LA .FRANCE ET LE
SACRÉ-CŒUR (1)
À Louis XIV, Poincaré et Consorts…
À la suite de la mort survenue à Loublande, le 29 janvier 1972, de
Claire FERCHAUD (Sœur Claire de Jésus Crucifié), la presse a reproduit le
texte de la lettre qu’elle adressait le 7 mai 1917 à 14 généraux
d’armée (Cf. “Défense du Foyer” n° 131, p. 85).
En 1917, la France, trahie de
l’intérieur, était au bord de la défaite et de la révolution(2). Dans toutes les églises
et chapelles, matin et soir, les
catholiques priaient, récitaient le rosaire, imploraient le Sacré-Cœur. Par
millions, au front comme à l’arrière, civils
et militaires, femmes et enfants portaient sur la poitrine la cocarde tricolore
avec l’insigne du Sacré-Cœur selon la demande faite par Notre-Seigneur à
sainte Marguerite-Marie le 17 juin 1689 et renouvelée en 1917 à sa
jeune messagère Claire Ferchaud.
Celle-ci, le 1er janvier 1917
adressait au Président de la République, Raymond Poincaré, une lettre lui
faisant part du message qui, sur l’ordre
de Dieu, devait lui être transmis(3). Des détails intimes,
connus seulement du Président accréditaient le caractère divin de
l’avertissement.
Ce message peut se résumer en une
double demande :
1) La conversion du Président de la
République.
2) L’apposition du Sacré-Cœur sur le drapeau
national.
Cette lettre fut remise au Président le 16 janvier 1917. En voici
le texte :
Monsieur le Président,
Une humble fille du Poitou vient
de recevoir du Ciel une mission qui fait frémir sa nature bien timide, mais
qui, en but du salut de notre cher pays, ne peut reculer devant aucun
sacrifice. J’ai donc l’honneur de m’adresser au chef premier de la nation
française. C’est à vous, Monsieur le Président, que Dieu m’envoie. Le mot Dieu doit vous rappeler quelques
souvenirs de notre sainte religion. Ce Dieu qui est chassé de notre pauvre
France par la Franc-Maçonnerie, persécuté de toutes façons, est cependant
jaloux de posséder ce pays qui est
appelé la Fille ainée de l’Église.
Monsieur, veuillez s’il vous
plaît me prêter votre attention. Ce que j’ai à vous dire n’est pas invention de
ma part. La chose est grave pour vous d’abord, ensuite pour l’avenir de la
France. C’est de la bouche divine du
Dieu du Ciel que j’ai reçu l’ordre de vous transmettre le désir exprès de Jésus.
Que la Très Sainte Vierge Marie vous assiste. Que Dieu vous donne sa lumière,
Monsieur. De vous dépend le salut ou la mort de notre pays.
Vous aurez le salut d’abord, si vous renoncez à cette vie de luttes
contre la religion. Vous êtes le chef, vous avez en main la clef du
Gouvernement. Il vous appartient donc d’aller dans le droit chemin qui est la civilisation chrétienne, source de toute
morale. Vous devez montrer le bon
exemple en combattant contre la Franc-Maçonnerie.
La guerre est un châtiment du Ciel.
Dieu n’a plus place en France. Lui seul
est le Souverain Maître de tout ce qui existe. Un jour viendra où Il fera
éclater sa puissance et tous ces préjugés de ces savants de l’heure actuelle
tomberont en cendres comme un feu de paille. Officiellement, vous devez donc adorer le Seigneur votre Dieu, vous
le reconnaîtrez sans lâcheté, sans respect humain.
En second lieu, et c’est là le but de ma mission, Jésus veut
sauver la France et les Alliés, et c’est par vous, Monsieur le Président,
que le Ciel veut agir, si vous êtes docile à la voix divine.
Il y a des siècles déjà, le
Sacré-Cœur avait dit à sainte Marguerite-Marie : « Je désire que mon Cœur
soit peint sur le drapeau national, et Je les rendrai victorieux de tous leurs
ennemis ». Dieu semble avoir dit ces paroles pour nos temps actuels.
