Neuvaine à l'Enfant-Jésus de Beaune
(25 janvier au 2 février)
Le Carmel de Beaune est fondé en 1619. En 1630, y
entre une orpheline de 11 ans 1/2, Marguerite Parigot, d'une famille de
notables de Beaune. Sous la direction spirituelle de mère Marie de la Trinité,
chargée des Novices et de mère Élisabeth de la Trinité, la Prieure Marguerite
Parigot deviendra la Vénérable Marguerite du Saint-Sacrement. Le divin Enfant-Jésus comble la « petite épouse de sa crèche » de grâces
mystiques. La pratique des vertus religieuses notamment de l'obéissance
authentifie ces expériences étonnantes chez une enfant.
La puissance de sa prière est bientôt connue au dehors
du Carmel. Une première fois en 1636, alors que la France est attaquée au nord
et à l'est, et que rien ne semble pouvoir empêcher les armées ennemies
d'arriver jusqu'à Beaune pour y commettre pillages et massacres, les habitants
de la petite ville sont terrifiés et la prieure du Carmel songe à fuir le
danger. Marguerite assure :
« L'enfant-Jésus m'a promis que la ville serait
épargnée. »
Cela se réalise. La reconnaissance populaire se
manifeste par la diffusion de la « petite couronne » préconisée par
Sœur Marguerite sur indication céleste :
Trois « Notre Père » pour
remercier Dieu du don qu'il nous fit en Jésus, Marie et Joseph ; douze
« Je vous salue Marie » pour honorer les douze années de l'enfance de
Jésus.
Marguerite intercède aussi pour la naissance de
Louis XIV. Par une révélation reçue dans sa prière, elle affirme que la
Reine va donner le jour au futur Louis XIV. La mère et le fils vont
manifester par la suite leur gratitude au Carmel. La réputation de sœur
Marguerite a attiré l'attention d'un seigneur normand, le Baron Gaston de Renty, qui se rend en 1643 en Bourgogne pour s'entretenir
avec elle. Gagné à sa dévotion, il en donne une définition qui préfigure Sainte
Thérèse de l'Enfant-Jésus :
« L'esprit d'enfance est un état où il faut vivre
au jour le jour, dans une parfaite mort à soi-même, en total abandon à la
Volonté du Père. »
Rentré dans son manoir normand, il envoie à Sœur
Marguerite un cadeau de Noël : la statue du « Petit Roi de Gloire ».
En bois sculpté, peint et articulé, cette statuette peut être habillée de
vêtements somptueux (elle en possède une collection), parée de bijoux et couronnée.
Pour l'honorer dignement, Sœur Marguerite obtient de ses supérieurs la
construction d'une petite chapelle attenante à l'église du Carmel. Très vite un
mouvement national de pèlerinage se manifeste en direction de l'Enfant-Jésus de
Beaune, à peu près contemporain de l'Enfant-Jésus de Prague. Composée de grands
seigneurs et d'humbles gens, l'affluence ne cesse pas jusqu'à la Révolution,
comme l'attestent les très importantes archives du Carmel. Cachée pendant la
Révolution, la statue est rendue ensuite aux carmélites, qui pendant des années
la conservent chez elles dans la clôture.
Le Petit Roi de Gloire a repris sa place en 1873 dans
l'église du Carmel. La dévotion populaire ne faiblit toujours pas. Les murs de
la chapelle sont tapissés d'ex-voto. Certaines formes de dévotion instituées
par Sœur Marguerite se maintiennent : il y a tous les 25 du mois, une
prière publique de la « petite couronne » et chaque année, du 25 janvier au 2
février, une neuvaine avec homélie et récitation quotidienne de la « petite
couronne ».
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