Évangile de
Jésus-Christ selon saint Jean (20,1-9).
"Lisez cette œuvre et faites-la lire"
Jésus (Chapitre 38, Volume 10) à propos de
" L’évangile tel qu’il m’a été
révélé "
de Maria Valtorta.
L |
e premier jour de la
semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu'il fait
encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Le matin de
Pâques, Marie-Madeleine couru trouver Simon-Pierre et l'autre disciple, celui
que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son
tombeau, et nous ne savons pas où on l'a mis. » Pierre partit donc avec l'autre
disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensembles, mais
l'autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n'entre
pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau,
et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non
pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place. C'est alors qu'entra
l'autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il
crut. Jusque-là, en effet, les disciples n'avaient pas vu que, d'après
l'Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts.
Extrait de la Traduction
Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
Correspondance dans "l'Evangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta :
Tome 10, Ch 5, p 27 - CD 10, piste 8
-
Pendant ce temps les femmes,
qui sont sorties de la maison, cheminent en rasant les murs, ombres dans
l'ombre. Pendant quelque temps elles se taisent, toutes emmitouflées et rendues
craintives par tant de silence et de solitude. Puis, rassurées par le calme
absolu de la ville, elles se groupent et osent parler. “Les portes seront-elles
déjà ouvertes ?” demande Suzanne. “Certainement. Regarde le premier
jardinier qui entre avec ses légumes. Il va au marché” répond Salomé. “Ils ne
nous diront rien ?” demande encore Suzanne. “Qui ?” demande la
Magdeleine. “Les soldats, à la Porte Judiciaire. Par là… il y en a peu qui
entrent et encore moins qui sortent… Nous donnerons des soupçons…” “Et avec
cela ? Ils nous regarderont. Ils verront cinq femmes qui vont vers la
campagne. Nous pourrions être aussi des personnes qui, après avoir fait la
Pâque, vont vers leurs villages.” “Pourtant… pour ne pas attirer l'attention de
quelque malintentionné, pourquoi ne sortons-nous pas par une autre porte, en
faisant ensuite le tour en rasant les murs ?” “Nous allongerons la route.”
“Mais nous serons plus tranquilles. Prenons la Porte de l'Eau…” “Oh !
Salomé ! Si j'étais à ta place, je choisirais la Porte Orientale !
Plus long serait le tour que tu devrais faire ! Il faut faire vite et
revenir vite”. C'est la Magdeleine qui est si tranchante. “Alors une autre,
mais pas la Judiciaire. Sois gentille…” demandent-elles toutes. “C'est bien.
Alors, puisque vous le voulez, passons chez Jeanne. Elle a recommandé de le lui
faire savoir. Si nous y étions allées directement on pouvait s'en passer. Mais
puisque vous voulez faire un tour plus long passons chez elle…” “Oh ! oui.
À cause aussi des gardes qu'on a mis là… Elle est connue et on la craint…”
“Moi, je dirais de passer aussi chez Joseph d'Arimathie. C'est le propriétaire
de l'endroit.” Mais oui ! Faisons un cortège maintenant pour ne pas
attirer l'attention ! Oh ! quelle sœur craintive j'ai ! Ou
plutôt, sais-tu, Marthe ? Faisons ainsi. Moi, je vais en avant et je
regarde. Vous, vous venez derrière avec Jeanne. Je me mettrai au milieu du
chemin s'il y a du danger, et vous me verrez, et nous reviendrons en arrière.
Mais je vous assure que les gardes, devant ceci, j'y ai pensé (et elle montre
une bourse pleine de pièces de monnaie), nous laisserons tout faire.” “Nous le
dirons aussi à Jeanne, tu as raison.” “Alors, laissez-moi aller.” “Tu vas
seule, Marie ? Je viens avec toi” dit Marthe qui craint pour sa sœur.
“Non, tu vas avec Marie d'Alphée chez Jeanne. Salomé et Suzanne t'attendront
près de la porte, à l'extérieur des murs. Et puis vous viendrez par la route
principale toutes ensemble. Adieu.” Et Marie-Magdeleine coupe tout autre
commentaire possible en s'en allant rapidement avec son sac de baumes et son
argent dans son sein. Elle vole tant sa marche est rapide sur le chemin qui
devient plus gai avec le premier rose de l'aurore. Elle franchit la Porte
Judiciaire pour aller plus vite et personne ne l'arrête… Les autres la
regardent aller, puis tournent le dos à la bifurcation des routes où elles
étaient et en prennent une autre, étroite et sombre, qui s'ouvre ensuite, à proximité
du Sixte, sur une route plus large et dégagée où il y a de belles maisons.