L’heure est arrivée où son Cœur doit
régner malgré tous les obstacles. Ce Cœur Sacré, j’ai eu la grâce d’en
contempler la face adorable. Jésus m’a montré son Cœur broyé par l’infidélité
des hommes. Une large plaie divise son Cœur. Et de cette plaie profonde, Jésus m’a dit : « C’est la France qui me l’a faite ». Cependant,
malgré les coups dont le Cœur de Jésus est martyrisé, il s’avance vers vous, M.
le Président, en offrant sa miséricorde. À plusieurs reprises différentes,
entre autres le 28 du mois de novembre 1916, Jésus, dans une lumière
spéciale, me fit voir M. le Président, l’âme fortement travaillée par la grâce
d’abord à demi écoutant Dieu et votre conscience. Il m’a semblé voir Dieu vous
adressant ces paroles « Raymond, Raymond, pourquoi me persécutes-tu ? »
À cette voix, vous avez tressailli ; puis la grâce étant plus forte que
vos passions, vous êtes tombé à genoux, l’âme angoissée et vous avez dit :
« Seigneur,
que voulez-vous que je fasse ?... »
Plusieurs fois, pendant l’auguste
mystère de la sainte Messe, Jésus aspergea votre personne de son sang divin,
signe de la miséricorde que son Cœur vous offre. Monsieur, voici les paroles sacrées
que j’ai entendues de la bouche même de Notre-Seigneur : « Va
dire au chef qui gouverne la France de se rendre à la Basilique du Sacré-Cœur
de Montmartre avec les rois des nations alliées. Là, solennellement, les
drapeaux de chaque nation seront bénits, puis le Président devra épingler
l’image de mon Cœur sur chacun des étendards présents. Ensuite, M. Poincaré et
tous les rois alliés à la tête de leur pays, ordonneront officiellement que le
Sacré-Cœur soit peint sur tous les drapeaux de chaque régiment français et
allié. Tous les soldats devront être recouverts de cet insigne de salut ».
D’accord, ensemble, la France et les alliés, le même jour, à la même heure,
s’élanceront à l’assaut, munis de leurs insignes. L’ennemi prendra la fuite et
ils seront repoussés au-delà de la frontière avec de grosses pertes. En peu de
jours le Sacré-Cœur nous rendra victorieux. La France et les alliés ne seront vainqueurs que par le Sacré-Cœur.
La paix signée solennellement, la France et les pays alliés reconnaissants
viendront, sous la présidence en tête de M. Poincaré et tous les rois alliés, consacrer à Montmartre la France et les
autres nations au divin Cœur de Jésus. Une consécration sera faite à Marie Immaculée, Mère de Dieu, et on devra faire vœu d’ériger un temple
national en son honneur.
Voici les ordres de Dieu. Si vous refusez d’accomplir les lois divines, dans peu de temps
vous serez renversé de votre place. De grands malheurs vous menacent. La France
et son chef sera écrasée. Le feu du Ciel est annoncé pour la réduire en
cendres. Ce serait déjà fait, Monsieur. Je rappelle à votre souvenir votre
pieuse mère, décédée il y a quelques années. Sans elle, oui, vous seriez
maintenant couché dans la tombe, et hélas ! votre âme, où serait-elle ? - Je l’ai vue dans les gloires du Ciel,
parmi les saintes de Dieu, se distinguant par sa tristesse profonde. Pendant
cette vision, elle pleurait, Jésus pleurait aussi, mais ses larmes étaient de
sang. Votre mère suppliait Dieu de vous
faire grâce encore ; alors, à sa demande, Jésus lui donna un délai. Le sang de Jésus et les larmes de votre
mère se mêlèrent, et, mystiquement, se répandirent sur vous. Puis, cette mère
que vous avez pleurée me montra son fils, ce cher Raymond, au jour de sa
première communion, beau comme les anges
du Ciel, embaumé de cette présence du premier baiser de Jésus à son âme. Le
Ciel et la terre étaient en fête devant ce spectacle.
Mais hélas avec les années qui se
sont succédé, les compagnies fausses et dangereuses ont été l’objet de votre
recherche et, par ce chemin, vous êtes devenu ce que vous êtes à l’heure présente.
Votre mère pleurait toujours. Elle me donna un regard de supplication et me dit
« Va,
va sauver mon fils, je suis sa mère ! » Monsieur, ne
serez-vous pas touché quand je vous rappelle le souvenir de votre mère ? Votre cœur serait-il d’airain pour ne
pas être attendri à la voix suppliante d’une mère qui, même dans la gloire du Ciel,
pleure sur son fils égaré !
