LIBRES PROPOS
de Gilbert
Collard (avocat)
Marine Le Pen donnée par un sondage en
tête au premier tour de la présidentielle, je crains le pire pour le révérend
père président de la République, Nicolas Sarkozy du Chardonnet. Va-t-on le
filmer, errant sur les lieux de mémoire vêtu d’une soutane noire ? Va-t-il
transformer le Fouquet’s en lieu de pèlerinage pour people repentis ?
Va-t-il remplacer le marathon de New York par le marathon de Saint-Jacques de
Compostelle ? Ce petit jeu cache une vraie trouille qui est une peur
politique des conséquences de la maltraitance identitaire française depuis des
années. Depuis vingt ans, peut-être plus, une certaine honte de la
France a été cultivée, reléguant à une forme de racisme simplificateur toute
revendication de dignité nationale, d’expression d’une histoire millénaire, de
souhait secret d’être un peu respecté.
S’il n’y avait Marine Le Pen qui ose exprimer haut et fort le non-dit d’une
France exaspérée d’être ignorée, croyez-vous qu’on s’intéresserait tout à coup à
un peuple qui cherche à retrouver enfin une adresse à la poste restante de
l’histoire, du mondialisme et d’une Europe déracinée ? Un peuple qui aime
son pays, ses paysages, ses traditions, sa Patrie, même s’il n’ose encore le
dire par peur du rire, qui, d’où qu’il vienne, s’est fondu par le temps qui
passe dans la Nation.
Un peuple qui cherche à faire respecter son héritage judéo-chrétien. Oserait-on,
aujourd'hui, évoquer « la France des racines », dont jusqu’alors on
se foutait, s’il n’y avait en sourdine un besoin de ressourcement
reconstructeur.
La difficulté pour l’actuel pontife présidentiel, c’est qu’il ne suffit pas
de visiter une cathédrale médiévale au Puy-en-Velay, de s’improviser le notaire
d’un « magnifique héritage » chrétien, pour être crédible dans cette
posture.
Trop de crachats impunis ont depuis des années souillé d’humiliations notre
histoire ; trop d’atteintes à notre identité de tous les jours comme de
tous les temps historiques nous ont été infligées : l’hymne hué, sifflé,
le drapeau transformé en torche-cul, notre langue estropiée, abandonnée, notre
passé toujours en procès, notre diplomatie démonétisée, notre culture
judéo-chrétienne et notre amour des autres tournés en dérision, transformés en
économie frauduleuse. Tout ce mal, sans qu’on lève le petit doigt politique,
associatif, judiciaire pour essuyer l’affront.
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’il faille que le président devienne
potentiellement candidat pour découvrir qu’il existe en France des Français qui
aiment la France et ses racines sans être racistes, xénophobes, ou même
franchouiardement con ! Si l’identité, comme on
dit, faute de mieux, avait été honorée comme il se doit, dans le respect
réciproque des autres et par les autres, serait-il nécessaire d’en faire un
débat, d’en parler, d’en discuter ? L’ouverture de cette discussion est
révélatrice d’une souffrance française : le mal du pays !
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