CONNAISSEZ-VOUS L’ASTICOTHÉRAPIE ?
Il s'agit
d'une méthode de désinfection des plaies, qui consiste à mettre des larves de
mouche verte (lucilia sericata) dans les blessures.
Ces
asticots ont l'étonnante propriété de ne manger que les tissus nécrosés (cellules
mortes) tout en stimulant la production de tissus cicatriciels. C'est donc un
moyen efficace de désinfecter les plaies sans utiliser d'antibiotiques, en
particulier pour les souches bactériennes, de plus en plus nombreuses, qui
résistent à nos plus puissants antibiotiques.
L'histoire
de l'asticothérapie est passionnante, et elle est excessivement bien racontée
sur Wikipédia (version française). C'est pourquoi je me permets aujourd'hui,
exceptionnellement, de reprendre cet article quasiment in extenso, avec
quelques modifications de forme pour en faciliter la lecture. [1]
On imagine
souvent que l'asticothérapie n'est pratiquée que par des sorciers dans la
jungle. En fait, s'il est vrai que les Indiens mayas et les aborigènes
d'Australie connaissaient cette technique, elle était surtout utilisée en
Europe depuis l'Antiquité, et jusqu'à la Renaissance.
Le père de la chirurgie moderne
utilisait des asticots
En 1557, le
célèbre médecin Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne, y avait encore
recours lors du siège de Saint Quentin. Elle tomba ensuite en désuétude, mais
des médecins l'ont redécouverte au 19e siècle, à l'occasion des guerres dans
les climats tropicaux.
Ainsi, le
chirurgien général de Napoléon, Dominique Larrey, constate lors de la campagne
d'Égypte, que des soldats retrouvés au bout de plusieurs jours sur les champs
de bataille, avaient leurs blessures grouillant d'asticots.
Des mouches
vertes étaient venues y pondre, et les œufs avaient eu le temps d'éclore. Étonnamment,
ces blessés guérissaient mieux ou plus rapidement que les autres !
« Détruisent les tissus morts,
épargnent les parties saines »
Le docteur
Joseph Jones, médecin en chef de l’armée confédérée (les « Sudistes »)
lors de la guerre civile américaine, fit la même constatation : il affirme
avoir « fréquemment vu les blessures négligées… grouillantes de larves (…)
ces vers ne détruisent que les tissus morts, et épargnent les parties
saines. »
J.F.
Zacharias, autre officier médecin confédéré, serait le premier à avoir
redéveloppé cette technique de soins, estimant lors de la guerre civile
américaine que, ces « larves… en un seul jour nettoient une blessure bien
mieux que tous les agents que nous avions à notre disposition. »
« Je
suis sûr d’avoir sauvé beaucoup de vies par leur utilisation. »
déclara-t-il plus tard. Ses patients traités avec des larves auraient
effectivement bénéficié d’un taux élevé de survie.
Il fallut
cependant attendre la Première Guerre Mondiale pour que
« l'asticothérapie » soit redécouverte sur le sol européen :
Le docteur
William Baer, chirurgien orthopédique américain, rapporte le cas d’un soldat
ayant passé plusieurs jours sur le champ de bataille sans soins, sans
nourriture ni eau, exposé aux éléments, avec des fractures multiples ouvertes
du fémur et de grandes blessures à l'abdomen et au scrotum.
Quand il
arriva à l'hôpital, il ne présentait pourtant aucun signe de fièvre malgré la
nature sérieuse de ses blessures. Une fois ses vêtements enlevés, il s’est
avéré que des « milliers et des milliers de larves avaient colonisé la
totalité des parties blessées ». À la surprise du médecin, après que ces
larves aient été enlevées « il n'y avait pratiquement aucun os visible, et
la structure interne de l'os blessé comme les parties environnantes avaient
pour la plupart été entièrement couvertes du plus beau tissu rose qu'on pouvait
imaginer ».
L'âge d'or de l'asticothérapie
En 1929, à
l’Université Johns-Hopkins, ce même docteur Baer pose des asticots dans les
lésions ouvertes de 21 patients victimes d’ostéomyélite chronique, incurable
par les moyens de l’époque. Il observe le nettoyage rapide des plaies, une
réduction du nombre d'organismes pathogènes, une diminution de l’odeur des
plaies, l’alcalinisation des plaies, et la guérison de la totalité des lésions
des 21 patients qui sortent de l'hôpital après deux mois de cette thérapie. [2]
Après la
publication en 1931 des résultats du docteur Baer, l’asticothérapie se répand
aux États-Unis. La compagnie pharmaceutique Lederle produit et vend de
grandes quantités de « larves chirurgicales », celles de la mouche
verte.
De 1930 à
1940, plus de cent articles médicaux sont publiés sur l’asticothérapie, avec de
nombreuses descriptions d'utilisation réussie, y compris pour des lésions
chroniques ou gravement infectées (ostéomyélite, abcès, brûlures et mastoïdite
subaiguë), encourageant plus de 300 hôpitaux américains à utiliser cette
thérapie, jusqu’à ce que la découverte de la pénicilline, puis d’autres
antibiotiques, ne fasse juger périmée cette technique.