Monsieur, je vous l’ai dit :
« De
vous dépend le salut de tous. Vous avez sur vos épaules tout le poids
du Gouvernement. N’entendez-vous pas aussi toutes les voix de ces glorieuses
victimes tombées au champ d’honneur : ce sang pur de ces prêtres martyrs,
tombés aux postes de leur dévouement ? Ah ! les
prêtres, n’ont-ils pas été les premiers prêts à se ranger parmi nos soldats, les entraînant à la lutte pour Dieu et pour
la France ? - En père que vous devriez être pour vos enfants de
France, ne serait-ce pas votre devoir de les soutenir, au lieu de les laisser
bafouer et insulter de toutes façons.
Le sang des enfants de France est
comme un cri qui s’élève vers vous. Ces voix retentissent plus fortement que le
bourdonnement du canon qui gronde sur le front. Ces voix, je les entends vous
dire : « Raymond, chef de la nation française, si tu veux obtenir la victoire,
reviens à ton Dieu ». Ces paroles ne sont-elles pas plus
pénétrantes que la voix des impies qui persécutent la religion ? La main
de Dieu est levée ; sa puissance va donner pour une dernière fois, un dernier
avertissement du Ciel. Monsieur le Président, vous êtes perdu si vous persistez
dans les erreurs qui empoisonnent votre vie. Ah ! je frémis ! Pauvre France !
D’elle, nous n’aurons plus que le souvenir.
Claire de Jésus Crucifié
Cette lettre avait été remise, le
16 janvier au Président Poincaré par son secrétaire M. Sainsère.
Dès le 18, Notre-Seigneur révéla à Claire ce qui suit :
« Avant-hier, Jésus me
représenta (le Président) avec une certaine colère sur son visage. Je le voyais
irrité..., mais heureusement le Président cédait à ses impressions, seul avec
lui-même. Je l’ai vu peu à peu se radoucir, puis il rentra en lui-même et il
relit ma lettre. Il se cache le visage dans ses mains. Il soupire, il regarde le portrait de sa mère, il la
prie, il dit : « Mon Dieu ! » et il pleure. Le Ciel le
regarde. Ah ! le Ciel en face de sa personne ! Rien ne peut résister
devant la puissance divine ! Le Président
voudrait me voir, m’entendre, mais il n’ose confier ce désir. L’orgueil est
là, mais la grâce fait son œuvre petit à petit. Jésus veut arriver à son
but. »
Une deuxième lettre fut écrite
par Claire au Président, et remise au député de Baudry d’Asson. On pense que
cette lettre ne fut pas remise au Président Poincaré mais commentée
verbalement.
Quoi qu’il en soit, c’est un fait
que le Président Poincaré,
impressionné et troublé par les faits et les précisions personnelles contenues
dans ces messages, recevait Claire
Ferchaud à l’Élysée le 21 mars.
Voici le compte-rendu de cette visite, tel qu’il fut rédigé par
Claire elle-même :
Je commence en disant :
« Je vous demande bien pardon, Monsieur le Président, de vous
déranger ». Sitôt, il reprend : « Mais
je suis content de vous recevoir. C’est le député M. de Baudry d’Asson qui
m’avait demandé l’audience ». Aussitôt je lui dis : « Me permettez-vous, M. le Président,
de vous exposer le but qui m’amène ici ? » Il fit un petit signe
de tête et dit : « Faites-le,
je vous écoute ».
Je continue : « Vous
souvenez-vous d’une lettre que je me suis permise de vous écrire et que vous
avez dû recevoir il y a quelques semaines ? »
Il me répond : « Je l’ai bien reçue ».
Alors je continue :
« Eh bien ! c’est le même sujet qui me ramène aujourd’hui, et c’est
Dieu qui m’envoie pour vous faire connaitre ses volontés, à vous, M. le
Président. Le Sacré-Cœur s’adresse à
vous. Il veut que la France officielle reconnaisse Dieu pour Maître, et il
veut pour nos temps actuels, que son Cœur
soit peint sur nos couleurs nationales, et c’est du Chef d’État qu’il attend
cet hommage ».
Le Président m’écoutait
attentivement ; il dit : « Oui,
mais moi je ne peux pas le faire. Les lois qui ont été votées, je ne peux pas
les refaire, à moins que la Chambre change, et je ne le crois pas ».