Elles se séparent encore, Salomé et Suzanne continuent leur chemin pendant que
Marthe et Marie l'Alphée frappent à la porte ferrée et se montrent à
l'ouverture que le portier entrouvre. Elles entrent et vont trouver Jeanne qui,
déjà levée et entièrement vêtue de violet très foncé qui la rend encore plus
pâle, manipule aussi des huiles avec sa nourrice et une servante. “Vous êtes
venues ? Dieu vous en récompense. Mais si vous n'étiez pas venues, j'y
serais allée de moi-même… Pour trouver du réconfort… car beaucoup de choses
sont restées troublées depuis ce jour redoutable. Et pour ne pas me sentir
seule je dois aller contre cette Pierre et frapper et dire: "Maître, je
suis la pauvre Jeanne… Ne me laisse pas seule Toi aussi…"“ Jeanne pleure
doucement mais toute désolée pendant qu'Esther, sa nourrice, fait de grands
gestes incompréhensibles derrière sa maîtresse en lui mettant son manteau. “Je
pars, Esther.” “Que Dieu te réconforte !” Elles sortent du palais pour
rejoindre leurs compagnes. C'est à ce moment qu'arrive le bref et fort
tremblement de terre qui jette de nouveau dans la panique les habitants de
Jérusalem, encore terrorisés par les événements du Vendredi. Les trois femmes reviennent
sur leurs pas précipitamment et restent dans le large vestibule, au milieu des
servantes et des serviteurs qui crient et invoquent le Seigneur, et elles y
restent, craignant de nouvelles secousses… … La Magdeleine, de son côté, est
exactement à la limite de la ruelle qui conduit au jardin de Joseph d'Arimathie
quand la surprend le grondement puissant et pourtant harmonieux de ce signe
céleste alors que, dans la lumière à peine rosée de l'aurore qui s'avance dans
le ciel où encore à l'occident résiste une étoile tenace, et qui rend blond
l'air jusqu'alors vert clair, s'allume une grande lumière qui descend comme si
c'était un globe incandescent, splendide, qui coupe en zigzag l'air tranquille.
Marie de Magdala en est presque effleurée et renversée sur le sol. Elle se
penche un moment en murmurant: “Mon Seigneur !” et puis se redresse comme
une tige après le passage du vent et court encore plus rapidement vers le
jardin. Elle y entre rapidement comme un oiseau poursuivi et qui cherche son
nid du côté du tombeau taillé dans le roc. Mais bien qu'elle aille vite elle ne
peut être là quand le céleste météore fait office de levier et de flamme sur le
sceau de chaux mis pour renforcer la lourde pierre, ni quand avec le fracas
final la porte de pierre tombe en donnant une secousse qui s'unit à celle du
tremblement de terre qui, s'il est bref, est d'une violence telle qu'il
terrasse les gardes comme s'ils étaient morts. Marie, en arrivant, voit ces
inutiles geôliers du Triomphateur jetés sur le sol comme une gerbe d'épis
fauchés. Marie-Magdeleine ne rapproche pas le tremblement de terre de la
Résurrection. Mais, voyant ce spectacle, elle croit que c'est le châtiment de
Dieu sur les profanateurs du Tombeau de Jésus et elle tombe à genoux en disant:
“Hélas ! Ils l'ont enlevé !” Elle est vraiment désolée, et elle
pleure comme une fillette venue, sure de trouver son père qu'elle cherche, et
qui trouve au contraire la demeure vide. Puis elle se lève et s'en va en
courant trouver Pierre et Jean. Et comme elle ne pense qu'à prévenir les deux,
elle ne pense plus à aller à la rencontre de ses compagnes, à s'arrêter sur le
chemin, mais rapide comme une gazelle elle repasse par le chemin déjà fait,
franchit la Porte Judiciaire et vole sur les routes qui sont un peu animées, s'abat
contre le portail de la maison hospitalière et la bat et la secoue
furieusement. La maîtresse lui ouvre. “Où sont Jean et Pierre ?” demande
Marie-Magdeleine haletante. “Là” et la femme lui indique le Cénacle. Marie de
Magdala entre et dès qu'elle est à l'intérieur, devant les deux étonnés, elle
dit à voix basse par pitié pour la Mère et plus angoissée que si elle avait
crié: “Ils ont enlevé le Seigneur du Tombeau ! Qui sait où ils l'ont mis !”
