LE ROSAIRE AVEC JEANNE D'ARC
Le Rosaire est une école de
perfection. Il nous montre comment a vécu "Dieu fait homme", notre
Sauveur, comment a vécu l'Immaculée. Nous devons les imiter. Tous les Saints
ont vécu les Mystères du Rosaire.
Méditons-les aujourd'hui à l'exemple
de Sainte Jeanne d'Arc.
MYSTÈRES JOYEUX
I.
L'ANNONCIATION.
C'est l'archange Gabriel qui est
envoyé à Marie. Il la salue, l'appelle "pleine de grâces". Marie
accepte d'être la Mère du Sauveur, de "l'homme de douleurs". Son fiat
la conduira au Calvaire.
En l'été 1424 c'est Saint Michel
lui-même qui apparaît à Jeanne. Il est environné d'anges au gracieux sourire. "Je
vis Saint Michel et les anges des yeux de mon corps aussi bien que je vous
vois. Quand ils s'éloignaient je pleurais et j'aurais voulu qu'ils m'eussent
emportée avec eux". Et Saint Michel dit à Jeanne : "Va, fille de Dieu".
Jeanne est la fille de prédilection, choisie, préparée pour sauver son pays.
Elle répondra à l'appel divin et cela la conduira à Rouen au bûcher.
Chacun de nous a sa mission et Dieu
nous parle par notre ange gardien. Ecoutons-nous sa voix quoi qu'il en
coûte ?
Demandons la grâce d'être, comme l'Immaculée,
comme Jeanne d'Arc, de vrais serviteurs de Dieu.
II. LA VISITATION.
Marie partit "en grande hâte",
nous dit l'Evangile, car Elle désirait ardemment répandre à profusion des
grâces au foyer de Zacharie et d'Elisabeth.
Pour l'amour de Dieu, Jeanne aimait
son prochain, surtout les malheureux qu'elle consolait, " qu'elle
recueillait pour la nuit, s'en allant coucher au fournil pour céder son lit aux
mendiants ". Elle s'excusait encore près d'eux de leur donner si
peu... parce qu'elle avait peu.
Plus tard, en pleine bataille,
Jeanne est miséricordieuse pour tous. "Je n'ai jamais vu couler le sang
français que les cheveux ne me levassent sur la tête". Elle ne veut pas
verser le sang. "Je ne veux pas me servir de mon épée ni tuer personne ".
Elle interdit le pillage à ses hommes et refuse d'abuser du succès. Un jour
elle voit les nôtres poursuivant des Anglais en fuite : "Laissez-les
s'en aller. Ne les tuez pas. Leur retraite me suffit ". Une autre fois,
"elle voit un Français frapper à la tête un prisonnier anglais, tant qu'il
le laisse pour mort. Jeanne descend de cheval, fait se confesser l'Anglais lui
soutenant la tête et le consolant de tout son pouvoir ". Elle dira à
ses juges : "J'ai été envoyé pour la consolation des pauvres et des indigents ".
Demandons un véritable amour du
prochain.
III. LA
NATIVITÉ
Un ange apparut aux bergers : " Je
vous annonce une grande joie un Sauveur vous est né... Et au même instant il se
Joignit à range une troupe de l'armée céleste louant Dieu et disant " Gloire
à Dieu au plus haut des cieux et sur terre paix aux hommes de bonne volonté.
(Luc 2,11 à 14).
" Le 6janvier 1412, les
habitants de Domrémy sont rentrés chez eux après avoir assisté aux offices de l'Epiphanie.
Soudain, dans chaque foyer, sans qu'aucun motif extérieur ait
pu y donner lieu, un souffle d'allégresse pénètre les coeurs. Etonnés, les bons
villageois s'interrogent, ouvrent les portes, se mettent sur le seuil de leurs
chaumières, examinent le firmament. C'est en vain : rien ne leur révèle la
cause du sentiment de bonheur qu'ils éprouvent.
Et voici que des êtres sans raison
eux-mêmes partagent cette exubérance : les coqs dans les poulaillers battent
des ailes et pendant deux heures font entendre leurs chants sonores et
prolongés. Que se passe-t-il donc ? La seule nouvelle est qu'une fillette vient
de naître au foyer de Jacques d'Arc et d'isabelle Romée. Oui, Dieu vient d'envoyer
un Sauveur à la France.