Alors je lui dis : « Eh bien ! pourquoi ne leur
feriez-vous pas vous-même ma proposition ? Vous êtes le Chef de tout, et
Dieu attend de vous cet acte pour vous en bénir ».
Alors je le vois un peu
embarrassé, et il me dit : « Mais
on ne peut pas défaire des lois qui ont été faites, et on ne peut pas modifier
quoi que ce soit sur le drapeau national ».
Je lui dis : « Monsieur
le Président, il n’y a aucune modification à mettre un emblème religieux sur l’étendard français, puisque c’est le
désir de Dieu, et je vous dis de sa part que la France ne sera sauvée que par le règne de son Cœur, et ce règne,
Il le veut solidement établi dans la France officielle ».
Le Président dit : « Pourquoi ce signe et non pas un autre » ?
Alors je lui représente nos
gloires d’autrefois par l’intervention divine, puis je lui mets devant les yeux le signe de la Croix qui illumina
l’empereur Constantin, et maintenant c’est un nouveau signe qui est le
Sacré-Cœur. J’ajoutais que la guerre ne
se terminerait que lorsque le Sacré-Cœur serait peint sur nos drapeaux.
Alors il me dit :
« Mais dans les guerres passées, il y a eu bien des victoires sans que le
Sacré-Cœur soit ainsi sur les drapeaux ».
Alors je réponds : « Dieu intervient à son heure, et
Il a réservé à nos temps actuels l’honneur d’être gravé sur nos drapeaux par la
France convertie... ». Alors, poussée par une inspiration, je
continuais : « Dieu n’a plus
de place en France, la religion est persécutée, on ne veut plus d’emblèmes religieux
».
- Mais si vous portez bien la
Croix, vous, personne ne vous en empêche.
- On défend à nos soldats de
porter ostensiblement le fanion du Sacré-Cœur, pourquoi ne pas leur laisser la
liberté ?
- L’uniforme doit rester net, et
si on permet aux catholiques de le porter, il y a des protestants qui, eux
aussi, mettront des images à leur façon ; d’ailleurs il y a des soldats
dans les hôpitaux qui ont le Sacré-Cœur sur eux, personne ne les en empêche.
- Oh ! M. le Président, ils
ont été combattus ; ceux qui portent le Sacré-Cœur l’ont sous leurs
capotes, et le Gouvernement a défendu de le faire paraître... Pourquoi persécuter la religion ? Dieu
est le Maître. Il aime la France, la France ne périra pas malgré toutes les
oppositions.
- Mais croyez bien que nous ne
défendons pas de prier, nous laissons libres. Beaucoup de personnes prient pour
la France, c’est très bien.
Et il ajoute : « il
s’est dit des messes pour nos morts de la guerre ; j’y ai assisté, et
quand je ne peux y aller moi-même, je me fais remplacer. Nous n’avons jamais
empêché les messes de se dire ».
J’ai répondu : « Bien, je vous félicite, Dieu vous
aime, mais Il veut encore plus, et c’est à vous qu’Il s’adresse, c’est de
vous que Dieu demande l’acte officiel permettant que le Sacré-Cœur soit peint sur le drapeau national ».
Le Président reprend : « Mais je ne peux pas ; je dois
pour cela soumettre le cas à la Chambre, mais ce sera rejeté ».
Je lui réponds : « Eh bien ! soumettez le
projet ».
Le Président fait silence, il
semble réfléchir ; puis il dit : « Je
ne crois pas que l’on vous écoute ».
- Eh bien, vous pouvez essayer, puisque c’est le désir de Dieu.
- Eh bien, soit ! J’ai retenu tout ce que vous m’avez dit, je vais le soumettre à la Chambre.
Puis le Président change de
conversation et il dit : « Il y a longtemps que vous avez des
révélations ? »
- M. le Président, à ce sujet,
permettez-moi de vous montrer ici une image faite sur le modèle du Sacré-Cœur
où Il se révèle actuellement. Voici
comment Il se montre à la France.
