. Elle fend l’eau avec un
bâton. Je vois deux bâtons dans le ciel. »
Il décrit Marie avec un « capuchon » signifiant
ainsi qu’Elle porte un voile sur la tête. On lui demande la signification des
« bâtons » : « C’est comme ça le bâton »,
rétorque-t-il avec son vocabulaire d’enfant, tentant d’expliquer qu’en réalité
il s’agit d’une croix !
Puis il poursuit en décrivant quelque chose de
terrible : une « fumée jaune » s’élève dans le ciel et la Vierge
« pleure ».
Les diverses
apparitions
Grâce aux témoignages recueillis sur le vif et aux notes
prises immédiatement par les parents de Gilles, nous connaissons dans le détail
les manifestations de Marie auprès de leur enfant, jusqu’à ce que Dieu le
rappelle à Lui.
Le 2 octobre 1947, Gilles voit la Vierge
« saigner » abondamment.
« Tu t’es fait bobo ? », lui demande-t-il
innocemment. « Tu “as” tombé dans les bambous ? Tiens mon
mouchoir […]. Tiens Sainte Vierge, viens à côté de moi, donne-moi la main
[…] Papa et maman sont là. »
La fraîcheur et la simplicité d’un tel dialogue sont
frappantes et correspondent bien à ce que l’histoire des apparitions de la
Vierge nous enseigne : un rapport de proximité pratiquement inconcevable
s’instaure presque toujours entre la Vierge et les enfants à qui elle daigne se
manifester visuellement.
Les 4 et 6 octobre suivants, la Vierge apparaît brièvement à
Gilles. Le 13 (Fête de Fatima), celui-ci se rend pour la première fois à Espis.
« Oh ! La Sainte
Vierge ! » s’écrit-t-il une première fois vers 17 h. L’apparition lui
demande d’aller prier en bas du bois, à un endroit où une « source »
coulera plus tard. A 18 h 30, Marie se montre une seconde fois à Gilles,
entouré d’une trentaine de personnes. La Mère du Christ lui demande de lui
« présenter les chapelets pour les bénir » et de prier une dizaine de
chapelet pour le Sacré-Coeur.
Le 27 novembre, puis le 13 décembre 1947, Gilles est
gratifié d’autres brèves apparitions. Le 18 décembre, il voit une « grande
Croix » dans le ciel. Le surlendemain, c’est sainte Thérèse de Lisieux qui
lui apparaît. Selon ses propos, elle « lui jette des fleurs ».
Le 13 janvier 1948, à Espis, la Vierge lui apparaît encore à
deux reprises et, comme la première fois à cet endroit, lui demande de prier
constamment le Sacré-Coeur de son Fils.
Le 8 février suivant, plusieurs « croix dans le
ciel » sont observées par l’enfant. Pèlerins, curieux et clergé prêtent
maintenant une grande attention au déroulement des faits.
Le 10 février, la famille Bouhours décide de partir en
pèlerinage à Lourdes. Le « petit Gilles » n’a aucune vision dans le
sanctuaire. Il remarque judicieusement que les représentations de Marie sont
belles, mais infiniment moins que ses apparitions !
Mais dès le lendemain, il voit Marie verser des
« larmes de sang », puis, le surlendemain, elle l’embrasse.
Ce type de contact ne doit pas surprendre outre mesure. En
1947, les voyantes de l’Ile-Bouchard, dont le culte a été autorisé, ont
« touché » le corps de la Vierge apparaissant. De nombreux autres
exemples de bon aloi pourraient être cités. Le 13 mars 1948, Gilles déclare
« Elle m’a embrassé la Sainte Vierge, mais moi je ne lui ai pas fait la
bise ! » Le printemps 1948 constitue une période singulièrement forte
en matière de phénomènes extraordinaires. Le 13 avril, il voit la Vierge Marie
à trois reprises à Espis, puis plusieurs autres fois au cours du mois de mai,
en différents endroits dans sa chambre, dans « le ciel », dans le
jardin de la maison familiale, etc.
Des « pluies de croix » sont décrites par le
bambin.
Le 4 juin 1948, Gilles informe les siens au sujet de
l’identité de l’apparition « Sainte Marie, Mère de Dieu ». Et le 10
juin « Sainte Mère des Grâces ».
Le 13 juin reste une journée sans apparition. Mais la
famille, soucieuse d’obéissance aux autorités de l’Eglise, décide de ne pas se
rendre à Espis. Gilles en reçut l’ordre de manière intérieure.
Le 24 juin, il dit à sa mère ce formidable mot :
« La Sainte Vierge viendra me voir dans le petit jardin, après dimanche.