Remercions Dieu d'avoir envoyé un
Sauveur à l'humanité déchue...
Remercions-Le d'avoir envoyé un
Sauveur à notre pays dans la détresse.
IV.
LA PRÉSENTATION DE L'ENFANT-JÉSUS
AU TEMPLE ET PURIFICATION.
Joseph et Marie se soumettent à la
Loi. Ils l'accomplissent dans le moindre détail.
Jeanne eut aimé la vie simple et
effacée des champs. Mais quand les voix célestes ont parlé, quand elle ne peut
douter de leur message et de la volonté divine, elle décide de partir accomplir
sa Mission : pure folie, aux yeux du monde. Rien ne pourra l'arrêter. " N'ayez
crainte, ce que je fais, je le fais par commandement. "
Demandons la grâce d'une véritable
obéissance.
V.
LE RECOUVREMENT DE L'ENFANT-JÉSUS
AU TEMPLE.
Jésus avait douze un lorsqu'il est
resté à Jérusalem. À Joseph et à Marie qui le retrouvent au temple, Il dira :
"Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ?"
Jeanne avait douze ans lorsqu'elle
entendit ses voix pour la première fois... Elle ne s'emballe pas... Près de
cinq ans ses voix lui parlent, et devant leur insistance, elle se rendit. Et
pourtant, plutôt que d'entreprendre une telle aventure, " elle aurait
mieux aimé être écartelée à quatre chevaux. "... Pour faire la
volonté de Dieu elle renonçait à tout.
Ses juges poseront cette question :
" En quittant vos parents, croyiez-vous ne point pécher ? "
Eh, répondra avec l'admirable fierté d'une âme qui ne refuse rien à Dieu " Puisque
Dieu le commandait, il fallait partir. J'aurais eu cent pères et cent mères et
j'eusse été fille de roi, je serais belle " et elle partit pour une
randonnée humainement stupide.
Demandons la grande grâce de bien
réfléchir... et de faire toujours, quoi qu'il en coûte, la volonté divine.
MYSTÈRES DOULOUREUX
I. L'AGONIE
Dans son agonie Jésus prie
humblement.... Il est délaissé de tous, Judas le trahit, ses trois apôtres
préférés sont endormis mais " un ange lui apparut du ciel pour le
fortifier. " (Luc 22/43).
Écoutons Jeanne : " Quand
je suis contrariée en quelque façon, parce qu'on fait difficulté d'ajouter foi
à ce que je dis de la part de Dieu, je me retire à l'écart et prie Dieu, me
plaignant à Lui de ce que ceux à qui je parle ne me croient pas facilement. Ma
requête à Dieu achevée retentit une voix qui me dit: " Fille de Dieu, va,
va, va ! Et quand j'entends cette
voix j'ai grande joie, même je voudrais toujours l'entendre ".
Dans nos difficultés, nos
amertumes, nos épreuves, " voilons et prions " comme Jésus
agonisant l'a recommandé. Jamais prière humble et confiante ne reste sans
réponse.
II. LA FLAGELLATION
Contemplons Jésus subissant l'infâme supplice.... Nous ne savons rien de la vie de mortification de Joseph et de Marie.
Jeanne fut la vaillance même. En pleine action, au siège de Jargeau, elle
crie au duc d'Alençon : " En avant, gentil duc, à l'assaut ! "...
Elle s'élance, grimpe sur une échelle, brandissant son étendard. Celui-ci est
percé ; elle-même tombe rudement frappée à la tête par une pierre. Mais bien
vite elle se relève : " Amis ! Amis ! en avant ! " ... et la ville est prise.
À l'assaut des Tourelles, près d'Orléans,
Jeanne saute dans le fossé et saisit une échelle, une flèche traverse son
épaule de part en part. La blessure est grave et la souffrance est cruelle. " Versez
de l'huile dans ma blessure et surtout ne m'emmenez pas plus loin. " ...et
le soir même, dans un délire d'acclamations joyeuses, la jeune fille, malgré
les souffrances de sa blessure, rentre à cheval dans la ville d'Orléans
délivrée.