Les asticots de Diên Biên Phu
En 1954,
lors de la bataille de Diên Biên Phu, les services sanitaires français se
retrouvent débordés par l'afflux de blessés qu'il est impossible d'évacuer du
camp retranché assiégé. Une asticothérapie spontanée se mettra en place, venant
pallier le manque de médicaments et soulageant les chirurgiens et les
infirmiers d'une partie de leur tâche, ainsi que le rapporte le
médecin-commandant Paul-Henri Grauwin dans son livre-témoignage J'étais
médecin à Diên Biên Phu.
Le retour en grâce aujourd'hui
L’utilisation
généralisée des antibiotiques a, en quelques décennies, provoqué l’apparition
de souches bactériennes et fongiques nosocomiales (résistantes puis
multi-résistantes aux antibiotiques).
En 1989, le
Dr. Ronald Sherman, médecin de l'Université de Californie à Irvine, crée un
service spécialisé dans le traitement par les asticots au Veterans Affairs
Medical Center de Long Beach (Californie). Il y réalise la première épreuve
clinique contrôlée utilisant des asticots pour soigner des ulcères de la colonne
vertébrale chez des vétérans. Le succès de cette épreuve clinique chez des
patients dont les traitements précédents avaient échoué a relancé l’intérêt de
la communauté médicale pour cette thérapie. [3]
En quatre
ans, plus de cinquante articles scientifiques ont décrit l'utilisation médicale
d’asticots, portant sur 400 patients ayant fait l’objet d’études cliniques,
parmi six mille traités et répertoriés (pour un éventuel suivi à long terme).
Selon cette littérature médicale, 40% à
50% des membres ainsi traités ont été sauvés.
Plus de 3.000
médecins (de cliniques et d’hôpitaux) dans plus de 20 pays utilisent
aujourd’hui cette technique, qui pourrait utilement se développer dans les pays
où l’accès aux antibiotiques est difficile et/ou là où les souches de
pathogènes nosocomiaux se développent. En 2003, environ 3.000 traitements ont
été administrés à 6.000 à 10.000 patients.
Reconnaissance en France
L’asticot a
été reconnu en France comme médicament en 2004. Une étude « en double
aveugle » a été conduite en 2008 par le Docteur Anne Dompmartin à
l’hôpital CHU de Caen où des asticots sont utilisés, enfermés dans un pansement
spécial à humidifier 2 fois par jour (80 à 120 € l’unité, fourni par
le laboratoire allemand BioMonde). Il n’est utilisé que pour les plaies
infectées ou fibreuses, chez des patients volontaires. Ces asticots sont issus
d’œufs désinfectés. 90 patients ont été traités au 4 avril 2008, sur
120 patients prévus dans le cadre de cette étude.
En résumé,
les larves nécrophages, selon la littérature médicale :
·
désinfectent la
blessure en y tuant des bactéries ;
·
stimulent la
production de tissus cicatriciels ;
·
nettoient les plaies
d’une manière optimale (mieux que le chirurgien qui abîme des cellules
vivantes, en curetant les plaies qu’il est obligé d’agrandir et de faire
saigner). L’asticot peut travailler plusieurs dizaines d’heures, là où le
chirurgien ne disposait que du temps que dure l’anesthésie, et dont l’œil, même
expert, ne pouvait distinguer les cellules vivantes de celles fraîchement
mortes. Les asticots sont précis et ne mangent que le tissu nécrosé et/ou
infecté évitant ainsi le risque de gangrène (cause d'amputations) et de
septicémies graves souvent mortelles.
Bien
entendu, n'attendez pas que les médecins vous proposent spontanément cette
thérapie la prochaine fois que vous ou quelqu'un de proche êtes hospitalisé
pour une blessure qui s'est infectée.
Mais il m'a
semblé intéressant de rappeler que cette alternative existe. Car l'avantage
décisif des asticots est qu'ils désinfectent les plaies et blessures même s’il
s’agit de bactéries résistantes aux antibiotiques.
Elle est en
anglais mais les images sont très parlantes.
Je vous ai
trouvé une épouvantable VIDEO d'asticothérapie: attention, ces images peuvent
choquer les personnes sensibles et celles qui vont passer à table !!
Suite à une
infection du pied gauche causée par le diabète, Linda Frank s'est vu dire par
plusieurs médecins en 2006 qu'il fallait lui amputer le pied. Effrayée a l'idée
d'être amputée, elle a fait des recherches sur internet sur la thérapie par les
asticots et a contacté le Dr Louis Bonavita du "CNY Family Care in East
Syracuse" pour qu'il lui vienne en aide. L'Asticothérapie consiste en
l'application d'asticots sur les plaies durant 1 à 2 jours. Durant ce
temps, les larves de la mouche verte mangent les tissus nécrosés et laisse les
tissus sain cicatriser sans utilisation d'antibiotiques.
Après 20
séances d'asticothérapie, le pied de Linda était sauvé.
À votre
santé !
Jean-Marc
Dupuis
Sources :
[1] Si vous
souhaitez lire l'article original, vous pouvez vous rendre sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Asticothérapie
[2] Baer, W. S. (1931): The treatment of chronic
osteomyelitis with the maggot (larvae of the blowfly). Journal of Bone and
Joint Surgery 13: 438-475.
[3] Sherman, R.A. & Pechter, E.A. (1988):
Maggot Therapy: A review of the therapeutic applications of fly larvae in human
medicine, especially for treating osteomyelitis. Medical and
Veterinary Entomology 2(3): 225-230.
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