Des OGM cachés en Haute-Garonne ?
Mercredi, les faucheurs volontaires se donnent
rendez-vous à Grenade pour une action symbolique. Ils organisent un covoiturage
au départ du rond-point des Arènes à 7 heures.
« Il y a des OGM cachés en Haute-Garonne. » Pour étayer cette
affirmation, les faucheurs volontaires organisent une action symbolique
mercredi. Ils se donnent rendez-vous entre 8 heures et 8 H 30 à
Grenade où ils arracheront chacun un pied « de tournesol muté ». (Lire
ci-dessous). « Pour arriver à du tournesol résistant aux herbicides, les
firmes multinationales utilisent une technique appelée la mutagénèse »,
explique Michel Metz, un membre du collectif OGM 31. Cette technique
consiste à provoquer une mutation génétique, « soit par irradiation ou par
exposition à des éléments chimiques », détaille Jacques Dandelot, un
autre faucheur volontaire.
Mais d'un point de vue juridique, cette méthode est exclue de la
législation sur les organismes génétiquement modifiés obtenus par transgénèse
(insertion dans le génome d'un ou de plusieurs gènes étrangers). Elle est donc
autorisée en France.
Le mensonge : un de plus !
« On utilise ce mot de mutagénèse, pour faire moins peur, mais
c'est un OGM, car on crée des plantes avec d'autres caractéristiques »,
déplore Julein Faessel d'Europe Écologie les Verts qui soutient l'action
des faucheurs « car elle a un intérêt public ».
Contactée, la firme Pioneer qui commercialise des semences résistantes à un
herbicide, préfère laisser parler le Cetiom, centre technique
interprofessionnel des oléagineux et du chanvre. « La mutagénèse n'a rien
à voir avec un OGM, il s'agit juste d'une petite modification d'un gène. Une
simple accélération de ce qui se fait naturellement », précise Pierre
Jouffret, le responsable du Cetiom pour le sud de la France.
Il insiste sur l'intérêt de ces plantes « tolérantes à des
herbicides » qui permettent de contrôler les mauvaises herbes.
Mais pour les anti-OGM du département, cette résistance qui permet
l'utilisation d'un herbicide plein champ va se généraliser aussi aux mauvaises
herbes. « L'ambroisie, par exemple, cette plante très allergène, résiste
assez bien à ces pesticides et le phénomène risque de s'accélérer »,
prédit Michel Metz. Ainsi, par leur « action symbolique de mercredi »,
ils veulent surtout informer les paysans qui n'ont « souvent pas
conscience de ces manipulations génétiques ».
Le chiffre : 56.000
hectares de
tournesol. La Haute-Garonne est un gros producteur de tournesol. Sur les 56.000
hectares cultivés, 5.000 à 6.000 ha sont résistants à un herbicide.
« En France, on importe
beaucoup d'OGM. Ils se retrouvent dans l'alimentation de nos cheptels ».
Julien Faessel, secrétaire au bureau d'Europe Écologie les Verts de
Toulouse.
"Nous ne voulons pas détruire un champ mais dénoncer un problème"
Jacques Dandelot, est un enseignant de 61 ans, bientôt à la retraite.
Il participera mercredi à l'action des faucheurs volontaires à Grenade.
Pourquoi cette action ?
Depuis quelques mois, le collectif anti-OGM a décidé de mettre en avant la
lutte contre les cultures issues de la mutagenèse, technique qui permet d'avoir
des tournesols résistants à des herbicides.
Ce type de culture existe en Haute-Garonne ?
Oui, et c'est la première année où il y a une surface importante de
tournesol muté cultivé dans le département, sans doute plusieurs milliers
d'hectares. Mais c'est difficile à chiffrer vu qu'il n'y a pas d'obligation de
déclarer ces cultures.
Vous souhaitez donc attirer l'attention en arrachant des plants de
tournesol ?
Oui nous souhaitons mettre sur la place publique ce problème des OGM
cachés, mais nous ne voulons pas stigmatiser les agriculteurs. En général, ils
ne sont pas au courant des manipulations génétiques de ces firmes et en sont
souvent les premières victimes. Nous ne voulons pas détruire un champ, mais
dénoncer ce problème
Ne craignez-vous pas des condamnations judiciaires ?
Nous assumons totalement notre action. Nous agissons à visage découvert, en
respectant la charte des faucheurs volontaires basée sur la non-violence.
Depuis 2003, nous avons fait face à de multiples procès… Ils permettent de
porter le débat sur la place publique. L'action des faucheurs, en synergie avec
le travail de nombreuses associations a d'ailleurs abouti au moratoire sur le maïs MON 810, qui interdit la culture de cette céréale en France.
La Dépêche – 07/09/2011
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