LA RIGUEUR … POUR LES AUTRES
LUNDI 29 AOUT 2011
Les faits
sont clairs. Après beaucoup de va et vient, le gouvernement Sarkozy-Fillon a
abattu les cartes. Cela ne se passe pas sans minauderies, le mot rigueur étant
encore tabou alors qu'il s'agit bien de rigueur. En résumé, le projet se
traduit par un ouragan d'impôts. Saluons, au passage, les gros mensonges :
la presse qualifie d'économies ce qui n'est que des impôts comme le rabotage
des niches fiscales. Autre mensonge : les mesures ne casseraient pas la
croissance ; c'est faux car tout impôt quel qu'il soit nuit à la
croissance.
Rappelons-en
quelques-uns, bien que la presse soit inondée de l'énumération.
-Taxation
des complémentaires santé ; à l'intérieur de cette pure agression
vis-à-vis des malades, se trouve un piège supplémentaire : les contrats
jugés « non responsables » seront frappés davantage, la définition
d'un contrat responsable étant parfaitement embrouillée et ridicule.
- Hausse
des prélèvements sociaux sur les revenus du capital, intégration des heures
supplémentaires dans le calcul des allégements de charges, relèvement du
forfait social qui frappe déjà abusivement les employeurs versant à leurs
employés la participation salariale, augmentation de l'impôt sur les sociétés
pour les grandes entreprises.
- Hausse
des prix du tabac et taxe « obésité » sur les boissons sucrées, fin
des exonérations sur les plus-values immobilières au-delà de 15 ans, taxe
sur les très gros revenus.
Nous
arrêtons là l'énumération qui confirme que le pouvoir depuis 2007 s'est engagé
dans une fiscalité galopante se traduisant en particulier par une inventivité
permanente avec la création de nouveaux impôts, car il en a déjà imaginé
beaucoup avant ces plus récents.
DES
EXPLICATIONS QUI NE SONT PAS DES EXCUSES
Momentanément,
une apparence de rigueur peut être payante sur le plan électoral, notamment
sous les gros yeux de la « sondagerie », nouvelle forme de
traficotage de la prétendue démocratie. C'est une première explication.
S'ajoute la
panique devant les agences de notation ; cette panique est telle qu'à
Bruxelles certains ont proposé sans rire de leur imposer une réglementation.
Quelle étrange idée ! Jouer les Cassandre n'est pas de tout repos avec le
risque bien connu de générer le malheur que l'on veut précisément éviter. Ces
agences sont d'ailleurs d'une gentillesse fort suspecte ; elles viennent
de noter AAA la sécurité sociale française, sous le prétexte que l'État
français la garantissait en fait ! La non gestion de ce monstre qu'est la
« sécu », source inépuisable de ruine pour le peuple français, est
ainsi sacralisée !
Autre
erreur : pour réduire les déficits, objectif louable en soi, il faudrait
se contenter de taper sur le contribuable et de prendre l'argent où il est,
d'où la taxation sur les hauts revenus et les entreprises. Parallèlement et
principalement, se trouve comme à l'habitude le refus de tailler vigoureusement
dans les dépenses.
LES « FROMAGES »
DES POLITIQUES SONT ÉPARGNÉS
Un dernier
aspect parfaitement essentiel se trouve, à savoir la volonté absolue de ne pas
toucher aux avantages extravagants des camarades politiciens : la rigueur,
oui, mais pour les autres.
Il y a, en
France, un élu pour 100 habitants ce qui nous met au tout premier rang parmi
les grands États. Cette surcharge en nombre est accrue d'une façon dramatique
par la voracité de ce personnel politique. Ce nombre et cette voracité réunis
expliquent en grande partie la panne de croissance et la paupérisation du pays,
avec tous les problèmes en découlant, comme l'écroulement des retraites, le
chômage, la désindustrialisation, le désastre du logement, etc.
Cette « République
Fromagère (R.F.) » dépasse largement le problème des élus ; par
exemple, il y a un certain nombre d'anciens premiers ministres en circulation ;
le statut de ces personnages est absolument princier et ils ne sont pas les
seuls ; que dire des innombrables camarades logés bien au chaud dans des
fonctions inutiles et innombrables ? N'oublions pas une pratique courante,
à savoir le droit absolu d'un ministre débarqué à obtenir sa vie durant un
autre fromage de la R.F à la hauteur de ses ambitions et créé parfois ex nihilo ;
ce droit s'étend aux membres des cabinets quand ils sont licenciés dans la
foulée.
En
préservant absolument le fromage des camarades et en tapant sur le peuple, le
pouvoir a perdu définitivement le peu de crédibilité qui lui restait.
Il aurait
pu, au moins, se rattraper sur ce plan de cette crédibilité non seulement en
arrêtant le flot des dépenses, mais en les réduisant radicalement. Il n'en
n'est rien. En témoigne l'annonce récente de 230 mesures (sic) pour
adapter la France au réchauffement. L'explication officielle de ce déluge se
réfère à la chimère du réchauffement climatique, nouvelle religion d'État. Ce
flot impétueux de mesures déclenchera dans toute l'économie l'effet de ruine
habituel.
Le flot de
dépenses s'écoule également par le réveil abusif de l'Union pour la
Méditerranée, autre chimère ; n'oublions pas les guerres multiples menées
d'ailleurs sans les procédures normales pour une déclaration d'une guerre.
Également, à signaler les efforts continus pour une gouvernance économique de
l'Europe qui alourdira dramatiquement l'économie française.
Dans le
rappel de tous ces faits, il ne faut jamais oublier les effets pervers du
déluge des lois, qui, en lui-même, est une autre cause majeure et permanente de
la paupérisation du pays. Ce que la presse baptise pudiquement du nom de
détricotage en désignant l'annulation de lois antérieures, est une illustration
de ce phénomène avec toutes les incertitudes en résultant.
VERS UNE
NOUVELLE DÉGRADATION DE L'ÉCONOMIE
Le résultat
de toute cette rigueur parfaitement abusive qui s'abat sur le peuple français
ne peut être que la poursuite de la dégradation de l'économie.
Les
économistes connaissent bien la seule méthode qui pourrait sortir le pays de
l'ornière. Outre la destruction de l'enrichissement personnel fantastique des
prédateurs publics, il faut libérer la création de richesse par les entreprises
seules capables de créer cette richesse.
Le problème
est que la classe politique tout entière est renfermée dans une bulle
idéologique et financière. La bulle idéologique est la croyance erronée que
l'État peut créer de la richesse. La bulle financière est le formidable confort
financier qui en résulte pour cette classe politique.
Si le
« noyau dirigeant » du gouvernement et de la prétendue opposition
comprenait tout cela, ce serait la rigueur pour les politiques et la prospérité
pour tous.
Au moment
même où le plan est enfin officialisé, la réalité le rattrape sans tarder. 87%
des Français toutes tendances confondues pensent qu'il faut tailler dans les
dépenses. Les marchés réagissent brutalement montrant le fossé croissant entre
la classe politique et les autres. Le chômage se rappelle cruellement au
souvenir du pouvoir, les jeunes étant particulièrement frappés.
Le
« noyau dirigeant » ferait bien de regarder ce qui se passe au Sud,
quand les peuples se réveillent brusquement, fatigués d'être à la fois bernés
et pillés par une camarilla réduite.
Michel de Poncins
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