Islamabad : un ministre chrétien assassiné

Publié le 02.03.2011, 12h22 | Mise à jour : 13h31 | AFP / Aamir Qureshi

 

Multan (Pakistan). Des chrétiens crient leur colère après l'assassinat d'un ministre catholique qui s'opposait à la loi imposant la peine de mort en cas de blasphème contre l'islam.

Défenseur de la minorité chrétienne, le ministre pakistanais des Minorités religieuses a été assassiné en plein jour, mercredi à Islamabad. Trois ou quatre hommes à bord d'une voiture ont ouvert le feu sur le véhicule de Shahbaz Bhatti dans un quartier chic de la capitale. Les assaillants ont réussi à prendre la fuite.

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Transporté à l'hôpital le plus proche, « il était mort à son arrivée », assure le Dr Azmatullah Qureshi, porte-parole de l'établissement. Sa voiture a été criblée d'au moins 25 balles d'armes automatiques, selon le chef de la police d'Islamabad, Wajid Durrani. Shahbaz Bhatti avait demandé à son escorte habituelle de l'attendre à son bureau plutôt que de venir le chercher chez sa mère, chez qui il se rendait fréquemment sans gardes du corps. Catholique, il militait pour la suppression de la peine de mort en cas de blasphème, une loi très controversée au Pakistan.

Le Vatican a condamné un « acte de violence inqualifiable », estimant que les chrétiens pakistanais sont « frappés par la haine ».

Le meurtrier du gouverneur du Pendjab est vu en héros

Ce meurtre survient deux mois après l'assassinat d'un gouverneur qui s'opposait lui aussi à la loi sur le blasphème. Le 4 janvier, devant un complexe commercial du centre d'Islamabad, Salman Taseer, gouverneur du Penjab, la province la plus peuplée, avait été criblé de balles par un policier du commando d'élite chargé de sa protection. L'assassin avait invoqué le fait que Salman Taseer défendait Asia Bibi, une chrétienne condamnée à mort pour avoir « insulté » le prophète Mahomet.

Shahbaz Bhatti, 42 ans, défendait lui aussi un amendement à la loi sur le blasphème présenté par certains parlementaires et dénonçait les violences et intimidations envers la minorité chrétienne. « Je suis la première cible maintenant », avait-il déclaré à l'AFP après l'assassinat du gouverneur Taseer.

Depuis deux mois, le policier meurtrier est vu comme un « héros » par une grande partie de la population de la République Islamique du Pakistan. Les manifestations contre toute modification de la loi se multiplient. Plusieurs imams et dirigeants de mouvements fondamentalistes réaffirment que l'islam récompense ceux qui tueront des apostats ou ceux qui défendent ces derniers.

Depuis 1986 que la loi prévoit la peine de mort pour blasphème, celle-ci n'a jamais été appliquée. Mais des dizaines de personnes accusées d'avoir profané l'islam et le Coran - chrétiens, musulmans et hindous - ont été tuées, soit en prison par des policiers ou des gardiens, soit dans la rue une fois relâchées. Les chrétiens représentent moins de 2% des quelques 170 millions de Pakistanais. Majoritairement pauvres, ils sont cibles de vexations et de persécutions fréquentes.

 

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