Le Président prend ses lorgnons
et il dit : « Montrez ! »
CŒUR SACRÉ DE JÉSUS,
BROYÉ À CAUSE DE NOS PÉCHÉS
AYEZ PITIÉ DE NOUS
Je déploie l’image, je l’étends
sur son bureau. Le Président la tient au bas, il la regarde et il lit
l’inscription. Je lui explique pourquoi ce sang aux pieds, aux mains, et ce
Cœur meurtri. Je lui fis voir la blessure profonde du Cœur de Jésus, faite par
la France officielle et j’ajoute : « M.
le Président, cette blessure ne sera refermée que lorsque vous aurez accompli
les desseins du Sacré-Cœur ».
Le Président ne dit rien pendant
qu’il regarde l’image... II veut la recouvrir du papier qui était à côté.
J’allais la rouler, lorsqu’une force me pousse à enlever le papier une seconde
fois, et je lui dis : « Regardez-la
bien et priez-la si vous avez le courage ». Il ne dit rien, mais son
regard regarde l’image. Je lui dis :
« Voyez ces plaies, et cette main qui vous invite et semble dire :
Viens à moi ! ».. Pas un mot. Ensuite je
lui dis : « Eh bien, si la
majorité du peuple français demande le Sacré-Cœur sur le drapeau, leur
refuserez-vous ? »
- Ah ! peut-être que non
alors, on accepte toujours les pétitions.
- Alors, vous me promettez de ne
pas y mettre obstacle, et vous allez proposer la chose à la Chambre.
- Oui, demain, je leur dirai ce que vous m’avez dit.
Je lui dis en peu de mots que
Dieu était bon de vouloir le prévenir ; s’il ne se convertissait pas, que
des châtiments lui étaient réservés. Il m’écoute et il dit : « Eh !
vous, qui êtes une bonne catholique, priez toujours, je ne vous le défends
pas ».
Il ajoute : « Et vous êtes venue à Paris exprès
pour me dire cela ? » - Oui, M. le Président, chaque jour, j’ai
été prier le Sacré-Cœur à Montmartre pour la France et pour vous. Je prie Dieu
de vous éclairer de sa grâce. J’aime la
France, et c’est pour son honneur et son droit que Dieu m’envoie accomplir près
de vous cette mission.
Le Président ensuite me demande
d’où je suis : il paraissait bien ne pas l’ignorer. Je lui ai dit :
« Je suis Poitevine et sur les bords de la Vendée ».
- Vous êtes d’une famille
honorable ; vous avez quelqu’un à la guerre ?
- J’ai deux frères : l’un
prisonnier, et l’autre sur le front.
- Allez-vous retourner dans votre
famille ?
- Est-ce que vous désirez que je
reste à Paris, M. le Président ?
- Non, vous pouvez retourner maintenant, vous avez fait votre devoir en
noble Française.
- Et vous, M. le Président, vous
tiendrez votre parole de n’être pas un obstacle à l’œuvre du Sacré-Cœur ?
- Et Dieu m’aimera encore davantage ?
- Oh ! oui, et beaucoup plus.
L’audience était terminée, elle
avait duré 20 minutes.
En sortant, Claire put dire au
Marquis de Baudry d’Asson :
« J’ai tout osé dire ;
j’en suis bien heureuse. Le Président a été bien aimable ».
Ce n’était pas suffisant. M.
Poincaré n’eut pas le courage de tenir parole ; c’est ce qui occasionna la seconde lettre de Claire :
1er mai 1917
Monsieur le Président,
Envoyée par le bon Dieu, j’ai l’honneur
de faire sa petite commissionnaire près du Chef de l’État qui, malgré les
appels réitérés de la grâce divine, ferme les oreilles à cette voix qui se fait
entendre dans le fond de son âme.
Monsieur le Président, quand j’ai
eu l’honneur d’être introduite à votre bureau, nous avons discuté sur le devoir
que la France a envers Dieu, en accomplissant
les désirs de son Cœur, en gravant sur les trois couleurs nationales l’emblème
religieux que vous connaissez. Vous m’aviez promis de proposer à la Chambre
ce que, de la part du Ciel, j’étais venue vous faire connaître. Avez-vous accompli votre promesse que je vous
fis répéter par trois fois ? J’en doute beaucoup ; même
n’auriez-vous pas ri de cette proposition après mon départ ? Dieu a été
témoin de l’entrevue ; Il a entendu vos réponses à ses demandes que j’ai
eu l’honneur de vous faire connaître. Serez-vous franc devant Dieu et devant la
simplicité d’une humble fille qui n’a en vue que le salut de sa chère France.
