« Printemps
arabe », disent-ils…
Milliere Guy - mardi 07 juin 2011
Parmi tous
les discours ineptes qu’on a pu entendre lors du récent G8 à Deauville, le plus
grotesque a été celui concernant le printemps arabe.
Les
dirigeants politiques réunis voient donc un printemps ? Ils doivent
abuser d’euphorisants pour parvenir à de telles conclusions.
Je l’ai
déjà écrit : en Tunisie, il y a eu un coup d’État mené par l’armée,
avec l’aval des États-Unis et de divers dirigeants européens. En Égypte, il y a
eu un coup d’État, également mené par l’armée. Des élections auront lieu en
Tunisie en octobre : elles se traduiront vraisemblablement par une poussée
du parti islamiste En-nadha. Les élections en Égypte auront lieu en
septembre, mais, dès aujourd’hui, on voit les Frères musulmans venir s’emparer
des leviers de contrôle du pays, avec l’assentiment des militaires. Un
printemps, tout cela ?
L’économie
tunisienne est sinistrée et l’économie égyptienne est dans un naufrage tel que
des professeurs d’université – qui ne reçoivent plus leur salaire – se proposent
de faire le guide pour les rares touristes en échange de quelques dollars. Le
printemps ?
Entre la
Tunisie et l’Égypte, on trouve la Libye où une équipée militaire menée
n’importe comment, sous le prétexte mensonger de protéger des
« civils », provoque un cataclysme humanitaire et cherche à chasser
un dictateur, le colonel Kadhafi, pour le remplacer par une sorte de junte où
se mêlent officiers déserteurs, islamistes et membres d’al Qaïda. Le
printemps ?
Au Sud de
l’Arabie, il y a le Yémen où un autre dictateur est en train de perdre le
pouvoir au profit d’islamistes. Au Liban, le Hezbollah est en position
d‘hégémonie sur le pays, et prête main-forte à la dictature de Bachar al Assad,
en Syrie, pour massacrer une population qui ne semble pas bénéficier des mêmes
faveurs que les Libyens et ne pas pouvoir bénéficier de la protection des
civils.
En fait de
printemps, on trouve une poussée islamiste très forte, un
remplacement de dictatures par d’autres dictatures, des signes de chaos et
d’effondrement prometteurs de famines et de désagrégation de sociétés entières.
L’argent promis au G8 au nom du « printemps » sera vite englouti et
gaspillé inutilement au service de gens détestant le monde occidental. Les
sommes ainsi données ressemblent à un tribut versé par des politiciens qui
tremblent de peur à des groupes dont ils savent que ce sont des ennemis, mais
dont ils espèrent un peu de mansuétude. Les ennemis n’accorderont, bien sûr,
aucune mansuétude.
Ce qui
pourra sauver le monde occidental, ce ne sera pas le tribut versé, mais le
chaos et l’effondrement dont on n’ose pas parler. Ce chaos et cet
effondrement en sont à leur commencement, tout l’indique.
Le
printemps, c’est la saison des jeunes pousses et des arbres en fleurs :
ce qui vient dans le monde arabe, c’est la désertification, la stérilisation,
l’inverse du printemps. Les pays de la région qui ont une chance d’éviter le
désastre sont les monarchies du Golfe arabo-persique qui se regroupent autour
de l’Arabie saoudite et que rejoignent la Jordanie et le Maroc : et tous
ces pays cherchent à s’immuniser contre un « printemps » dans lequel
ils voient, plutôt, des hordes barbares.
Un autre
pays de la région évitera le désastre : Israël, dont l’économie est la
seule à être prospère dans la région, et dont l’armée est supérieure en moyens
et en technologies. Outre le tribut versé au nom du « printemps »,
les pays du G8, à l’honorable exception du, se sont évertués à jeter Israël aux
chiens…
C’est la
preuve d’une intelligence remarquable de la part des dirigeants du G8 de
traiter comme un bouc émissaire le seul pays de la région qui ait un avenir
prometteur.
On peut
gager que, lorsque de prochaines émeutes auront lieu dans le monde arabe, les
mêmes dirigeants se réuniront et diront que l’odeur qui se dégage d’immeubles
et de camions en flamme est très printanière et mérite quelques milliards de
plus.
Pas un mot
ne sera dit, bien sûr, concernant le sort des Juifs de Tunisie. Pas un mot ne
sera dit des Coptes d’Égypte ou des autres Chrétiens qu’à la
faveur du « printemps », on persécute plus que jamais dans tout le
monde arabe. Ne parlez pas de Juifs ou de Chrétiens aux dirigeants du G8 :
ils veulent tellement être certains que c’est le « printemps »…
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