LE RÈGNE GLORIEUX
DU CHRIST ?
Des d’événements
majeurs pour l’Église et pour le monde, et
aux fortes incidences sur nos vies personnelles, seraient proches nous dit-on.
Certes, de telles annonces ne manquent ni dans la Sainte Écriture, ni en tous
siècles dans les textes de l’Église, mais notre attention est particulièrement
sollicitée par le prophétisme contemporain, par des révélations privées qu’en
définitive il appartient à l’Église seule de juger.
L’humanité semble appelée à vivre une grande purification,
la replaçant sur la route du salut éternel et dans la perspective du règne réel
du Christ “sur la terre comme au ciel”.
Dès lors s’impose à chacun une attitude de préparation spirituelle et de
disponibilité en vue des choix radicaux qui s’imposeront. Cependant, comme aux
apôtres au milieu du lac en tempête, Jésus nous dit : “N’ayez pas peur ! ”
Mais relisons d’abord Saint Jean, s’adressant dans son
Apocalypse, à l’Église de Laodicée, considérée comme l’image de notre
temps :
“À l’Ange de l’Église de Laodicée écris :
Voici ce que dit l’Amen, le Témoin fidèle et véridique, le
Principe de la Création de Dieu. Je connais tes œuvres et que tu n’es ni froid
ni chaud : ah ! si tu pouvais être froid ou chaud ! Mais puisque
tu es tiède, ni froid ni chaud, je vais te vomir de ma bouche. Tu dis : je
suis riche, opulent, je n’ai besoin de rien ; tu ignores que tu es
malheureux, pitoyable, aveugle et nu. Je t’invite à m’acheter de l’or purifié
au feu pour devenir opulent, à te revêtir de vêtements blancs pour cacher la
honte de ta nudité, et à enduire tes yeux de collyre pour recouvrer la vue.
Ceux que j’aime, je les corrige et les éduque. Réveille-toi donc et fais pénitence. Voici que je viens à la porte
et que je frappe : quiconque entendra ma voix et m’ouvrira la porte,
j’entrerai chez lui, je dînerai avec lui et lui avec moi. À celui qui aura
vaincu je donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, de la même façon
qu’après ma victoire je me suis assis avec mon Père sur son trône. - Celui qui a une oreille, qu’il écoute ce
que l’Esprit dit aux Églises...”
Selon divers
textes bibliques nous aurons à vivre
successivement une grande épreuve purificatrice, une période de paix qui
s’achèvera elle-même par un grand combat final. Des “âmes privilégiées” contemporaines annoncent comme proche la
première phase où des vivants
d’aujourd’hui en seront témoins et acteurs, puis bénéficiaires de la paix
qui s’en suivra. Avant d’entrer en passion, aux apôtres qui contemplaient
Jérusalem au coucher du soleil, Jésus annonçait que du temple et de la ville il
ne resterait pas pierre sur pierre et qu’il faudrait fuir dans les montagnes.
Il prédisait ainsi la tragédie de l’an 70. En Saint Matthieu nous lisons :
“Les disciples s’approchèrent de Jésus, en particulier, et demandèrent :
“Dis nous quand cela aura lieu et quel sera le signe de ton avènement et de la
fin du monde...”
Il y a bien là
trois interrogations : le sort de
Jérusalem, l’avènement du royaume, la fin du monde. À l’adresse des apôtres qui
ne pensaient qu’à l’instauration immédiate d’un royaume essentiellement
temporel, le Seigneur, dans sa réponse, distingua clairement le moment de son
retour et celui de la fin du monde, deux événements souvent confondus et
pourtant distincts. Saint Paul, dans sa lettre aux Hébreux, précise que le
Christ “après s’être offert une fois pour enlever les péchés de la multitude,
apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de
ceux qui l’attendent...” Cette seconde
venue sera pour la fin d’une ère paganisée.
L’avènement du
Christ, certains disent son Retour
Glorieux, est annoncé comme faisant suite à la manifestation et à la chute de
l’Antéchrist. Ce personnage humain, serviteur de Satan, dont la venue précèdera
celle du Seigneur, et annoncera donc à sa manière le Christ venant instaurer la
plénitude de son royaume sur terre. Après l’épreuve que traverse actuellement
l’Église en vivant le drame de l’apostasie de nombreux fidèles, après sa purification, viendra le temps de
paix promis, celui des cieux nouveaux et d’une terre nouvelle. Encore une fois aura agi la miséricorde
divine....