Demandons la grâce de vivre courageux
et mortifiés au service de Dieu.
III. LE COURONNEMENT D'ÉPINES
Jésus, humilié, couronné d'épines,
expie notre orgueil. L'immaculée restera toujours "l'humble Vierge
Marie."
Jeanne resta humble, très humble.
Elle ne s'attribue rien. " N'était la grâce de Dieu je ne saurais rien
faire. À saint Michel elle répondit : "Je suis une pauvre fille ne sachant
ni chevaucher, ni guerroyer ". Aux généraux orgueilleux qui ne l'avaient
pas conviée à leur conseil : "Le conseil de Dieu est plus sûr et plus sage
que le vôtre". Quand les résultats seront acquis, quand la victoire sourit,
Jeanne dit humblement : "Les hommes d'armes avaient bien bataillé, mais
Dieu avait donné la victoire"...
Jeanne répétait : "Je crois qu'on
ne peut trop nettoyer sa conscience". Comme l'immaculée, comme Jeanne,
restons les humbles serviteurs de Dieu.
IV. LE PORTEMENT DE LA CROIX
Contemplons Jésus portant sa Croix.
Il est exténué, à bout de forces, Insulté, bafoué....
Jeanne a dû sans cesse porter sa
croix pour accomplir sa mission. "Quand la pure jeune fille est eux fers,
dans sa prison, elle se trouve à la merci d'odieux soulards anglais. Il lui
faut lutter, à nuit entière, contre ces infâmes houspilleurs. C'est un combat
atroce et vainqueur de la virginité désarmée contre le vice tout puissant.
Demandons la grâce de porter
vaillamment notre croix.
V. LA MORT DE JÉSUS EN CROIX
Jésus, avant d'expier, s'écria :
"Tout est accompli" (Jean 19/32). La terre tremble, des ténèbres se
répandent sur toute la terre."... Témoin de tout, le centurion qui veilla
à l'exécution s'écria : "Cet homme était vraiment le Fils de Dieu !"
(Marc 15/39).
Quand les flammes commencent à la
torturer, torche vivante, Jeanne s'écria, devant des milliers de gens
bouleversés : "Tout ce qui j'ai fait, je l'ai fait par ordre de Dieu. Mes
voix ne m'ont jamais trompée. Jésus ! Jésus ! Quand tout est fini, dix milles
hommes sanglotent et un là s'élève : "Nous sommes perdus, nous avons brûlé
une sainte".
Demandons la grâce d'accomplir
parfaitement notre tâche, de faire en tout la volonté
divine pour, comme Jésus, à notre mort, remettre en paix notre âme dans les
mains du Père.
MYSTÈRES GLORIEUX
I.
LA
RÉSURRECTION
Contemplons Jésus sortant vivant du
tombeau. Il va mener désormais la vie des corps glorieux.
Nous devons ressusciter chaque jour
à une vie nouvelle, toujours plus fervente, la vie de véritables enfants de
Dieu sur terre avant le bonheur du Ciel.
Jeanne va ressusciter l'armée. Des
femmes de mauvaise vie suivent l'armée. Jeanne donne un grand coup de balai. Elle
dit à ces hommes d'arme : "Et maintenant expulsez-moi toutes ces
filles. Sachez bien qu'il n'est de plaisir que de bouter l'Anglais dehors sur l'ordre
de Dieu. Il nous veut nets de coeur pour le servir. Si c'est pour du pain que
tant de tignasses nous suivent, donnez-leur en et renvoyez-les... À présent,
confessez-vous. Nous entendons la messe à l'aube". Et les soudards se
confessent et les généraux aussi et les filles sont chassées.... et la victoire
est pour demain.
Et Jeanne répétait : "Ce sont
les péchés qui font perdre les batailles... Avant toute chose Dieu nous veut en
état de grâce".
Demandons la grâce d'une vraie
conversion.
II. L'ASCENSION
Jésus dit aux disciples se rendant
à Emmaüs : "Ne fallait-il pas que le Christ souffrit toutes ces choses et
qu'il entrât ainsi dans la gloire". (Luc 24,25). Après sa si douloureuse Passion,
Jésus est maintenant Sauveur et Roi triomphant.
