Mercredi, François Fillon s’est lâché dans la presse british
Le Daily Telegraph en
frémit encore de plaisir. Pensez donc, les journalistes anglais auraient mis la main sur un
véritable homme de droite français ! Une espèce officiellement éteinte
depuis les années 1970 selon les spécialistes. Pourtant, l’« Homo fillonus » existe
bel et bien. Même si son sourcil préhistorique pourrait nous en faire douter,
le spécimen est visiblement doué de parole et de raison comme vous et moi. Et
quand il l’ouvre, ça vaut le déplacement. On se souvient qu’il n’y a pas si
longtemps, il demandait à ses électeurs de choisir « le moins
sectaire » entre le FN et le PS, si le candidat de droite était absent au
second tour d’un scrutin. La phrase avait fait du bruit. On se disait alors que
Fillon avait franchi une étape, brisé un tabou psychologique. Ce n’était donc
pas qu’un coup de sang.
Les propos qu’il a tenus cette semaine à la presse d’outre-Manche
confirment que l’homme veut se payer une belle cure de droitisation : avec
son hommage appuyé à Thatcher – véritable Antéchrist du gauchiste moyen –,
l’ex-« chef » du gouvernement ne fait pas dans le détail. Copé out,
Sarko rejetant la ligne Buisson, la droite musclée
est à prendre, si Marine Le Pen lui laisse des miettes.
"Premier de la classe", Fillon hume l’air du temps avec délice,
du haut de son donjon moral : « Je sens une vraie révolte, un
désir de liberté, moins d’intervention de l’État dans l’économie et dans la vie
privée. » Puis, il ose le constat affreusement incorrect : « Les
médias français sont, à une majorité écrasante, de gauche. »
Audacieuse théorie, non ? Moi qui pensais que Ruquier
était un gaulliste orthodoxe et que Yann Barthès
lisait Valeurs actuelles !
La métamorphose devient fascinante lorsqu’il prononce cette phrase
presque exhumée d’un discours des années 30 : « Nos universités
sont des foyers de marxisme. » On imagine la stupéfaction chez le bobo
intello découvrant l’impensable saillie dans son Libé préféré. Comment
ce cher notable, propre sur lui, comment cet homme lige de la droite sans c…
pardon, républicaine, peut-il s’abaisser à une telle déclaration digne d’un
Pinochet ? Quoi, nos brillantes universités seraient gangrenées par des
troupes de crasseux antifas abonnés à la première
année ? Quoi, un syndicat gauchiste déphasé comme l’UNEF y ferait la
loi ? Quoi, une majorité de profs y défendraient les thèses chères à l’Anti-France ? Quoi, des étudiants passeraient leur vie
à se rêver bolcheviks et sans papiers ?
Fillon rêve d’une révolution thatchérienne...
Si un jour ce type accède « aux responsabilités », moi, je vous
le dis, on va voir ce qu’on va voir !
Catholique, il se dit. Et quand on l'interroge sur sa présence à l'église,
il se targue de répondre : une ou deux fois l'an, à Noël et à Pâques. On
ne peut moins faire !!!
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