Vous avez peur des moqueries qui accompagneront vos déclarations ; vous avez peur des hommes qui ne sont que
des lâches et des poltrons, et vous n’avez pas peur de Dieu qui a son éternité
pour punir.
Monsieur le Président, croyez que ce n’est pas pour rire que le
bon Dieu se met en peine de s’abaisser jusqu’à sa pauvre créature si ingrate
et de lui commander de revenir à la pratique du devoir, si elle ne veut pas
attirer sur elle les châtiments de la colère divine.
Nous sommes à une heure très
grave. Vous êtes, Monsieur le Président,
à la tête de cette nation française si aimée du Christ et si coupable dans ses
lois, la France qui est appelée la Fille
aînée de l’Église et qui est la seule qui n’est pas représentée devant le
Souverain Pontife.
La France, royaume de prédilection,
l’aimez-vous véritablement ? Vous êtes Français, l’êtes-vous par le cœur ?
Ah ! pauvre France qui baigne dans le sang de ses enfants et dont le cœur
va être étouffé par d’ignobles mains criminelles qui prétendent la ruiner par
d’infâmes trahisons. La Franc-Maçonnerie
veut la perte de la religion catholique ; elle veut sa perte à tout
point de vue. Mais, du haut du Ciel, le Sacré-Cœur veille sur son royaume ;
Il prend en pitié l’innocence de tant de généreuses victimes qui ont versé leur
sang pour la Patrie. Puisse-t-elle être
enfin délivrée des ennemis, de l’envahisseur teuton et aussi des B... de
l’intérieur, qui pervertissent notre cher pays.
Monsieur le Président, je ne dois
pas accomplir à demi la mission que Dieu me confie. Son Cœur est profondément
triste. Le jour du 16 mars 1917, Il me dit : « La France me tue ;
mais malheur à ceux qui ne se convertiront pas ! ». Puis sa voix devenue plus grave, Il parle fort
et Jésus dit : « Le peuple de
France est à deux doigts de sa perte. Le traître vit au cœur de la France.
C’est la Franc-Maçonnerie qui, pour obtenir la perte éternelle de ce pays,
d’accord avec l’Allemagne, a engendré cette guerre. Les trahisons se poursuivent,
et si quelqu’un pouvait pénétrer à l’intérieur de plusieurs cabines, il y
découvrirait les pièges ». Dieu ajoute : « Sans moi, la France serait perdue ; mais mon amour qui
veut la vie de cette France, arrête le fil électrique qui communique à l’ennemi
le secret de la France. La
Franc-Maçonnerie sera vaincue, de terribles châtiments fondront sur elle.
Mais je demande au brave petit soldat de France, jusqu’aux généraux qui sont
aux armées, de déployer le drapeau du
Sacré-Cœur, malgré la défense formelle qu’on fera autour d’eux ; et que tous, généraux, officiers et simples
soldats, aillent de l’avant ! Je leur promets la victoire ! La
secte franc-maçonnique, le gouvernement actuel seront châtiés ; on
découvrira tous leurs engins ; plusieurs seront mis à mort ».
Et là, Notre-Seigneur me fit voir
la France régénérée dans la foi, et Il dit : « Oh ! la France, comme elle sera belle un jour ! Non, Satan
aura beau faire, jamais la France ne lui appartiendra ! »
À vous, Monsieur le Président, de
tomber à genoux et de demander pardon à Dieu, toujours plein d’amour et de
miséricorde.
Que la France soit enfin délivrée
par le règne du Sacré-Cœur, malgré la rage de Satan et de ses suppôts.
« Vive le Christ qui aime les Francs ! »
J’ai l’honneur de vous saluer
avec respect.
Claire de Jésus Crucifié
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Notes :
(1) “Défense du Foyer”, n. 134, mai
1972.
(2) Sans l’intervention providentielle, la France aurait connu en 1917
le sort de la Russie livrée à la Révolution.
(3) Cet ordre de Notre-Seigneur se manifesta spécialement les
26 novembre et 16 décembre 1916 :
“Les temps sont mauvais sur la
terre ; les cœurs sont broyés parfois, mais même sans l’épreuve, on
continue à m’outrager. Le mal se rallume dans les âmes, et c’est la France qui
ouvre dans mon Cœur cette blessure d’où s’échappent des flots de sang. Je veux
tenter un dernier effort; mon amour surpasse toute mesure : J’aime tant la France ; Je veux la sauver.
