La secrétaire d'État à la Jeunesse,
Jeannette Bougrab, le 18 octobre 2011 à Paris ALEXANDER
Une ministre française d'origine arabe
affirme samedi qu'il n'existe pas d'« islamisme
modéré » et que des lois fondées sur la charia, la loi coranique, sont « nécessairement une restriction
des droits et libertés ». La secrétaire d'Etat à la Jeunesse Jeannette Bougrab réagissait dans un entretien au journal Le
Parisien aux succès électoraux des islamistes au Maroc, en
Tunisie et en Egypte. Elle est
elle-même d'origine algérienne, fille de harki, le nom donné aux supplétifs
algériens de l'armée française pendant la guerre d'indépendance. « C'est très inquiétant »,
a-t-elle déclaré. « Je ne connais pas d'islamisme modéré ». « Il
n'y a pas de charia light. Je suis juriste et on peut faire toutes les
interprétations théologiques, littérales ou fondamentales que l'on veut, mais le droit fondé sur la charia est
nécessairement une restriction des libertés, notamment de la liberté de
conscience », a-t-elle ajouté.
Interrogée sur le fait de savoir si le
discours de la diplomatie française devrait être plus ferme face aux islamistes
portés au pouvoir par les urnes, elle répond : « je ne suis pas
ministre des Affaires étrangères. Je
réagis en tant que citoyenne, en tant que femme française d'origine arabe ».
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé prône un dialogue avec les partis
islamistes modérés, comme Ennahda en Tunisie ou
le Parti Justice et Développement (PJD) au Maroc,
à condition qu'ils ne franchissent pas certaines « lignes rouges »,
que sont le respect des élections, l'Etat de droit, les droits de l'homme et de
la femme.
Les présidents tunisien et égyptien « Ben
Ali ou Moubarak avaient agité le chiffon rouge des islamistes pour obtenir le
soutien des pays occidentaux », poursuit Jeannette Bougrab.
« Mais il ne faudrait pas tomber dans l'excès inverse. Moi, je ne soutiendrai jamais un parti
islamiste. Jamais. Au nom des femmes qui sont mortes, de toutes celles qui
ont été tuées, notamment en Algérie ou en Iran,
par exemple, parce qu'elles ne portaient pas le voile ».
Jeannette Bougrab
s'insurge aussi contre les Tunisiens de France qui ont voté à environ 30% pour Ennahda aux élections d'octobre. « Je trouve choquant que ceux qui ont les droits et les libertés
ici aient donné leur voix à un parti religieux », déclare-t-elle. « Je
pense à ceux qui, dans leur pays, ont été arrêtés, torturés pour défendre leurs
convictions. On leur a en quelque sorte
volé la révolution », affirme-t-elle.
Jeannette Bougrab
--