L'ASSASSINAT DU PEUPLE GREC
C'est à un
véritable assassinat auquel le monde entier assiste médusé, accompagné d’une
véritable humiliation pour ce peuple, la police anti-émeute le matraquant sans
pitié. Le meurtre est organisé, et même célébré par un groupe de gens
hétéroclites, sous le vocable imprécis et abusif de « communauté
internationale ». Ses membres ont toutefois des points communs, le plus
important étant leur adhésion à la démocratie, ce qui ne les gêne pas du tout
pour bafouer la démocratie grecque à l'occasion de ces terribles évènements.
Il s’ensuit
qu'une fois encore, une rallonge, peut-être pas la dernière, va être accordée
par l'Europe qui a déjà déversé beaucoup de milliards dans ce trou sans fond.
Personne ne connaît exactement les chiffres qui bougent tous les jours au
hasard des négociations. Il est question, pourtant, de 130 milliards
s’ajoutant à bien d'autres qui ont déjà été prêtés. C’est en fait une
inondation d'argent qui n'existe pas et est créé ex nihilo pour les besoins de la cause.
Ces
milliards quels qu'ils soient sont des prêts ; le pays exsangue se ficelle
donc par des intérêts condamnant tout effort de redressement. Les prêteurs,
États ou Europe, auront de faux bilans avec à leur actif des créances pourries
aussitôt que nées.
LES
COUPABLES
En premier
lieu se trouvent les politiques grecs qui au sommet appartiennent à quelques
familles ennemies-amies se partageant le pouvoir depuis des lustres et
exploitant le pays au profit de leur clan. Les privilégiés qui bénéficient de
leur soutien échappent à l'impôt et placent leurs actifs dans des paradis
administratifs et fiscaux. Le résultat est que l'État n'obtient pas d'impôts
des riches et doit frapper les classes moyennes. Le pays est, simultanément,
soumis à un socialisme extrêmement tatillon quelle que soit la couleur
apparente des gouvernements. Le produit de ces deux facteurs est que l'économie
grecque se traîne depuis longtemps alors que l'ingéniosité des Grecs est
célèbre dans le monde entier et ne peut s'épanouir normalement. Il en est
résulté l'océan de dettes qui justement conduit au drame actuel.
Le FMI est
largement responsable. Ce FMI, sous la direction de DSK, a bâti une méthode
d'intervention qui a eu des effets médiocres et parfois désastreux dans
beaucoup de pays faisant appel à lui. Christine Lagarde a suivi sans barguigner
les mauvaises pratiques de DSK !
L'Europe,
avec à sa tête le couple franco-allemand, porte une lourde responsabilité.
N'oublions pas que les acteurs principaux de cette Europe ont l'œil rivé sur leurs
échéances électorales, le sort cruel du peuple grec ne leur important guère.
LES PRÉTEXTES
Les
prétextes invoqués n'ont pas manqué. Le principal était que l'Europe ne puisse
admettre qu'un pays de la zone euro et membre de la CEE fasse défaut, quelque
soit l'immensité des dettes créées par les prédateurs locaux. Se trouvait aussi
affiché le souci de protéger les banques européennes. Ces banques, qui ont
accordé des prêts d'une façon aventureuse, ont, d'ailleurs, reconnu leur faute,
ayant provisionné les mauvaises créances grecques. Ce raisonnement ne pourrait
qu'encourager les mêmes à prêter avec légèreté à d'autres pays en danger.
Autre
prétexte, la fausse idéologie européenne. La doctrine officielle est qu'il faut
sauver l'euro, lequel n'est qu'un appendice de l'édifice européen ; lors
de la création de cette monnaie unique, maints analystes avaient prévu qu'elle
était vouée à l'éclatement et nous n'en sommes pas loin.
Derrière
l'euro se profile l'objectif fondamental de sauver l'Europe. Selon la propagande,
l'édifice européen, qui n'en finit pas de se bâtir, serait l'horizon indépassable
d'un continent de 500 millions d'habitants. C'est vraiment de la
propagande, car maints signes, s'exprimant parfois dans les urnes, montrent que
les peuples sont très réticents.
Nous avons
souvent montré que l'hydre européenne et son extension permanente ne
s'expliquent que par la voracité financière des eurocrates, leur nombre est si
grand qu'il est impossible de les dénombrer vraiment. Le prix à payer pour
cette cupidité est la ruine pour le continent par les impôts nécessaires et le
déluge de lois imposées par l'Europe. Cette ruine se manifeste par la panne de
croissance, même si de temps à autre une amélioration survient, ce qui est le
cas pour l'année 2011 en France.
Un autre
prétexte invoqué est le jugement des marchés. Ceux-ci ne supporteraient pas que
la Grèce fasse défaut. Le plus surprenant dans ces péripéties est que les
marchés saluent en général favorablement les actions engagées pour sauver la
Grèce, comme les « hauts » et les « bas » quotidiens le
montrent. Les politiques du sommet ne s'aperçoivent pas ou ne veulent pas voir
que les marchés commencent toujours par porter un jugement hâtif. Plus tard
vient le jugement définitif et il risque d'être dramatique au vu du champ de
ruines qui va en résulter.
DES EFFETS
DÉVASTATEURS
Les effets
dévastateurs ne vont pas tarder à émerger.
Indépendamment
de l'assassinat programmé du peuple grec, se trouve la destruction de sa propre
richesse : or, industrieux comme il est, il n'y a aucune raison que
l'économie de l'Europe se prive de ses potentialités.
Derrière se
profile le risque que d'autres pays comme le Portugal et l'Espagne soient à
leur tour emportés dans la tourmente. Quant à la France, le premier ministre,
François Fillon, a dit qu'elle était en faillite ; la charge insupportable
de la Grèce ne peut qu'aggraver sa situation.
Pour
prétendument l'aider, les politiques creusent la ruine de l'Europe par les
impôts ou l'endettement qui en résulteront.
L'Europe
est jugée dans la planète économique mondiale comme un « homme
malade », sans d'ailleurs que les analystes en perçoivent bien les raisons
profondes. Or, dans des marchés de plus en plus élargis, la pauvreté relative
des uns nuit à la richesse des autres. Le capitalisme veut que la richesse ne
soit nullement un gâteau fini que l'on se dispute pour avoir une plus grande
part : la richesse globale est une construction et la richesse des uns
rejaillit sur celle des autres ; la pauvreté fait de même dans l'autre sens.
Enfin, la
Grèce affectant surtout l'Europe, nous observons avec tristesse que la Chine,
pourtant encore communiste, vient à notre secours.
La
conclusion est qu'il ne fallait surtout pas aider la Grèce. En l'aidant les
politiques européens ont enfoncé et la Grèce et l'Europe. Si elle n'avait pas
été aidée, elle aurait fait défaut depuis longtemps. C'est arrivé à d'autres
pays lesquels ont brillamment rejaillit de leurs cendres.
Michel de Poncins
Lundi 20 février 2012
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