Les voix avaient dit à Jeanne : "Ne
te trouble pas de ton martyre. Du bûcher tu viendras en Paradis". Jeanne
est maintenant au Ciel, ne regrettant rien de ses terribles souffrances.
Pensons souvent au Ciel dans nos
difficultés, nos épreuves. Pensons à la place qui nous est réservée.
Demandons la sainte espérance et la
grâce de penser souvent à l'éternité.
III. LA
PENTECÔTE
Contemplons, au Cénacle, la
descente du Saint-Esprit.
Jésus avait dit : "Vous
serez traduits, à cause de Moi, devant les gouverneurs et devant les rois...
mais lorsqu'ils vous livreront, ne vous inquiétez pas de la manière dont vous
parlerez, ni de ce que vous direz, car ce que vous devrez dire vous sera donné
à l'heure même. En effet, ce n'est pas vous qui parlerez mais c'est l'Esprit de
votre Père qui parlera en vous."
Jeanne a été ainsi divinement éclairée.
Ses réparties sont célèbres. À Poitiers, Seguier l'entreprend sur ses voix : "Quelle
langue vous parlent-elles ? - Meilleure que la vôtre, Messire !- Aux Théologiens
qui la fatiguent de leurs questions méchantes : "Il y a plus de choses
dans les livres de Notre-Seigneur que dans les vôtres." Au cours du procès
de Rouen, un seigneur anglais, émerveillé, ne peut retenir cette exclamation :
"Ah ! la brave fille ! Que n'est-elle
Anglaise !"
Demandons une ardente dévotion au
Saint-Esprit. Il nous guidera dans la grande confusion actuelle.
IV.
L'ASSOMPTION
Contemplons le triomphe de l'Immaculée.
Imaginons l'entrée au Ciel de la "toute pure", de la "toute
sainte."
Jeanne, prédestinée à sauver la
France, a été prévenue de grâces particulières. Sa mère, et non d'autres, lui
enseigna ses prières et l'ensemble de ces vérités morales et religieuses qui
ont éclairé et dirigé sa vie. "Elle était pieuse, trop pieuse, disait une
de ses compagnes. Elle se confessait fréquemment et communiait de même, et dans
l'enchantement de ses communions fréquentes Jeanne grandit, pareille au lys que
rien ne flétrira." Elle aimait à se recueillir seule à l'église. Elle
garda jusqu'à sa mort sa candeur de première communiante. Devant ses juges
infâmes Jeanne déclara : "Je ne sais pas avoir péché mortellement",
et son curé affirmait "qu'elle n'avait pas sa pareille dans toute la
paroisse."
Un Anglais, dans sa haine, avait
juré de jeter du bois dans le bûcher. Il est bouleversé, comme foudroyé, ou
moment où Jeanne expire. Il voit une blanche colombe s'envolant du milieu des
flammes.
Demandons la grâce d'une bonne
mort, la grâce d'être prêts à paraître devant Dieu.
V.
LE COURONNEMENT DE MARIE
Marie est constituée Reine de l'Univers.
Marie est notre Reine et notre
Mère. Elle ne manque pas à sa double mission. Entendons-la nous dire : "J'ai
une couronne de Reine et je reçois vos hommages. J'ai un cœur de Mère et j'entends
les soupirs de tous mes petits enfants."
Jeanne est la patronne secondaire
de la France. Elle a charge officielle de veiller sur notre patrie. Nous pouvons
être certains qu'elle ne manque pas à sa mission de veiller sur la France pour
laquelle elle a sacrifié sa vie. Invoquons-la dans nos angoisses nationales.
Si le roi, si les chefs militaires
avaient mieux écouté Jeanne, la victoire aurait été plus rapide, plus complète.
Si nous écoutions davantage les
demandes de notre Reine et Mère, s'il y avait partout reprise du chapelet, nous
pourrions tout espérer.
Reine du Très Saint Rosaire, priez
pour nous.
Extrait de livret : "le Rosaire pour l'Église" chanoine GUYLOINEAU
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