Le grand Secret de
La Salette, confié à Mélanie, se terminait
ainsi : “Alors l’eau et le feu purifieront la terre et consumeront toutes
les œuvres de l’orgueil des hommes et tout sera renouvelé : Dieu sera
servi et glorifié...” Marie, à Fatima, annonce également ce renouveau : “À la fin mon Cœur Immaculé triomphera”,
message réconfortant qui nous replace dans l’attente confiante d’une ère
nouvelle promise à l’humanité, l’ère enfin arrivée du Règne Glorieux du Christ.
Les apôtres l’enseignait aux premiers chrétiens, pensant dans leur spontanéité
voir eux-mêmes ce retour du Christ, bien qu’il leur fut dit que devaient venir
d’abord une grande apostasie dans l’Église et l’infâme personnage de
l’Antéchrist. Après deux millénaires d’évangélisation, cette apostasie se
développe aujourd’hui sous nos yeux en un monde qui retourne massivement au
paganisme. Tous les papes de l’époque
récente ont tenu à nous rappeler la promesse du retour du Christ, celle de
son vrai royaume visible, royaume social reflet de son règne spirituel dans les
âmes.
Le pape Grégoire
XVI, dans l’encyclique “Mirari vos”
condamnait le libéralisme de La Mennais, qui face aux attaques de la révolution
antichrétienne, se bornait à revendiquer la royauté du Christ au seul nom de la
liberté humaine, mettant comme entre parenthèses les droits imprescriptibles de
Dieu.
Pie IX, avec “Quanta Cura” et le “Syllabus”, réaffirmait la
nécessité, pour l’humanité, d’une société résolument chrétienne, et après lui Léon XIII, dans ses
encycliques “Diuturnum illud”et “Immortale Dei” en développera les fondements
théologiques. Pie X, tout nourri de
la doctrine du cardinal Pie dont il emprunta la devise : “Tout instaurer dans le Christ”,
orientait son action et son enseignement dans l’affirmation de la royauté du
Christ. Après lui, Benoît XV
canonisa Jeanne d’Arc, prophétesse du Christ-Roi. Enfin le pape Pie XI résuma dans “Quas Primas” l’enseignement de
ses prédécesseurs, qu’il acheva par l’instauration solennelle de la fête du
Christ-Roi.
Ne nous méprenons pas sur la signification de cette fête. À
la question de Pilate : “Tu es donc roi ?” Jésus
répondra “Tu le dis : Je suis Roi”, et l’apôtre Paul expliquera aux
Philippiens : “C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et Lui a donné
un Nom qui est au dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou
fléchisse au ciel, sur terre et dans les enfers...”
Léon XIII, le 8 février 1884, affirmant cette royauté, pouvait dire
avec force que l’on ne saurait réduire ou ignorer les droits imprescriptibles
de Dieu :
“Toute société humaine qui prétend exclure Dieu de sa
constitution et de son gouvernement… refuse le secours des bienfaits divins et
mérite vraiment que l’appui du Ciel lui soit refusé. Malgré l’apparence de sa
force et de ses richesses, elle porte en elle un principe secret de mort et ne
peut avoir l’espoir de durer... Au contraire, il est facile d’éloigner ces
causes de ruine en observant les principes de la religion catholique dans la constitution
et dans le gouvernement, soit de la famille, soit de l’État ; car ils sont
admirablement propres au maintien de l’ordre public et à la conservation des
Sociétés.”- (Que ne pourrait-on pas dire de l’Union Européenne !)
Léon XIII
insistera plus tard : “Les hommes unis
par les liens d’une société commune, ne dépendent pas moins de Dieu que pris
isolément. Les chefs d’État doivent donc tenir pour saint le nom de Dieu et
mettre au nombre de leurs principaux devoirs celui de favoriser la religion, de
la protéger de leur bienveillance, de a couvrir de l’autorité tutélaire des
lois… La loi du Christ, dans la société et les relations humaines, doit donc
être en telle faveur qu’elle soit la règle et la maîtresse non seulement de la
vie privée, mais de la vie publique…Ce qui est vrai des individus l'est presque
autant pour les nations : elles aussi courent forcément à leur perte en
s’écartant de la voie…”
Comme en écho, après lui, le Pape Pie X s’exclama avec force : “Dieu n’est pas seulement
le Seigneur et Maître des hommes considérés individuellement, mais Il l’est
aussi des nations et des États : il faut donc que ces nations et ceux qui
les gouvernent Le reconnaissent, Le respectent et Le vénèrent publiquement… La
force des sociétés est dans la reconnaissance pleine et entière de la royauté
sociale de Notre-Seigneur et dans l'acceptation sans réserve de la suprématie
doctrinale de son Église.”