et pour la première fois elle titube et vacille et pour ne pas tomber elle se
raccroche où elle peut. “Mais comment ? Que dis-tu ?” demandent les
deux. Et elle, haletante: “Je suis allée en avant… pour acheter les gardes…
afin qu'ils nous laissent faire. Eux sont là comme morts… Le Tombeau est
ouvert, la pierre par terre… Qui ? Qui a pu faire cela ? Oh !
venez ! Courons…” Pierre et Jean partent tout de suite. Marie les suit
pendant quelques pas, puis elle revient en arrière. Elle saisit la maîtresse de
la maison, la secoue avec violence dans son prévoyant amour et lui souffle au
visage: “Garde-toi bien de faire passer quelqu'un chez elle (et elle montre la
porte de la pièce de Marie). Rappelle-toi que c'est moi la maîtresse. Obéis et
tais-toi.” Puis elle la laisse épouvantée et elle rejoint les apôtres qui à
grands pas vont vers le Tombeau… … Suzanne et Salomé, pendant ce temps, après
avoir quitté leurs compagnes et rejoint les murs, sont surprises par le
tremblement de terre. Effrayées, elles se réfugient sous un arbre et restent
là, combattues entre le désir violent d'aller vers le Tombeau et celui de
courir chez Jeanne. Mais l'amour triomphe de la peur et elles vont vers le
Tombeau. Elles entrent encore effrayées dans le jardin et voient les gardes
évanouis… elles voient une grande lumière qui sort du Tombeau ouvert. Cela augmente
leur effroi et finit de se rendre complet quand, se tenant par la main pour
s'encourager mutuellement, elles se présentent sur le seuil et voient dans
l'obscurité de la chambre sépulcrale une créature lumineuse et très belle, qui
sourit doucement, et les salue de la place où elle est: appuyée à droite de la
pierre de l'onction dont la grisaille disparaît devant une si incandescente
splendeur. Elles tombent à genoux, étourdies de stupeur. Mais l'ange leur parle
doucement: “N'ayez pas peur de moi. Je suis l'ange de la divine Douleur. Je
suis venu pour me réjouir de la fin de celle-ci. Il n'est plus de douleur du
Christ, d'humiliation pour Lui dans la mort. Jésus de Nazareth, le Crucifié que
vous cherchez, est ressuscité. Il n'est plus ici ! Il est vide l'endroit
où vous l'avez déposé. Réjouissez-vous avec moi. Allez. Dites à Pierre et aux
disciples qu'il est ressuscité et qu'il vous précède en Galilée. Vous le verrez
encore là pour peu de temps, selon ce qu'il a dit.” Les femmes tombent le
visage contre terre et quand elles le lèvent elles s'enfuient comme si elles
étaient poursuivies par un châtiment. Elles sont terrorisées et murmurent:
“Nous allons mourir ! Nous avons vu l'ange du Seigneur !” Elles se
calment un peu en pleine campagne, et se concertent. Que, faire ? Si elles
disent ce qu'elles ont vu, on ne les croira pas. Si elles disent aussi de venir
de là, elles peuvent être accusées par les juifs d'avoir tué les gardes. Non.
Elles ne peuvent rien dire ni aux amis ni aux ennemis… Craintives, rendues muettes,
elles reviennent par un autre chemin à la maison. Elles entrent et se réfugient
dans le Cénacle. Elles ne demandent même pas de voir Marie… Et là, elles
pensent que ce qu'elles ont vu est une tromperie du Démon. Humbles comme elles
le sont, elles jugent “qu'il n'est pas possible qu'il leur ait été accordé de
voir le messager de Dieu. C'est Satan qui a voulu les effrayer pour les
éloigner de là.” Elles pleurent et prient comme des fillettes effrayées par un
cauchemar… … Le troisième groupe, celui de Jeanne, Marie d'Alphée et Marthe,
attendent. Elles sortent dans les rues où maintenant il y a des gens apeurés
qui commentent le nouveau tremblement de terre et le rattachent aux faits du
Vendredi et voient aussi des choses qui n'existent pas. “Il vaut mieux qu'ils
soient tous effrayés ! Peut-être les gardiens le seront aussi et ne feront
pas d'objection” dit Marie d'Alphée. Et elles vont rapidement vers les murs.