Pas aujourd’hui, elle n’a pas le temps !
- Que fait-elle ?
- Pas la soupe, bien
sûr ! Elle met des fleurs dans le ciel. »
A partir du 13 juillet, l’apparition demande qu’aucune messe
ne soit désormais célébrée à Espis, par obéissance à l’Eglise. Le « petit
Gilles » tente de faire passer le message au prêtre officiant : en
vain.
Visions bibliques
Le 15 août 1948, une vision s’impose à l’enfant. Il la
décrit avec ses mots imagés : « Je vois comme un gros bouton [la
terre] et, au-dessus, une grosse bête, comme un lézard avec une grande queue et
des grandes pattes. Pas loin, je vois comme un monsieur avec des plumes dans le
dos. »
Sans trop peut-être le savoir, Gilles vient de décrire, sur
un mode original, rare, l’archange saint Michel et la figure du mal dominant ce
monde. Ce jour-là, Marie, vêtue de bleu mais sans voile, lui demande de suivre
la procession organisée par les pèlerins d’Espis et de chanter « Chez nous
soyez Reine ».
Dans les semaines qui suivent, la Vierge lui demande
« beaucoup de prières ».
Le 13 octobre, l’apparition lui « révèle » les
« combats » menés par l’archange saint Michel au bénéfice des âmes.
Le 13 décembre, Marie confie un « secret » à
Gilles pour le pape, et pour le pape seulement... L’enfant, à qui son père
demande des explications, répond : « Elle m’a dit quelque chose. Si
je le disais, ce serait deux péchés. »
1949
L’année 1949 est riche en événements. Les apparitions se
poursuivent à un rythme régulier, soit à Espis, soit ailleurs. La famille
Bouhours vit désormais au rythme des manifestations du ciel.
Dans l’esprit du jeune enfant, au fil des manifestations
mariales, le doute n’occupe aucune place : il doit se rendre à Rome où vit
celui qui « rem place le petit Jésus sur la terre » [le pape].
Selon les témoignages, l’enfant participe d’une manière
remarquable - eu égard à son jeune âge - aux fêtes pascales. Le 13 mai, il voit
la Vierge présente le long du chemin de croix et ressent en lui les douleurs
vécues par Jésus. Ce jour-là, on lui demande de montrer aux personnes présentes
comment l’apparition bénit la foule réunie. Levant la main, avec une rare
« majesté », il fait un long et magnifique signe de croix et ajoute
« Pas difficile, c’est la Sainte Vierge qui tient ma main ! »
Le 12 juin, il fait sa première communion dans un climat de
simplicité et d’intériorité spirituelle.
Au cours de l’Eté, Gilles continue d’alléguer apparitions et
locutions le 13 de chaque mois, avec deux visions supplémentaires le 15 août.
Le 13 novembre 1949, la Vierge, après avoir demandé de prier
pour tous les malades, lui dit : « Petit Gilles, tu dois aller à Rome
voir le pape. »
Voyages à Rome
Un premier voyage à Rome est organisé. Malgré des
difficultés financières, Gilles et son père parviennent à partir. Le 12
décembre 1949, c’est la première audience (semi-privée) avec Pie XII. Mais, ce
jour-là, l’enfant ne parle pas car il n’est pas seul avec le pape, comme le lui
avait recommandé la Madone. Il faut donc organiser un second voyage.
Mais peu après, une « mauvaise » nouvelle parvient
par voie postale à la famille : les autorités diocésaines ayant statué sur
Espis, le Saint-Père ne pourra accorder une seconde audience à Gilles.
Huit jours plus tard, après que l’apparition a une nouvelle
fois demandé à Gilles de se rendre au Vatican pour informer le pape du
« secret », tous les problèmes semblent mystérieusement disparaître.
Gilles et son père repartent. Cette fois, Pie XII a changé d’avis : il
accepte de recevoir l’enfant en audience privée et secrète le 1er mai 1950.
De cette rencontre, rien, ou presque, n’a filtré. Gabriel
Bouhours a décrit la scène de façon pittoresque « Vers 10 h 30, nous
gagnons le Vatican, où des prélats de Sa Sainteté nous introduisent dans une
salle. Un Monseigneur me dit “Placez
l’enfant sur ce fauteuil. Vous le laisserez seul avec le Saint-Père.” Dès
l’entrée de celui-ci, les prélats se retirent et Gilles reste seul avec S.S.
