LA MINUTE DE VÉRITÉ DE LA "SECONDE INTERCALAIRE"
Un
calcul de l’heure ne tiendra plus compte du cycle des jours et des nuits. C’est
la décision que pourraient prendre des scientifiques réunis à Genève, en
Suisse, du 16 au 20 janvier.
C’est
une mesure pour laquelle Daniel Gambès réclame que
l’on prenne le temps de la « réflexion ».
Le
directeur du Service de rotation de la Terre, de l’Observatoire de Paris ne
compte pas parmi les partisans du projet qui sera soumis, entre le 16 et le 20
janvier, à l’approbation de l’Assemblée des radiocommunications de Genève.
Celui-ci vise à supprimer la « seconde intercalaire » qui permet de
régler les horloges du monde entier sur le temps nécessaire à la Terre pour
faire un tour complet sur elle-même. En effet, de nos jours, notre planète
effectue cette rotation en 24 heures. Mais cela n’a pas toujours été le
cas. Il y a 400 maillons d’années, une journée terrestre comptait par
exemple 22 heures. Cette tendance au rallongement de la durée des jours se
poursuit. Conséquence : un décalage apparaît progressivement entre ce
temps naturel et le temps artificiel des 400 horloges atomiques du monde
ou « temps UTC » (Temps Universel Coordonné). Il sert, depuis 1972,
de référence sur l’ensemble du globe.
34 secondes depuis 1972
« La
vitesse de rotation de la Terre diminue en raison de l’attraction de la Lune et
du Soleil, explique Daniel Gambès. Ce qui augmente
petit à petit la durée réelle des journées ». D’où la décision de la
communauté scientifique d’ajouter, de manière épisodique, une seconde dans le
but de recaler le temps UTC sur celui de la nature. 34 secondes ont ainsi été
décrétées depuis 1972, et une 35ème le sera le 30 juin. Or, annonce Daniel
Gambès, cet usage est aujourd’hui menacé. Des pays
comme la France et les États-Unis proposent de s’en débarrasser, au motif qu’il
ferait peut-être courir un risque de dysfonctionnement aux outils de navigation
par satellites et aux services informatiques servant aux transactions
financières. Avec des dommages économiques potentiellement importants. Ce que
contestent le Royaume-Uni et le Chine, des pays attachés, pour des raisons
politiques et philosophiques, à une relation entre l’heure et la nature.
Et
le chercheur d’expliquer, que son service n’étant pas représenté au sein de
l’Assemblée des radiocommunications, il ne pourra pas influencer le vote.
« Son résultat est imprévisible car 195 États y participent, alors
que l’on connaît la position que de 15 d’entre eux. Pour ma part, je pense que
la seconde intercalaire est un bon compromis. Si elle est supprimée, la
différence entre l’heure UTC et l’heure astronomique va augmenter. Elle
atteindra la minute à la fin du siècle et l’heure au bout de 600 ans. Or,
un jour, il faudra bien remettre les horloges à l’heure. Et que se passera-t-il ?
Imaginez qu’il faille demander à toute la population d’avancer en même temps
les pendules d’une heure. Ce serait la catastrophe ! »
Nota
On
comprend maintenant que les ordinateurs ne répondraient plus aux grands
financiers.
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