Enfin, Pie XI, annonçant la fête du Christ-Roi, affirmait : Le jour
où les États et gouvernements se feront un devoir de se régler, dans leur vie
politique, au dedans et au dehors, sur les enseignements et les préceptes de
Jésus-Christ, alors, mais alors seulement, ils jouiront à l’intérieur d’une
paix profitable, entretiendront des rapports de mutuelle confiance et résoudront
pacifiquement les conflits qui pourraient surgir.... Jamais ne pourra luire une
espérance fondée de paix durable entre les peuples tant que les individus et
les nations refuseront de reconnaître et de proclamer la souveraineté de Notre
Sauveur. Aussi, pour ramener et consolider la paix, nous ne voyons pas de
moyens plus efficaces que de restaurer la Souveraineté de Notre-Seigneur…
“Comme Verbe de
Dieu, consubstantiel au Père, le Christ ne
peut qu’avoir tout en commun avec le Père, et, par suite, la souveraineté
suprême et absolue sur toutes les créatures... Il revendique le titre de Roi,
il proclame publiquement qu’il est Roi, il déclare solennellement que “toute
puissance” lui a été donnée, sur la terre comme au Ciel. Qu’entend-il par là,
sinon affirmer l’étendue de sa puissance et l’immensité de son Royaume ?
Dès lors, faut-il s’étonner qu’il soit appelé par Saint Jean “le prince des Rois de la terre” ?
“D’autre part, ce
serait une erreur grossière de refuser au Christ-Homme la souveraineté sur les
choses temporelles, quelles qu’elles soient. Et, à cet égard, il n’y a lieu de
faire aucune différence entre les individus, les familles et les États ;
car les hommes, ne sont pas moins soumis à l’autorité du Christ dans leur vie
collective que dans leur vie privée. Les chefs d’État ne sauraient donc refuser
de rendre, en leur nom personnel et avec tout leur peuple, des hommages publics
de respect et de soumission à la souveraineté du Christ.... Les gouvernants et
les magistrats ont l’obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d’obéir
à ses Lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté,
le jugement final, où le Christ accusera ceux qui l’ont expulsé de la vie
publique..ou ignoré...”
Le Père Avril résumait ainsi la doctrine des papes :
“Fondamentalement, explique-t-il, un État doit être chrétien : c’est le Christ qui lui délègue son triple
pouvoir législatif, exécutif et judiciaire, pour lui permettre de procurer
le bien commun à tous ses sujets. Le bien commun, c’est l’ensemble des
conditions qui permettent à chacun d’assurer le plein exercice de ses droits
dans le but d’accomplir sa destinée surnaturelle à laquelle reste subordonnée,
comme moyen, la réalisation de sa destinée humaine,.. L’État chrétien doit adorer Dieu, l’honorer officiellement au nom
de la société tout entière. Il doit établir les principes chrétiens dans la
Constitution, dans la législation et les mœurs de façon à constituer le
patrimoine substantiel de la nation. Il dit permettre au familles comme aux
personnes de s’épanouir dans la foi, de pratiquer la morale et de célébrer le
culte catholique, les familles formant alors les assises robustes de la cité
catholique, rayonnant leur foi et attirant les âmes.”
Tous ces textes de grande densité doctrinale ne permettaient aucune
hésitation sur l’obligation, pour tous pouvoirs humains, des se situer en
dépendance du projet divin sur l'humanité. Mais, dans le même temps, les papes étaient pleinement conscients
que leur revendication du règne du
Seigneur Jésus sur la société humaine était contraire au mouvement
apparemment irréversible de l’humanité et en décalage complet avec le réel. Ces
encycliques sociales affirmant la possibilité, ici-bas, d’une société
chrétienne véritable, mettent en évidence la
marche fatale de l’humanité vers l’athéisme social…
Faudra-t-il un
choc brutal pour que s’inverse cet
égarement, alors qu’inlassablement nous implorons : “Notre Père qui êtes aux Cieux… que votre règne arrive sur la terre
comme au Ciel…” Il est impensable que ne soit pas exaucée un jour cette
prière adressée d’innombrables fois à Dieu, à sa demande même. Pour l’instant
tout se passe comme si ce n’était qu’un beau rêve sa concrétisation possible,
sauf en quelques exceptions partielles et fugitives.
