ATTENTION AUX ESCROCS AU RÉTRO CASSÉ
Raymond Renou, 76 ans, ne s’en remet pas. « De toute ma vie, je
n’ai jamais été victime d’une escroquerie, regrette ce Meldois. Et là, je me
suis fait avoir comme un débutant, alors que j’ai toujours été vigilant! »
Cet ancien directeur commercial a donné 1.400 € en liquide à deux escrocs,
pour un rétroviseur cassé.
Et il n’est pas le seul à s’être laissé
embobiner par leur bagou.
Les faits remontent au 30 janvier. Il est
11h30, Raymond roule quai Jacques-Prévert, à Meaux, quand il entend un bruit
sourd. Quelques instants plus tard, une Peugeot 307 noire arrive à sa
hauteur. Deux hommes à bord lui font signe de s’arrêter : « Vous nous
avez cassé un rétroviseur, vous n’avez rien vu ? » Raymond se gare,
désolé, et propose de rédiger un constat à la vue, effectivement, du rétro au
miroir brisé.
Au téléphone, un assureur fantôme conseille
de payer cash
Les deux hommes le préviennent qu’il risque
d’être poursuivi pour délit de fuite, en cas de constat. Ce qui est faux.
« Nous allons téléphoner à l’assurance, c’est plus simple. Où êtes-vous
assuré ? » lance le conducteur à Raymond Renou. Comme par hasard, il
s’agit de la même compagnie. Les deux hommes appellent le soi-disant assureur
et détaillent la situation.
« J’ai été embarqué dans l’histoire,
j’y ai cru, soupire le retraité. Surtout quand ils m’ont passé l’assureur qui
m’a conseillé de payer en liquide. Il m’a répété que je risquais d’être
poursuivi pour délit de fuite, j’encourais 1.500 € d’amende et un retrait
de points sur mon permis. J’étais un peu paniqué. Mais il m’a assuré que je
serai remboursé à 90% si la facture de la réparation lui était envoyée sous
48 heures. »
L’assureur fantôme évalue à 1.400 € la
réparation du rétroviseur. Raymond n’a pas cette somme sur lui, mais
qu’importe. Il se rend à sa banque, toute proche, pour retirer 1.400 € au
guichet. Le duo, lui, attend à l’extérieur pour éviter d’être filmé par les
caméras. Raymond exige tout de même quelques garanties. Il note le nom,
l’adresse et le téléphone du conducteur. De fausses informations, bien sûr.
« À la fin, ils voulaient m’embrasser
tellement j’étais sympathique », fulmine le retraité, invalide à 80%. Car
évidemment, Raymond n’a pas accroché ce rétroviseur : le sien ne porte
aucune éraflure et les auteurs ont grossièrement tracé un trait au crayon noir,
à l’arrière de sa voiture, pour simuler une trace de frottement.
Raymond Renou n’est pas la seule victime de
cette arnaque au rétroviseur. Le même jour, deux conductrices ont subi la même
mésaventure à Provins. Près de la poste, une femme de 90 ans a été piégée
par deux hommes qui se sont fait remettre 1.800 € en utilisant le même
stratagème.
Peu après, du côté du cimetière, c’est une
femme de 75 ans qui a été victime de ce scénario parfaitement huilé. Après
avoir entendu un bruit, elle a été hélée par un individu qui lui faisait des
appels de phares depuis une voiture grise. Après lui avoir fait croire qu’elle
avait cassé son rétroviseur, il a téléphoné à son faux assureur. Ce dernier lui
a alors enjoint de payer les dégâts en liquide. Elle aussi dupée par une fausse
marque sur sa voiture, la septuagénaire s’est rendue à la banque et a versé à
l’escroc 712 €.
Le Parisien Libéré
--