« C’est dommage que
tous les Français... »
Extraits d’articles écrits par Georges Clemenceau, en
janvier 1898, sur l’affaire Dreyfus et rassemblés sous un volume intitulé
« l’Iniquité » dans lesquels est noté « l’acuité et l’actualité de ces propos ». Pour une fois,
sur la suggestion de ce lecteur ; notre personnalité sera un personnage
historique.
·
C’est dommage que
tous les Français ne soient pas d’accord pour réclamer la justice impartiale
pour tous.
·
C’est dommage qu’il
se trouve des républicains pour invoquer la raison d’État et consentir sous un
gouvernement libre, le maintien des iniquités du « bon plaisir ».
·
C’est dommage que des
hommes qui se font un nom dans les revendications de justice sociale dépensent
aujourd’hui ce qu’ils ont d’autorité à tenter de persuader à la France que les
pratiques d’arbitraire, jadis condamnées par eux, sont excusables dans certains
cas, et que l’on peut les tolérer contre autrui quand on ne s’en croit pas
menacé.
·
C’est dommage que tant
de gens qui pensent différemment se laissent effrayer par les injures des
cyniques et n’osent se dire ouvertement les champions de la justice et de la
vérité.
·
C’est dommage que le
gouvernement ait, par une série d’actes inexplicables, encouragé la pensée
qu’il peut impunément voiler la vérité et violenter la justice pour couvrir les
fautes de quelques hauts personnages.
·
C’est dommage qu’en
agissant ainsi les ministres aient perdu tout droit à la confiance publique et
ne se présentent plus à nous, quelles que soient les nuances politiques qui
nous séparent, comme les gardiens fidèles des droits primordiaux de tout
citoyen dans une société civilisée.
·
C’est dommage que
notre patriotisme soit de paroles et non d’action.
·
C’est dommage que les
citoyens s’abandonnent au lieu de réagir contre les pouvoirs publics qui
trahissent leur devoir.
·
C’est dommage que la
haute vertu de tolérance soit maintenant bannie de l’esprit français.
·
C’est dommage que les
beaux sentiments se cachent et que les mauvais se montrent.
Georges Clemenceau
--