L’histoire nous
montre bien que la direction prise par
l’humanité récuse ce règne du Christ. Aussi sommes tentés de nous résigner,
d’ignorer cette dimension sociale et temporelle du règne du Christ, et de
réduire ce règne à l’intériorité personnelle des croyants. Ne nous méprenons
pas, réduire ainsi le règne du Christ à celui vivifiant de la grâce divine dans
les âmes n’est que vision incomplète qui devra bien être rectifiée un jour..
Notre conviction d’un règne du Christ survenant au cours de
l’histoire humaine, doit donc demeurer intacte et éclairer notre attente de temps nouveaux commençant par un grand combat pour ou contre Dieu. Ce
sera le moment de la grande épreuve, de la manifestation de l’Antéchrist, puis
de l’écrasement de ce serviteur de Satan, et enfin de l’instauration du règne du Christ sur le monde. Alors nous verrons
ce temps de paix et de grand épanouissement spirituel, alors disparaîtront les
sectes et les fausses religions et le Royaume du Seigneur s’instaurera par
l’évangélisation totale des peuples dont les gouvernements s’engageront au
respect des lois divines, abolirons toutes les lois antireligieuses ou
immoralement permissives…
Les vingt premiers siècles de l’Église ne peuvent préfigurer
clairement ce que sera ce temps heureux du règne du Christ, qui s’établira par le choc d’évènements
prodigieux, l’Esprit-Saint bousculant l’histoire humaine pour que vienne en
force la plénitude du règne du Christ. L papes des temps modernes,
particulièrement Pie XII et Jean-Paul II
ont exprimé explicitement leur conviction personnelle d’une prochaine
parousie ? Déjà, il y a cent ans, le
pape Pie X parlant de cette époque comme étant celle des derniers temps en
voyait les signes annonciateurs dans la perversion même des esprits
contemporains. La première guerre mondiale amena son successeur, Benoît XV, à déclarer : “ils semblent vraiment arrivés, ces jours
dont le Christ a dit : “Vous entendrez parler de guerres et bruits de
guerres, on verra s'élever nation contre nation Tout cela sera le commencement
des douleurs de l’enfantement.”
De son côté, au lendemain de la première guerre mondiale,
Pie XI, constatant que jamais la haine satanique contre Dieu ne s’était autant
déployée depuis le Déluge, invitait à y voir “l’aurore du commencement des douleurs
que doit apporter “l’homme de péché”, l’Antéchrist.” Il percevait que
l’émergence prochaine de l’Antéchrist, signifiait également la venue du Christ,
car ce monde païen, conduit par Satan pour qu’il soit gouverné par son “suppôt”
ne pourra subsister devant la manifestation glorieuse du Christ Jésus.
En 1957, le pape
Pie XII lançait déjà ce message
pathétique : “Venez Seigneur Jésus, l’humanité n’a pas la force d’écarter
l’obstacle qu’elle-même a créé en cherchant à empêcher votre Retour. Envoyez votre ange, ô Seigneur, et faites
que notre nuit devienne lumineuse comme le jour. Combien de cœurs, ô
Seigneur, vous attendent ! Combien d’âmes se consument pou hâter le jour
où vous vivrez règnerez seul dans les cœurs ! Venez, Seigneur,
Jésus !... Il y a tant de signes
que votre Retour n’est pas loin !”
Et, c’est être fidèle à la
pensée de Jean Paul II que de rappeler ce qu’il proclamait lors des J.M.J.
préparant le grand jubilé de l’an 2000. Dans ses homélies, pointait souvent sa
conviction d’un prochain retour du
Christ qu’il fallait préparer dans un nouvel “Avent”. Le 17 septembre 1984,
aux J.M.J.du Canada, il s’exclamait : “La
paix et la justice peuvent s’embrasser encore une fois à la fin du second
millénaire, qui nous prépare à la venue de Jésus dans la gloire.”
En août1993, à
Denver, nouvelle interpellation : “En
cette réunion des jeunes de toutes les parties du monde, nous crions Maranatha ! Viens Seigneur Jésus !” Ce
pèlerinage doit continuer dans la vie de l’Église, tandis qu’elle regarde vers
le 3ème millénaire chrétien, il doit continuer comme un nouvel Avent : un
moment d’espérance et d’attente, jusqu’au retour du Seigneur dans la gloire”.