Mais pendant qu'elles y vont, Pierre et Jean, suivis de la Magdeleine, sont
déjà arrivés au jardin. Jean, plus rapide, arrive le premier au Tombeau. Les
gardes n'y sont plus et l'ange n'y est plus. Jean s'agenouille, craintif et
affligé, sur le seuil ouvert, pour vénérer et recueillir quelque indice des
choses qu'il voit. Mais il voit seulement entassés par terre les linges mis par
dessus le Linceul. “Il n'y est vraiment pas, Simon ! Marie a bien vu.
Viens, entre, regarde.” Pierre, tout essoufflé par la grande course qu'il a
faite, entre dans le Tombeau. Il avait dit en route: “Je ne vais pas oser
m'approcher de cet endroit.” Mais maintenant il ne pense qu'à découvrir où peut
être le Maître. Et il l'appelle aussi, comme s'il pouvait être caché dans
quelque coin obscur. L'obscurité, à cette heure matinale, est encore forte dans
le Tombeau auquel ne donne de la lumière que la petite ouverture de la porte
sur laquelle font de l'ombre Jean et la Magdeleine… Et Pierre a du mal à voir
et doit s'aider de ses mains pour se rendre compte… Il touche, en tremblant, la
table de l'onction et il voit qu'elle est vide… “Il n'y est pas, Jean ! Il
n'y est pas !… Oh ! Viens toi aussi ! J'ai tant pleuré que je
n'y vois presque pas avec ce peu de lumière.” Jean se relève et entre. Et
pendant qu'il le fait Pierre découvre le suaire placé dans un coin, bien plié
avec à l'intérieur le Linceul soigneusement roulé. “Ils l'ont vraiment enlevé.
Les gardes, ce n'était pas pour nous, mais pour faire cela… Et nous l'avons
laissé faire. En nous éloignant, nous l'avons permis…” “Oh ! où
l'auront-ils mis ?” “Pierre, Pierre ! Maintenant… c'est vraiment fini !”
Les deux disciples sortent anéantis. “Allons, femme. Tu le diras à la Mère…”
“Moi, je ne m'éloigne pas. Je reste ici… Quelqu'un viendra… Oh ! moi, je
ne viens pas… Ici il y a encore quelque chose de Lui. Elle avait raison, la
Mère… Respirer l'air où il a été c'est l'unique soulagement qui nous reste.”
“L'unique soulagement… Maintenant tu vois toi aussi que c'était une folie
d'espérer…” dit Pierre. Marie ne répond même pas. Elle s'affaisse sur le sol,
justement près de la porte, et elle pleure pendant que les autres s'en vont
lentement. Puis elle lève la tête et regarde à l'intérieur et, à travers ses
larmes, elle voit deux anges assis à la tête et aux pieds de la pierre de
l'onction. Elle est si abrutie, la pauvre Marie, dans sa plus ardente bataille
entre l'espérance qui meurt et la foi qui ne veut pas mourir, qu'elle les
regarde hébétée, sans même s'en étonner. Elle n'a plus que des larmes la
courageuse qui a résisté à tout en héroïne. “Pourquoi pleures-tu, femme ?”
demande un des deux enfants lumineux, car ils ont l'aspect de très beaux
adolescents. “Parce qu'ils ont emporté mon Seigneur et je ne sais où ils me
l'ont mis.” Marie n'a pas peur de leur parler, elle ne demande pas: “Qui êtes
vous ?” Rien. Rien ne l'étonne plus. Tout ce qui peut étonner une
créature, elle l'a déjà subi. Maintenant elle n'est plus qu'une chose brisée
qui pleure sans force ni retenue. L'enfant angélique regarde son compagnon et
sourit, et l'autre aussi. Et dans un éclair de joie angélique tous deux
regardent dehors, vers le jardin tout en fleurs avec les millions de fleurs qui
se sont ouvertes au premier soleil sur les pommiers touffus de la pommeraie.
Marie se tourne pour voir ce qu'ils regardent et elle voit un Homme très beau,
et je ne sais pas comment elle peut ne pas le reconnaître tout de suite. Un
Homme qui la regarde avec pitié et lui demande: “Femme, pourquoi pleures-tu ?
