18 juin 2010 - 18
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Si l'amendement des députés
bretons est adopté en séance plénière par les députés, le 30 juin
prochain, tout projet de création ou d'extension de porcherie jusqu'à 2.000
places de cochons (5.000 porcs par an) serait dispensé d'étude d'impact.
Le seuil d'autorisation pour les
porcheries serait relevé de 450 à 2.000 places. Une catastrophe, estime Eau et
Rivières, sur le plan environnemental et de la cohésion sociale. Cet amendement
de députés bretons, dont Marc Le Fur (Côtes-d'Armor), a été adopté mercredi par
la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale.
« Incohérent »
Si cette mesure était entérinée en
séance plénière par les députés, le 30 juin, tout projet de création ou
d'extension de porcherie jusqu'à 2.000 places de cochons (5.000 porcs par an)
serait dispensé d'étude d'impact. Il échapperait à toute enquête publique, avis
des conseils municipaux et examen par le conseil départemental d'hygiène. Les
deux tiers des projets ne seraient plus soumis à ces procédures, en Bretagne,
contre 30% aujourd'hui. « Alors que l'investissement public n'a jamais été
aussi important (120M€ pour le plan algues vertes) et que la France est sous la
menace de sanctions de l'Europe pour la qualité de ses eaux, ce genre de mesure
illustre la difficulté à mettre en œuvre des politiques cohérentes »,
affirme le président d'Eau et Rivières, Gilles Huet. Le risque serait aussi,
selon le délégué général d'Eau et Rivières d'exacerber les oppositions et les
résistances, « au moment où, dans les territoires, on est amené à bâtir
des projets collectifs pour la reconquête de la qualité de l'eau ».
L'association suspend sa participation à toutes instances consultatives et saisit
les parlementaires pour leur demander de revenir sur cet amendement. D'autre
part, mardi, au comité de suivi du Grenelle des risques industriels, elle va « dire
à la ministre de l'Environnement l'incrédulité des citoyens et de responsables,
y compris de l'administration, face à cet amendement qui crée plus de problèmes
qu'il n'en résout ».
« Simplification »
Selon Jean-Pierre Le Bihan, vice-président de la chambre d'agriculture des
Côtes-d'Armor, « il ne s'agit que d'une simplification administrative
permettant de réduire de moitié les délais d'instruction. C'est aussi un
alignement sur les autres pays européens. Mais les règles environnementales
restent ». « Cet amendement maintient les bonnes conditions
écologiques de production agricole et nous donne une meilleure compétitivité
économique », assure Marc Le Fur.
Le boycott des associations
De la source à la mer, Côtes-d'Armor Nature Environnement et Eau et Rivières ne comptaient pas participer à la réunion du comité de suivi du Plan de lutte contre les marées vertes aujourd'hui, car elles « ne supportent plus l'incohérence des décisions de l'État ». Elles estiment que l'absence d'opposition du gouvernement à l'amendement Le Fur visant à faire reculer la législation applicable aux élevages industriels n'est pas acceptable : « Au moment même où les contribuables vont devoir supporter les coûts exponentiels provoqués par les marées vertes et où les élus locaux doivent fermer les plages au public, cette remise en cause vient perpétuer la politique de l'autruche que critiquait pourtant la secrétaire d'État à l'Environnement, Chantal Jouanno (*), l'été dernier. Cet amendement permettra de concentrer encore plus les cheptels animaux, notamment en amont des baies envahies par les algues vertes... Cela est d'autant plus choquant et incompréhensible que ce vote fait immédiatement suite à celui du Grenelle II ! Nos associations ne sauraient cautionner ce mauvais coup porté à la prévention des pollutions et servir d'alibi au plan d'action de lutte contre les marées vertes qui ne pourra, dans ces conditions, atteindre les objectifs fixés. Ce recul risque de démobiliser tous ceux qui avaient cru que le problème des nitrates et des algues vertes était devenu une priorité pour la Bretagne ». La Confédération paysanne Bretagne a également annoncé qu'elle ne viendrait pas.
* Qui viendra, en compagnie du ministre de l'Agriculture, le lundi 19 juillet, au Smictom de Launay-Lantic, sur le site de la plate-forme de traitement des algues vertes.
Le Télégramme de Brest 6 juillet 2010 : 4 Réactions
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