À Rome, le 28
février 1997, il insistait : “Le
jubilé ne peut être seulement le souvenir d’un événement du passé, aussi
extraordinaire soit-il ; il doit être la célébration d’une Présence
vivante et une invitation à regarder
vers le second Avènement de notre Sauveur, moment où il instaurera une fois
pour toutes son Règne de Justice d’Amour et de Paix”.
De même à Beyrouth,
le 11 mai 1997 : “Les fils et les filles du Liban attendent sa
nouvelle venue dans la gloire ; nous
tous vivons l’Avent des derniers temps de l’histoire, et tous, nous
cherchons à préparer la venue du Christ,
à discerner le Règne de Dieu qu'il a annoncé”.
Enfin, à Turin, le 24
mai 1998, le mode pouvait entendre : nous sommes pour l’instant dans
le tems de l’attente, agissante et vigilante, du retour glorieux du Christ… et
la réponse rapportée par le livre de l’Apocalypse, remplit de joie notre cœur,
comme celui de tout croyant :
Oui, je viens
bientôt ! Loué soit Jésus-Christ, Amen !
Ainsi, Jean-Paul II
aura été une grande lumière pour que l’humanité revienne à son Sauveur et
Roi. Est-il désormais possible de douter de cette grande attente que porte
l’Église en elle-même pour la transmettre au monde ; Jésus ressuscité est
sur le point de se manifester à nouveau ! L’incrédulité d’un grand nombre de chrétiens, à ce sujet, est
consternante. Une sorte de voile semble couvrir les yeux, obscurcir les
âmes, endurcir les cœurs, montrant combien est grande sur le monde la “fumée”
de Satan. Une véritable libération peut seule permettre au monde de respirer au
rythme de l’Esprit-Saint. Seule nous dit la Bible, une thérapie de choc, salvatrice et miséricordieuse, sauvera l’humanité
en provocant un immense renouveau spirituel…
Dans un passé encore récent, parler d’un prochain retour du Christ faisait sourire ou même
s’indigner des chrétiens enfermés dans une étroite schématique. Ils
pensaient se justifier en rétorquant que pareille affirmation du règne social
du Christ revêtait de l’antique erreur millénariste, et ils argumentaient en
multipliant contre-vérités et comparaisons grossières. Avec mauvaise foi,
certains assimilaient même cette attente du retour du Christ ou bien aux
errements des témoins de Jéhovah ou aux rêves messianiques et politiques du
peuple juif de l’Ancien Testament. On voit que les fausses raisons qui
servirent à faire condamner Jésus servent encore pour refuser le véritable
Royaume qu’il veut toujours instaurer sur notre terre. “L’heure viendra où je serai Roi
unique et véritable sur cette terre que j’ai achetée de mon sang et dont j’ai
été établi Roi par le Père, avec tout pouvoir sur elle… Pour le moment, je
prépare les temps futurs e utilisant spécialement la Parole qui descend des
Cieux pour donner la lumière aux âmes disposées à la recevoir…” (Jésus
à Maria Valtorta, le 16 août 1943)
Cette longue réflexion sur le retour du Seigneur et
l’instauration d’une ère nouvelle dans le monde, où sera proclamé en
vérité : “Jésus Christ-Roi, Prince
de la Paix, Maître des Nations…” ne prétend pas décrire les aspects
temporels du règne qui vient, car il ne s’agit pour l’instant que de dissiper
les doutes. Quand Satan aura été neutralisé, la vie sera libre pour l’éclosion
d’une grande sainteté dans l’Église et dans le monde. Jésus règnera avant tout dans les cœurs et les âmes de tous, parce
que sa royauté est royauté de grâce, de sainteté et d’amour. Les âmes
transformées par la lumière divine se verront éloignées du péché, de la
tentation d’égoïsme, de la domination des passions mauvaises.
Jésus régnant dans
les familles, en celles-ci grandiront
l’harmonie et la paix, la compréhension et la concorde, l’unité et la fidélité.
Jésus régnant dans toute l’humanité celle-ci reviendra au jardin où la Sainte
Trinité pourra recevoir de chaque créature, adoration, gloire, et devenir, dans
sa beauté nouvelle, la demeure habituelle de Dieu. L’humanité conduite sur la
route du retour à Dieu par la conversion, la prière et la pénitence, ne sera
plus une civilisation du blasphème et de l’orgueilleuse volonté de vivre sans
Dieu…
Jésus règnera
particulièrement dans l’Église, le domaine
privilégié de son amour, née de son Cœur déchiré, lavée de son Sang. Libérée de
tout compromis humain, son cheminement vers la perfection montrera à tous la
splendeur de son divin Époux, Jésus. Le triomphe du Cœur Immaculé de Marie
coïncidera précisément avec ce triomphe de son Fils Jésus, dans son règne
glorieux de sainteté et de grâce, d’amour et de justice, de miséricorde et de
paix, s’instaurant dans le monde entier.