Qui cherches-tu ?” Il est vrai que c'est un Jésus assombri par sa pitié
envers une créature que trop d'émotions ont épuisée et qu'une joie imprévue pourrait
faire mourir, mais je me demande vraiment comment elle peut ne pas le
reconnaître. Et Marie, au milieu de ses sanglots: “Ils m'ont pris le Seigneur
Jésus ! J'étais venue pour l'embaumer en attendant qu'il ressuscite… J'ai
rassemblé tout mon courage et mon espérance, et ma foi, autour de mon amour… et
maintenant je ne le trouve plus… Et même j'ai mis mon amour autour de ma foi,
de mon espérance et de mon courage, pour les défendre des hommes… Mais tout est
inutile ! Les hommes ont enlevé mon Amour et avec Lui ils m'ont tout
enlevé… O mon seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis,
et moi je le prendrai… Je ne le dirai à personne… Ce sera un secret entre toi
et moi. Regarde: je suis la fille de Théophile, la sœur de Lazare, mais je reste
à genoux devant toi, pour te supplier comme une esclave. Veux-tu que je
t'achète son Corps ? Je le ferai. Combien veux-tu ? Je suis riche. Je
puis te donner autant d'or et de gemmes qu'il pèse. Mais rends-le-moi. Je ne te
dénoncerai pas. Veux-tu me frapper ? Fais-le. Jusqu'au sang si tu veux. Si
tu as de la haine pour Lui, fais-la-moi payer. Mais rends-le-moi. Oh ! ne
m'appauvris pas de cette misère, ô mon seigneur ! Pitié pour une pauvre
femme !… Pour moi, tu ne le veux pas ? Pour sa Mère, alors. Dis-moi !
Dis-moi où est mon Seigneur Jésus. Je suis forte. Je le prendrai dans mes bras
et je le porterai comme un enfant dans un lieu sûr. Seigneur… seigneur… tu le
vois… depuis trois jours nous sommes frappés par la colère de Dieu à cause de
ce qu'on a fait au Fils de Dieu… N'ajoute pas la Profanation au Crime…” “Marie !”
Jésus rayonne en l'appelant. Il se dévoile dans sa splendeur triomphante.
“Rabboni !” Le cri de Marie est vraiment “le grand cri” qui ferme le cycle
de la mort. Avec le premier, les ténèbres de la haine enveloppèrent la Victime
des bandes funèbres, avec le second les lumières de l'amour accrurent sa
splendeur. Et Marie se lève au cri qui emplit le jardin, court aux pieds de
Jésus, et voudrait les baiser. Jésus l'écarte en la touchant à peine au front
avec l'extrémité des doigts: “Ne me touche pas ! Je ne suis pas encore
monté vers mon Père avec ce vêtement. Va trouver mes frères et amis et dis-leur
que je monte vers mon Père et le vôtre, vers mon Dieu et le vôtre. Et ensuite
je viendrai vers eux.” Et Jésus disparaît, absorbé par une lumière
insoutenable. Marie baise le sol où il se trouvait et court vers la maison.
Elle entre comme une fusée car le portail est entrouvert pour livrer passage au
maître qui sort pour aller à la fontaine ; elle ouvre la porte de la pièce
de Marie et elle s'abandonne sur son cœur en criant: “Il est ressuscité !
