Fukushima :
La France n’est pas épargnée
Midi-Pyrénées, une des régions les plus touchées
Radioactivité
L'arrivée sur l'Europe d'un nuage radioactif après l'accident survenu à
la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, avait conduit le gouvernement à
assurer que les leçons de Tchernobyl - le fameux nuage s'arrêtant prétendument
à nos frontières - avaient été tirées. Cette fois-ci, c'est en toute
transparence que les Français connaîtraient la réalité des retombées
radioactives. Jusqu'à hier, ce scénario n'avait souffert d'aucune faille.
Las ! La Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes
sur la radioactivité) a jeté ce mercredi un pavé dans la marre en demandant au
Premier ministre d'ouvrir une enquête indépendante sur de « graves
dysfonctionnements » concernant l'évaluation des retombées radioactives.
« Nous publions une carte qui prouve
que la France a été contaminée dès le 22 mars, soit deux jours avant la date
indiquée par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Cette
contamination n'a pas concerné seulement le sommet du Puy-de-Dôme mais les
trois quarts de la France et plus particulièrement le Sud-Ouest »,
expliquait hier à La Dépêche, Corinne Castanier, directrice de la Criirad.
« Cela paraît invraisemblable que ces
mesures importantes n'aient pas été communiquées en temps et en heure ;
tout comme cela paraît invraisemblable qu'il y ait eu une erreur de la part
d'experts de l'IRSN.
Selon nous, l'IRSN était tellement obnubilé
par ses modélisations mathématiques qu'il a tout misé
dessus pour démontrer coûte que coûte que ses prévisions d'une arrivée du nuage
le 24 mars étaient bonnes. Lorsque les mesures du 22 lui sont parvenues, l'IRSN
n'a pas dit qu'il s'était trompé de 48 heures. Mentir pour protéger une
réputation et une modélisation au détriment de l'information du public, c'est
très grave. Il y a une dimension de scandale. Que se passera-t-il lorsqu'il y
aura un grave incident nucléaire en France ? », s'interroge
Corinne Castanier, qui estime que, même si l'impact sanitaire de la
radioactivité mesurée reste limité, les populations sensibles (femmes
enceintes, enfants) auraient pu recevoir plus tôt les recommandations d'usage
sur la consommation de produits laitiers ou de légumes.
Contacté par nos soins, le cabinet de la
ministre de l'Écologie n'avait pas réagi hier soir au courrier de la Criirad.