À la question de
Pilate à propos de la royauté de Jésus,
celui-ci répondait : “Ma royauté ne vient pas de ce monde…”
En effet sa royauté lui vient de son Père, par un droit imprescriptible. Ce qui
ne veut pas dire qu’il n’a pas à avoir prise sur les sociétés humaines. L’homme
créé gouvernera la terre, gardant toute sa responsabilité pour l’administrer,
mais il devra le faire désormais au nom de Dieu et selon son plan, avec
compréhension, solidarité fraternelle, respect des plus faibles et des plus
pauvres. Un vrai paradis pour la part de l’humanité qui pourra y accéder, après
avoir été purifiée.
Le Concile Vatican
Il, en sa finale, s’adressait ainsi aux gouvernants :
“Nous le proclamons hautement : nous rendons hommage à
votre autorité et à votre souveraineté ; nous respectons votre
fonction ; nous reconnaissons vos justes lois ; nous estimons ceux
qui les appliquent. Mais nous avons une parole sacrosainte à vous dire et la
voici :
“Dieu seul est
grand, Dieu seul est le principe et la fin.
Dieu seul est la source de votre autorité et le fondement de vos lois. C’est à
vous qu’il revient d’être sur terre les promoteurs de l’ordre et de la paix
entre les hommes. Mais ne l’oubliez pas : c’est Dieu, le Dieu vivant et vrai, qui est le Père des hommes. Et
c’est le Christ, son Fils éternel, qui est venu nous le dire et nous appendre
que nous sommes tous frères. C’est lui le grand artisan de l’ordre et de la
paix sur la terre, car c’est lui qui conduit l’histoire humaine et qui seul
peut incliner les cœurs à renoncer aux passions mauvaises qui engendrent la
guerre et le malheur. C’est lui qui bénit le pain de l’humanité, qui sanctifie
son travail et sa souffrance, qui lui donne des joies que vous ne pouvez pas
lui donner et la réconforte dans les douleurs que vous ne pouvez pas consoler.
“Dans votre cité
terrestre et temporelle, il construit
mystérieusement sa cité spirituelle et éternelle, son Église. Et que
demande-t-elle de vous cette Église, après bientôt deux mille ans de
vicissitudes de toutes sortes dans ses relations avec vous, les puissances de
la terre ; que demande-telle aujourd’hui ? Elle ne vous demande que
la liberté, la liberté de croire et de prêcher sa foi, la liberté d’aimer son
Dieu et de le servir, la liberté de vivre et de porter aux hommes son message
de vie. Ne la craignez pas : elle
est à l’image de son Maître dont l’action mystérieuse n’empêche pas vos
prérogatives, mais guérit tout l’humain de sa fatale caducité, le transfigure,
le remplit d’espérance, de vérité et de beauté.
“Laissez le Christ
exercer cette action purifiante sur la société ! Ne le crucifiez pas à nouveau ; ce serait sacrilège,
car il est le Fils de Dieu ; ce serait suicide, car il est Fils de
l’Homme. Et nous, ses humbles ministres, laissez-nous répandre partout sans
entraves la “bonne nouvelle” de l’Évangile de la paix. Vos peuples en seront les premiers bénéficiaires, car l’Église
forme pour vous des citoyens loyaux, amis de la paix sociale et du progrès…”
Conformément à
cette déclaration de Vatican II, le
chrétien, loin de se dire qualifié pour préconiser l’un ou l’autre régime
politique, plaide seulement pour de justes lois, pour la liberté de conscience
et de culte, et même pour qu’un jour les pouvoirs publics reconnaissent
officiellement le Christ comme leur Souverain suprême. Et puisque nous vivons dans un monde facilement rebelle à l’Évangile,
nous mettons notre seule confiance dans la Providence, mais nous réclamons la
pleine liberté de dire publiquement notre foi. Au tournant de ce 3ème
millénaire, c’est désormais l’espérance
et l’attente d’une prochaine manifestation du Christ, revenant pour son
Royaume, que les chrétiens doivent cultiver. Et nous confions cette espérance et cette attente au Cœur Immaculé de
Marie.
(A. de Lanhou)