Il est ressuscité !” et elle pleure, bienheureuse. Et pendant qu'accourent
Pierre et Jean, et que du Cénacle s'avancent Salomé et Suzanne apeurées et
qu'elles écoutent son récit, voilà qu'entrent aussi par la rue Marie d'Alphée
avec Marthe et Jeanne qui toutes essoufflées disent que “elles y sont allées
elles aussi et qu'elles ont vu deux anges qui se disaient le gardien de
l'Homme-Dieu et l'ange de sa Douleur et qu'ils ont donné l'ordre de dire aux
disciples qu'il était ressuscité.” Et comme Pierre secoue la tête, elles
insistent en disant: “Oui. Ils ont dit: "Pourquoi cherchez-vous le Vivant
parmi les morts ? Il n'est pas ici. Il est ressuscité comme il le disait
quand il était encore en Galilée. Ne vous le rappelez-vous pas ? Il
disait: 'Le Fils de l'homme doit être livré aux mains des pécheurs et être
crucifié, mais le troisième il ressuscitera' ".” Pierre secoue la tête en
disant: “Trop de choses ces jours-ci ! Vous en êtes restées troublées.” La
Magdeleine relève la tête du sein de Marie et elle dit: “Je l'ai vu, je lui ai
parlé. Il m'a dit qu'il monte vers le Père et qu'il vient ensuite. Comme il
était beau !” et elle pleure comme elle n'a jamais pleuré, maintenant
qu'elle n'a plus à se torturer elle-même pour s'opposer au doute qui surgit de
tous côtés. Mais Pierre et Jean aussi restent très hésitants. Ils se regardent
mais leurs yeux se disent: “Imaginations de femmes !” Suzanne aussi et
Salomé osent alors parler, mais l'inévitable différence dans les détails des
gardes qui d'abord sont là comme morts et ensuite ne sont plus là, des anges
qui tantôt sont un et tantôt deux et qui ne se sont pas montrés aux apôtres,
des deux versions sur la venue de Jésus ici et sur le fait qu'il précède les
siens en Galilée, fait que le doute et, même, la persuasion des apôtres
augmente de plus en plus. Marie, la Mère bienheureuse, se tait en soutenant la
Magdeleine… Je ne comprends pas le mystère de ce silence maternel. Marie
d'Alphée dit à Salomé: “Retournons-y toutes les deux. Voyons si nous sommes
toutes ivres…” Et elles courent dehors. Les autres restent, paisiblement
ridiculisées par les deux apôtres, près de Marie qui se tait, absorbée dans une
pensée que chacun interprète à sa façon et sans que personne comprenne que
c'est de l'extase. Les deux femmes âgées reviennent: “C'est vrai ! C'est
vrai ! Nous l'avons vu. Il nous a dit près du jardin de Barnabé:
"Paix à vous. Ne craignez pas. Allez dire à mes frères que je suis
ressuscité et qu'ils aillent d'ici quelques jours en Galilée. Là nous serons
encore ensemble". C'est ainsi qu'il a parlé. Marie a raison. Il faut le
dire à ceux de Béthanie, à Joseph, à Nicodème, aux disciples les plus fidèles,
aux bergers, aller, agir, agir… Oh ! il est ressuscité !…” Elles
pleurent toutes bienheureuses. “Vous êtes folles, femmes. La douleur vous a
troublées. La lumière vous a semblé un ange. Le vent, une voix. Le soleil, le
Christ. Je ne vous critique pas, je vous comprends mais je ne puis croire qu'à
ce que j'ai vu: le Tombeau ouvert et vide et les gardes partis avec le Cadavre
volatilisé.” “Mais si les gardes eux-mêmes disent qu'il est ressuscité !
Si la ville est en émoi et si les Princes des Prêtres sont fous de colère parce
que les gardes ont parlé dans leur fuite éperdue ! Maintenant ils veulent
qu'ils disent autre chose et les paient pour cela. Mais déjà on le sait, et si
les juifs ne croient pas à la Résurrection, ne veulent pas croire, beaucoup
d'autres croient…” “Hum ! Les femmes !…” Pierre hausse les épaules et
il va s'en aller. Alors la Mère, qui a toujours sur son cœur la Magdeleine qui
pleure comme un saule sous une averse à cause de sa trop grande joie et qui
baise ses cheveux blonds, lève son visage transfiguré et dit une courte phrase:
“Il est réellement ressuscité. Je l'ai eu dans mes bras et j'ai baisé ses
plaies.” Et puis elle se penche sur les cheveux de la passionnée et elle dit:
“Oui, la joie est encore plus forte que la douleur. Mais ce n'est qu'un grain
de sable de ce que sera ton océan de joie éternelle. Heureuse es-tu d'avoir par
dessus la raison fait parler ton esprit.” Pierre n'ose plus nier… et avec un de
ces passages du Pierre d'autrefois, qui maintenant revient affleurer, dit et
crie comme si c'était des autres et non pas de lui que dépendait le retard:
“Mais alors, s'il en est ainsi, il faut le faire savoir aux autres, à ceux qui
sont dispersés dans les campagnes… chercher… agir… Allons, remuez-vous. S'il
devait vraiment venir… qu'il nous trouve au moins” et il ne s'aperçoit pas
qu'il reconnaît encore qu'il ne croit pas aveuglément à sa Résurrection.
Extrait de la Traduction
de “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” de Maria Valtorta.
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