Pie XII. Ramené dans la salle des audiences, où Pie XII réapparaît bientôt,
Gilles, tout joyeux, frappe des mains en acclamant : “Vive le pape !“
Après l’audience, libéré de toute contrainte, le cher enfant a révélé son
secret à plusieurs personnes. » Le 10 juin suivant, un journaliste du Giornale d’Italia publiait un article
substantiel intitulé : « Un petit Français de cinq ans parle au
pape. » Cet article citait le fameux « secret » de Gilles :
« La Sainte Vierge n’est pas morte ; elle est montée au ciel avec son
corps et son âme. » D’autres personnalités, parfois éminentes, ont
rencontré le « petit Gilles » à l’occasion de son voyage à Rome,
comme le père Roschini, grand mariologue, professeur à l’université du Latran,
procureur général de l’ordre des Servites de Marie et expert au concile Vatican
II. Ce dernier avait été chargé avec d’autres de préparer le texte dogmatique
de l’Assomption. Il décrit ainsi son entrevue avec Gilles : « Je ne
sais quelle impression a produit sur le Souverain Pontife le
« secret » de la Sainte Vierge. En parlant avec l’enfant avant
l’audience pontificale, j’avais trouvé le petit Gilles hermétiquement fermé et
bien d’autres personnes n’avaient pas eu plus de succès que moi. Il se
défendait en disant que la Sainte Vierge lui avait commandé de le dire d’abord
et avant qui que ce soit au pape. Et le petit Gilles a fait ainsi. Après
l’audience, il me l’a révélé, ainsi qu’à plusieurs autres personnes. »
Plusieurs articles paraissent alors dans les journaux. Le
cas du « petit Gilles » devient connu.
L’identité profonde entre le contenu de cette phrase et le
dogme de l’Assomption, ainsi que la proximité des dates entre l’audience
accordée à Gilles et la proclamation de ce dogme (Toussaint 1950) ne pouvaient
manquer de frapper profondément les esprits et les cœurs.
Les voies du
Seigneur
Pie XII, selon des sources bien informées, aurait demandé à
Dieu au cours de l’année sainte 1950 un « signe » pour savoir s’il
devait ou non proclamer le dogme de l’Assomption de la Vierge. Des membres de
son entourage direct, ainsi que de nombreuses personnes extérieures au Vatican
n’ont pas manqué d’identifier ce « signe » à la révélation privée de
l’enfant.
La mission de Gilles est réalisée ici-bas. Cependant, de
1950 à 1958, Gilles va continuer de voir la Vierge à intervalles réguliers. Le
13 mai 1950, il annonce « le 13 juin prochain, je dois avoir une robe
blanche. Je devrai marcher les pieds nus, comme le petit Jésus, pour la
conversion des pécheurs. » Des clichés photographiques ont immortalisé cet
instant.
Le 15 août 1954, la Vierge lui déclare : « Je
suis la Reine du Sauveur. Tu peux le dire à monsieur le curé. » Le
5 novembre suivant, pendant la messe en l’honneur du Sacré-Coeur, l’enfant voit
la Vierge ; celle-ci « s’incline » à la consécration. Ces propos ne
sont pas sans évoquer certaines visions rapportées au début du XXème siècle par
le père Lamy qui, lui aussi, vit Marie s’incliner...
Les 13 janvier, février et mars 1955, pour la première fois,
des « rayons dorés et brillants sortent des mains jointes » de
l’apparition.
Le 20 mars 1957, Gilles est triste « Gilles, je ne
viendrai plus te voir », lui a dit Marie.
Le 15 août 1958, la Vierge lui apparaît une ultime fois. Il
a rejoint la maison du Père Éternel le 26 février 1960.
Depuis lors, les témoignages de grâce se sont multipliés.
Ils seraient trop nombreux à citer. Certains ont qualifié de
« puissante » l’intercession du « petit Gilles » en son
éternité. De nombreux cas de conversion ont été notés.
Puis le temps a passé, faisant quelque peu oublier dans la
mémoire collective toutes ces interventions merveilleuses, tellement
extérieures à notre monde, mais radicalement si proches.
Le cas de Gilles est exemplaire à plus d’un titre. Il
illustre bien le statut théologique non officiel des révélations privées dans
l’Eglise et dans la vie de foi. Ces révélations « particulières » ne
sont jamais de nature dogmatique (Pie XII ne fait aucune allusion au
« secret » de Gilles dans le texte de la déclaration de
l’Assomption) : elles ne complètent ni ne remplacent la Révélation
biblique, achevée à la mort du dernier apôtre, mais peuvent, le cas échéant, en
dire, en refléter ou en éclairer un aspect à une époque donnée, en faveur d’une
communauté particulière (ou non) de fidèles.
Extraits de "Chrétiens
Magazine"
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Prière au
"Petit Gilles"
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