En mon nom, je te commande d’écrire au Chef de ceux qui vous gouvernent.
L’image de mon Cœur qui doit se faire doit sauver la France. C’est à eux que tu
l’enverras. Si on la respecte, c’est le salut ; mais si on la foule aux
pieds, ce sont les malédictions du Ciel qui tombent et écrasent tout le peuple.
Va droit à ceux qui vous gouvernent.
Si tu savais comme la conscience de ces gens-là est agitée. Je remue leurs
cœurs, à toi maintenant de me faire connaitre. La chose te parait grave, mais
obéis ; c’est le salut de ta Patrie” (26 nov 1916).
“Les gouvernants sentent que Dieu
seul peut les sauver. Mais lâches qu’ils sont, ils vivent chacun dans leur
milieu, cachant ces pensées au fond de leur cœur. C’est pourquoi tu vas écrire
au Président lui montrant son devoir à la tête d’une puissance, devoir
vis-à-vis de Dieu d’abord, devoir sur lequel tout le peuple doit se former.
S’il ne se soumet pas à ce que Je lui adresse par toi, de grands malheurs
menacent sa personne et ses droits. Au contraire si, par lui, Je suis gravé sur
le drapeau français, dès le lendemain, il poursuivra l’ennemi qui fuira en désordre
et le rejettera au-delà de la frontière. En
peu de temps, c’est la paix pour toutes les nations” (16 dec 1916).
On remarquera que la mission de
Claire Ferchaud sur le plan national se termine par un vœu :
« Que la France soit enfin
délivrée par le règne du Sacré-Cœur, malgré la rage de Satan et de ses
suppôts. »
Et par le cri de reconnaissance
qui termine notre vieille loi salique :
« Vive le Christ qui aime
les Francs ! »
Ceux qui connaissent l’importance
des dates dans les desseins de Dieu remarqueront les coïncidences :
En 1917, à Rome, la Franc-Maçonnerie
fêtait son 2ème centenaire et, sous les fenêtres du Vatican, insultait le Pape
et déployait l’étendard de Lucifer foulant saint Michel sous ses pieds avec
cette inscription :
« Satan doit régner au Vatican,
le Pape sera son esclave ».
Au Portugal, les révolutions se succèdent,
la Franc-Maçonnerie règne en maitresse persécutant les catholiques.
En France, la Franc-Maçonnerie avec l’aide
de ministres (Malvy) et d’hommes à la solde de l’Allemagne (Bolo Almereyda avec
le Bonnet Rouge) préparent la défaite de la France. On ne peut qu’être très
frappé par la triple intervention du
Ciel :
- Le Portugal sauvé de la révolution par le grand miracle de Fatima (13 octobre).
- À Rome, 4 jours après (17 octobre), fondation par le Père Kolbe de la Milice de l’Immaculée (comportant
la lutte contre la Franc-Maçonnerie pour protéger le Pape et l’Église).
- De son côté, la France était
sauvée du désastre en cette même année par l’intervention du Sacré-Cœur. Les traîtres
étaient arrêtés et l’armistice intervenait le 11 novembre 1918 (fête
de saint Martin).
Claire Ferchaud a toujours
regardé la guerre de 1940, la guerre d’Algérie et les autres comme la
continuation de la guerre de 1914 : pas
de paix, seulement des trêves. Et le monde dans un chaos toujours plus profond.
Les années que nous vivons voient
se poursuivre une lutte implacable de la Cité sans Dieu, matérialiste et athée,
contre la Cité de Dieu. L’Église persécutée
est empêchée d’accomplir son œuvre de paix.
Ce sont des « faits ». Au moment où la Franc-Maçonnerie, totalement
maîtresse de tous les rouages de l’État, de la presse, de la Radio, des écoles
et universités, annonce qu’elle se « désocculte »
pour proposer son « idéal »
à la jeunesse, nous devons méditer ces faits.
Il est temps pour les catholiques, avec l’aide de Notre-Dame, de se
réveiller, de rétablir leur unité dans l’Église autour du Pape.
Seule, la conversion nous sauvera ! Tous les événements
confirment les avertissements de 1917, celui de Notre-Dame et
celui du Sacré-Cœur.
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